Chapitre 5

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     L'angoisse ne m'a pas quittée depuis avant-hier soir, et tous mes sens sont aux aguets dès que je mets un seul pied dehors, je n'ai pas reçu de message depuis presque deux jours et j'ai presque envie d'en envoyer un moi-même pour savoir d'où vient ce soudain silence radio.
    J'ai tenté par tous les moyens de retrouver l'auteur de ces messages mais rien n'a fonctionné, son numéro est quasi intraçable et même quand j'ai réussi à avoir une localisation celle-ci était fausse.
    Je n'ai pas vraiment bien dormi ces deux dernières nuits et la fatigue commence à peser sur mon corps. Je n'arrive plus à rester concentrée sur mon environnement. Il pourrait très bien être là, juste derrière un bâtiment ou un arbre.
    Ses derniers mots tournent en boucle dans ma tête «  ton pire cauchemar » en tout cas, sur ce point il a tort, mon pire cauchemar a déjà un nom : Phillipo.
    Je ne devrais pas autant me prendre la tête pour si peu... On dirait une de ces filles fragiles dans un thriller nul. Je dois me reprendre.
    J'entre dans mon endroit favori, la bibliothèque, et même si je sais que mon geste restera sans réponse, je salue madame Morrinson, la bibliothécaire puis vais m'asseoir tout au fond, près de la rubrique des faits divers.
     Je dépose mes affaires sur ma table habituelle et entre dans le rayon, je remarque tout de suite un nouvel ouvrage et m'en saisit. C'est un vieux livre tout abîmé qui ressemble plus à un carnet qu'à autre chose en réalité. Il n'a même pas de titre.
    Je prends quelques autres bouquins au passage pour réviser mes cours et me mets au travail, cependant, je n'arrive pas à me plonger dans ma lecture, le carnet posé sur le coin de ma table me fait de l'œil.
     J'ai des examens bientôt et j'ai terriblement besoin de réviser et de mémoriser un tas d'informations, mais dans cet état là, je ne retiendrai rien. Je fais donc une pause et ouvre enfin ce livre à la couverture noire.
     Un frisson de d'effroi me parcourt le corps en voyant mon nom écrit au feutre sur la première page, suivi d'un petit mot. « Bonne lecture, signé ton pire cauchemar .»
    Comment savait-il que je serai là ? Et comment pouvait-il être sûr que c'est moi qui prendrai ce livre en première ? À moins qu'il ne connaisse mon emploi du temps !
    Pleine de rage mais pas moins apeurée, je fourre d'une main ferme toutes mes affaires dans mon sac et hésite à garder ce vieux carnet mais finalement, je le prend avec moi. Si mon stalker veut me faire passer un message, je ferai mieux de le déchiffrer. En revanche, ça devra attendre que je vérifie les soupçons qui viennent de naître en moi. Pour qui il se prend-t-il ?
    S'il a vraiment eu accès à mon emploi du temps alors je pourrais le pister à mon tour.
J'entre d'un pas déterminé dans le bureau des élèves et fonce droit sur la secrétaire, elle raccroche son appel en me voyant.

-Que puis-je faire pour toi ?

-Quelqu'un est passé vous demander mon emploi du temps ?

     Elle réfléchit quelques secondes en posant son doigt ridé sur ses lèvres comme si ça allait l'aider à se rappeler plus vite.

-Oui, il y a environ deux semaines.

    La colère pulse dans mes veines, j'ai envie d'étriper cette vieille femme qui devrait être à la retraite depuis une paire d'années déjà.

-C'était qui !?

    La mamie fronce les sourcils puis prend un air sévère qui ne m'impressionne pas le moins du monde.

-Je vais te demander de changer de ton avec moi, jeune fille.

-Dites moi qui c'était et peut-être que je serais plus aimable avec vous.

     Elle s'offusque mais je n'en ai rien à faire, je m'avance vers son bureau et la menace du regard, elle frémit. S'il y a bien une chose qui me plaît en tant que fille d'un tueur en série renommé c'est bien ça, impressionner les gens par ma simple présence ou bien juste en me mettant en colère.

La marque de fer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant