L'académie des coeurs - Tome 2.

Chapitre 6 : La prophétie du coeur noir.

Alors que nous nous trouvions face à la directrice, j'étais tétanisée. Mes compagnons, quant à eux, s'étaient installés sur les fauteuils perpendiculaires à son bureau, mais moi, j'étais restée debout, incapable de bouger. Tous me regardaient, se demandant ce qui pouvait bien m'arriver, cependant, je n'arrivais pas à me décider à m'asseoir sur le dernier siège libre. La peur envahissait mon corps, ce sentiment était présent à l'idée de savoir ce qui allait se passer, de comprendre ce qui allait arriver au monde magique, au cœur blanc. Il y avait aussi cette anxiété de recommencer un parcours qui nous avait tous brisés de bien des manières. Tant d'émotions me paralysaient à cet instant. J'avais mis de côté la gamine intrépide et têtue que j'avais pu être jadis pour me concentrer sur ce cliché d'une mère affolée, d'un chef perdu et d'une femme en train de se noyer.

— Je t'en prie, Mia, assieds-toi, susurra la voix douce et ferme de la grande dame derrière son pupitre.

Mes yeux se connectaient aux siens et je pouvais voir que ses pupilles émeraude m'encourageaient à devenir plus brave. J'ai hésité encore quelques secondes avant de finalement m'installer à mon tour.

— J'imagine que vous n'êtes pas là pour prendre le thé, jeunes gens, alors si vous me disiez ce qui vous amène, poursuivit-elle, toujours très calme.

J'allais prendre la parole, mais H me devança.

— Je suppose que vous avez entendu parler du côté sud qui est en train de disparaître ? Des résidents qui se sont évaporés ? Et du brouillard qui continue d'habiter leurs plaines ? débita le brun avec un soupçon d'inquiétude dans la voix.

— En effet, répondit Mme Twinki en portant sa tasse de thé chaude jusqu'à ses lèvres rosées.

— Alors, vous savez pourquoi nous sommes là, affirmais-je finalement, un peu brusque.

Elle nous regarda quelques minutes sans dire un mot, sirotant son breuvage comme si nous n'étions pas là, comme si elle était perdue dans ses pensées.

— Je ne connais pas les raisons d'un tel cauchemar. J'ai envoyé une patrouille travaillant à mes côtés à l'ordre des cinq... malheureusement, la plupart ont disparu après être rentrés sur les terres du sud. Quant à ceux qui restent, ils n'ont trouvé aucune information susceptible de nous aider à comprendre, expliqua-t-elle, perdue.

— Il n'existe aucune prophétie ? Rien qui pourrait nous mettre sur la voie ? Je veux dire, entre ça et le fait que tous les enfants naissants n'ont aucun pouvoir et notre fils qui est dans un état de transe incompréhensible, je n'y comprends rien, articulais-je difficilement.

Alors que Connor serrait ma main pour m'aider à garder toute cette tristesse à l'intérieur, H levait les yeux au ciel, agacé. La directrice écarquilla les yeux après ma dernière phrase.

— Que venez-vous de dire, Miss Queen ? demanda-t-elle, autoritaire.

— J'ai dis ... continuai-je.

— Chut ! Laissez-moi réfléchir, poursuivit-elle, se levant de sa chaise et pensive.

Elle faisait les cent pas dans le bureau, se triturant le cerveau. Nous pouvions presque apercevoir de la fumée s'en échapper tellement elle était plongée dans ses pensées.

— Toi, Connor, va immédiatement à la bibliothèque et trouve-moi le livre de la prophétie du cœur noir, maintenant ! hurla-t-elle.

Il se leva précipitamment et se mit à courir dans les couloirs après avoir ouvert la porte en direction de la bibliothèque. Après quelques secondes d'incompréhension la plus totale, il refit surface avec le livre demandé par la directrice. Elle tournait les pages à toute vitesse, avant de s'arrêter sur l'une d'elles.