Chapitre 10 : L'appel de mère nature.

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"Les temps les plus sombres demandent de croire en la magie." - J.K. Rowling

Peut-être Lola avait-elle raison ? Peut-être devions-nous prendre quelques instants et parler calmement, comme des adultes.

Je souhaitais faire les choses correctement, ne pas trop la brusquer. Elle avait l'air si déboussolée, mais je n'arrivais pas à m'enlever de la tête que le temps pressait. Mon enfant était seul, suspendu dans les airs, et il ne pouvait rien faire.

Alors que j'allais lui demander de se dépêcher un peu, elle se mit à trembler. Des spasmes impressionnants que nous n'arrivions pas à calmer malgré nos efforts. Elle gesticulait énormément, ses yeux étaient retournés et sa respiration saccadée. Puis, après quelques secondes qui m'avaient semblé interminables, elle revint doucement à elle.

- Est-ce que tu vas bien ?, demandai-je, sur mes gardes.

- Oui, souffla-t-elle, exténuée.

Elle me fixa ensuite un moment.

- Elle était là, encore. Elle a un message pour toi, Mia. Mais... je ne sais pas, je n'arrive pas à comprendre, il y a cet autre voix aussi... elle prend beaucoup de place, continua la jeune femme face à moi.

- Qui ? demanda Connor, impatient.

Elle ne répondit cependant pas, elle restait immobile, les yeux fixés sur le sol désormais.

- Tu parles de Mère Nature, c'est ça ?, questionnai-je, gentiment.

J'avais besoin de réponses et la pression n'avait l'air de lui faire aucun effet. J'essayai donc de continuer avec délicatesse. H était quant à lui debout près de nous, les bras croisés, attendant de voir si ce que Nora allait dire en vaudrait la peine. Le blondinet qui nous accompagnait se trouvait la tête dans les mains sur un canapé décousu. Il avait l'air tout autant perdu que nous l'étions tous.

Lola se rapprocha doucement de moi, déposant avec délicatesse sa main sur mon épaule comme pour m'apporter du soutien.

Alors que je lui souris avec tendresse, des centaines de petits bruits me ramenèrent à la réalité. Il s'agissait de Charlie qui fouillait les placards de la pièce, curieuse.

- Beh quoi ? Autant en profiter, non ? Ne vous inquiétez pas pour moi, continuez vos affaires, répliqua-t-elle, un sourire narquois sur le visage.

Je détournai rapidement le regard de nouveau vers Nora. Je ne savais pas quoi faire pour qu'elle accepte de me parler. Je me mis alors à genoux face à elle, la suppliant de me dire quelque chose. N'importe quoi, j'avais besoin de comprendre.

- J'entends plusieurs choses, des mots : mort, trouve, élément. Je suis désolée, il y a quelque chose qui m'empêche de les entendre correctement, expliqua Nora doucement.

- Qu'est-ce que ça veut dire, putain ? , s'enquit H avec rage.

Je lui lançai un petit regard de compassion et repris.

- Pourquoi elle ne vient pas à moi directement ?

Elle fit une grimace.

- Je ne sais pas, je n'arrive pas à tout entendre. Il y a ce garçon, il me crie dessus, continua-t-elle, agacée par ses cris.

Quelque chose ne tournait pas rond. Mère Nature ne venait pas à moi, mon fils était coincé dans une bulle magique, un garçon brouillait la connexion avec notre déesse, et maintenant, j'étais plus que perdue. Il y avait aussi les mots qu'elle avait dits, la mort. J'espérais que rien n'avait à voir avec mes amis ou mon fils. Trouver, oui, mais quoi ? Et voulait-elle que je trouve les éléments ? Mais comment ? Je les sentais pourtant toujours près de moi, je n'avais pas besoin de les trouver, ils étaient déjà là.

- Par Mère Nature, qui est Lola ? s'écria Nora, déconcertée.

Nous étions tous surpris par ce que venait de dire la propriétaire de la chaumière, mais la rouquine, elle, l'était encore plus. Elle se rapprocha légèrement de Nora, les sourcils froncés par le questionnement.

- Il y a quelqu'un d'autre, un jeune homme, il crie ton nom. Il insiste, il est assez agaçant. Il dit qu'il ne t'oublie pas, rajouta-t-elle.

Dans un soupir brisé par la douleur, Lola se retrouva sur le sol, la main sur la poitrine et le cœur battant la chamade.

- Théo, dit-elle, difficilement.

- Oui, c'est ça, il dit qu'il est désolé, qu'il t'aime et que le temps est compté.

Nous étions désormais plus que déconcertés par la situation. Le temps lui était compté ? Que voulait-il dire par là ?

- Il dit que tu dois te rappeler. Rappelle-toi le jour de votre premier baiser et l'histoire. Il dit que c'est la clé.

- Dites-lui...

Lola commença sa phrase, mais la jeune femme au teint blafard la stoppa.

- Il est parti, dit-elle, simplement.

Lola se mit à pleurer. Nous étions tous touchés par tout ça, nous avions beaucoup plus de questions que de réponses.

- Mais enfin, expliquez-vous mieux. On ne comprend rien à toutes vos devinettes et vos charabias vaudous. Nous, on est là pour avoir des réponses, répliqua Charlie, exaspérée par la situation.

- Ça suffit, sortez tous maintenant ! Hurla Nora dans un cri aigu.

Son cri était si fort, si puissant qu'il nous éjecta de la chaumière. Charlie tenta d'y entrer de nouveau, mais impossible. Elle nous bloquait l'accès avec une puissance incroyable. Nous ne comprenions pas ce qui venait de se passer. Nous n'avions rien fait de plus que ce que nous faisons pour la mettre tant en colère. Malgré l'énervement que je pouvais ressentir face à son attitude, j'étais peinée de voir à quel point être ce pont entre les âmes avait l'air difficile et douloureux pour elle. J'aurais voulu l'aider. Trouver un moyen d'atténuer ses maux.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Personnellement, je n'ai rien compris à tout ça. Et puis pourquoi elle voudrait que Théo et Lola se rappellent leur premier baiser ? Pourquoi ce serait la clé ? questionna H, déconcerté.

- Parce que ce jour-là, alors qu'on s'embrassait pour la première fois dans la bibliothèque de l'académie, nous étions en train de lire un livre. Un livre qui parlait d'une puissance magique qui contrôle nos pouvoirs. Il existe une histoire qui dit qu'avant que nos pouvoirs soient répartis en fonction de nos cœurs et de nos couleurs, la magie n'était que bonne ou mauvaise, que lumière ou ténèbres contrôlées par deux personnes qui étaient leurs essences : Harry Light et James Dark, expliqua la rouquine, pensivement.

- Je ne comprends pas en quoi ceci est la clé, rajouta Connor, légèrement ennuyé.

- Dans l'histoire, il est dit qu'ils ont la possibilité de posséder un corps tous les 100 ans et donc de se réincarner pour assister à une vie de magie et continuer à la faire exister. Mais apparemment, James veut plus que ça, il veut revenir d'entre les morts de façon permanente et rendre la magie noire comme magie dominante de ce monde, raconta Lola, inquiète.

Que cela signifiait-il vraiment ? Mon fils était-il possédé ? Et par qui ? La lumière ou les ténèbres ? N'avait-il donc aucun choix ?

- Écoutez, tout ça, c'est vraiment un bordel sans nom. Franchement, je pense qu'on devrait rentrer. On verra bien ce qu'on fera une fois à l'académie, lança Charlie.

- Oui, elle a raison, rétorqua à son tour Connor.

Nous acquiesçâmes tous d'un hochement positif de la tête.

- La nuit va bientôt tomber, trouvons d'abord un endroit où dormir et demain à l'aube, nous rebrousserons chemin vers l'académie, dit H, sûr de lui.



Hello tout le monde, voici le chapitre 10, qu'en pensez-vous? Pour vous, que va-t-il se passer ensuite ?

Des bisous,

V.K. Blake

L'académie des coeurs - Tome 2.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant