Les mots obstruaient sa gorge, les souvenirs embrouillaient son esprit, la culpabilité serrait son cœur. Les yeux rougis et le visage décomposé par la tristesse, il planta son regard dans celui de Mariana, pur et brillant. Empathique, elle posa une main hésitante sur son épaule. Elle le sentit se raidir un peu sous sa paume et, d'une légère pression des doigts, lui transmit son soutien. Elle l'avait cerné en une fraction de seconde, elle l'avait compris en un regard, elle l'avait deviné à travers ses paroles méprisantes. Il lâcha un soupir et, orgueilleux, releva la tête.
-Ca te dirait qu'on aille faire un tour ? demanda-t-il.
Mariana sourit avant d'acquiescer. Il la jaugea quelques secondes avant de passer devant elle. Elle lui emboîta le pas et, en silence, ils se dirigèrent vers les portes automatiques. L'air était tiède. Le soleil réchauffait la ville de sa douce lumière, la brise de fin d'été caressait docilement leurs cheveux sombres. Mains dans les poches et sourcils froncés, il marchait, se torturait l'esprit, réfléchissait au sens de son acte et à ce qu'il pourrait lui dire. Yeux figés sur le sol poussiéreux et lèvres pincées, elle tentait de calmer les battements affolés de son cœur, se questionnait sur les intentions de Louis, se maudissait d'être venue mais félicitait son audace.
Les rues grouillaient de monde, la chaussée était engorgée par les voitures. Mariana fixait le dos de Louis, de temps à autre sa bouche s'ouvrait sur un silence ou libérait un discret soupir. Ils passèrent devant un marchand ambulant. Louis alla leur acheter des boissons chaudes. Café pour lui, chocolat pour elle. Ils marchèrent encore, zigzagant entre les passants, respirant la pollution, accélérant le pas. Ils atteignirent le square situé à quelques rues de l'hôpital.
Louis s'installa sur un banc, Mariana prit place à ses côtés. La fontaine d'eau douce capta un instant leurs regards, apaisa leur angoisse. Louis but une gorgée de son café, Mariana le détailla avec insistance. Il se tourna vers elle, croisa son regard. Mariana n'y lut que tristesse et fatigue. Louis ressentait le besoin de se confier, le besoin de se montrer honnête envers elle qui était si sincère et si entière. Il repensa au mariage, revit son beau visage balafré de larmes, entendit la cruelle mélodie de ses pleurs, se remémora le sentiment de culpabilité qui déferla dans son corps. Il devait tout lui avouer. Maintenant. Pour elle. Pour lui. Pour Harry.
-C'est moi qui ait fichu votre mariage en l'air, confia-t-il. J'ai tout fait pour que Harry ne t'épouse pas, je me suis montré odieux et vulgaire avec toi, je te détestais vraiment. Si Harry n'est pas venu ce jour là, c'est uniquement de ma faute. Je sais qu'il est un peu tard pour te l'avouer et que rien ne justifie mon comportement mais je l'aimais et je ne le voulais que pour moi.
Décontenancée, Mariana le fixa longuement sans rien dire, analysant ses propos, contrôlant les émotions qui l'envahissaient. Cette confession ne la surprenait pas vraiment. La possessivité, l'attention, la protection dont il faisait preuve à l'égard de Harry l'avait chamboulée plus d'une fois. La colère resta silencieuse. Seul le soulagement traversa son corps comme une vague. Le soulagement de connaître enfin la raison pour laquelle Harry l'avait abandonnée à l'autel ce jour là.
-Alors... toi et Harry vous êtes... ensemble ? balbutia-t-elle.
De par son silence, Louis répondit à la question. Mariana n'insista pas.
-Je... j'aurais dû... je n'aurais jamais dû bousiller votre mariage, continua-t-il. Jamais. Harry aurait dû rester avec toi, tu l'aurais rendu heureux et il ne serait pas dans le coma à l'heure qu'il est. Le seul responsable c'est moi. Tu n'as rien fait, Mariana.
Sa voix vacillait, ses yeux se noyaient de larmes. À bout de forces, il enfouit le visage entre ses mains, essayant de contenir l'émotion qui l'assénait, essayant de rester fort, comme un homme se devait de l'être. Il tressaillit lorsque la main de Mariana frôla son épaule. Avec une tendresse qu'il jugeait imméritée, elle lui frotta le dos, comme une mère l'aurait fait pour son enfant. Un geste maternel, un geste protecteur pour lui dire que tout irait bien. Les doigts de la jeune femme remontèrent jusqu'à son épaule et, avec une certaine hésitation, il posa une main sur la sienne. Mariana ne put réprimer le sourire qui la gagnait.
-Tu sais, Harry t'admirait, souffla-t-elle. Tu occupais ses pensées constamment. Même quand il était avec moi, c'était toi qu'il avait en tête.
Louis releva les yeux pour les ancrer dans ceux de Mariana, attendant la suite de cette confession inattendue.
-Il me parlait toujours de toi, reprit-elle d'une voix douce. Louis a fait ci, Louis a dit ça, moi aussi un jour je ferai comme Louis, Louis pense que ceci ou cela. Ses yeux se remplissaient d'étoiles à chaque fois qu'il mentionnait ton nom... et...
Sa phrase se termina en un long soupir.
-Ça a toujours été toi, Louis. Ça n'a toujours été que toi, même avant qu'il n'en prenne conscience.
Ces quelques mots l'achevèrent. Sa bouche s'ouvrit mais il fut incapable d'émettre le moindre son. Son menton tremblait légèrement, tout comme ses mains. Une larme brûlante roula sur sa joue. Il céda, ne pouvant se retenir plus longtemps. Les larmes déferlèrent sans retenue, emportant avec elles ses peines et ses craintes. Mariana serra les dents, résistant à sa propre tristesse, désirant rester digne de cet homme brisé, souhaitant lui donner un peu de sa force. Elle se pencha et le serra contre son cœur. Avec douceur, elle caressa ses cheveux bruns et décoiffés par le vent, ferma les yeux, écouta le cri désespéré poussé par ses sanglots.
-Je veux qu'on me le rende, Mariana ! Je veux juste qu'on me le rende ! J'aurais tellement voulu me faire tirer dessus à sa place !
-Arrête, tu n'aurais rien pu faire d'autre, Louis. Il va se réveiller, Louis. Il va se réveiller.
Ils restèrent l'un contre de l'autre durant de longues minutes, chacun trouvant en l'autre la force qui lui faisait défaut, la force de croire encore en Harry. Entre eux venait de se former un lien impérissable. Il ne leur fallut que quelques échanges de paroles pour se comprendre, il ne leur fallut qu'un regard pour balayer les regrets du passé, il ne leur fallut qu'un sourire pour devenir amis. L'amour qu'ils ressentaient pour Harry serait la force qui les maintiendrait debout, la foi qui attiserait leur espoir, la flamme qui ferait briller leurs yeux. Louis n'était plus seul. Elle était là. Et soudainement, il se sentit plus fort, plus résistant, plus optimiste. Il leva les yeux vers elle et parvint à lui sourire. Un sourire terne, un sourire tremblotant, mais un sourire quand même.
-Oui, chuchota-t-il, il se réveillera.
-Et tu sais pourquoi ? demanda-t-elle d'une voix malicieuse.
-Non.
-Parce que si tu restes dans ce monde-là, il ne peut en rejoindre un autre. Ca a toujours été toi, Louis. Et ce sera toujours toi. Crois en ça, crois en lui. Il y a des choses qu'on ne peut expliquer, des choses que la science ne comprendra jamais, des choses que les mots ne peuvent décrire. Tu es là. Harry reviendra toujours vers toi. Ne le sens-tu pas au fond de toi, Louis ?
Le cœur de Louis suspendit ses battements. Il ne put répondre, se contenta de sourire, sourire auquel elle répondit avec cette sincérité qui lui était propre. Elle l'étreignit plus fortement. Blottis l'un contre l'autre au milieu d'une douleur similaire, ils regardaient la vie défiler sous leurs yeux. L'espoir venait de renaître en eux après une longue absence. Leurs silences confiaient les sentiments que leurs bouches s'efforçaient de taire.
Ils restèrent dans cette position de longues minutes, voire quelques heures, avant que Louis ne se décide à se lever. Il lui tendit une main. Elle l'attrapa. Ensemble, ils gagnèrent l'hôpital, traversèrent les couloirs au parfum médicamenteux, pénétrèrent dans la chambre de Harry où elle l'écouta lire la suite de l'histoire à « la Belle au bois dormant » comme il aimait le surnommer.
« Car l'éclat de quelques heures de bonheur suffisent parfois à rendre tolérables les désillusions et les saloperies que la vie ne manque pas de nous envoyer. »*
A suivre...
Hello !! Alors que pensez vous de ce chapitre ? La conversation entre Mariana et Louis vous surprend t-elle ? Dites moi tout en commentaire et on se voit bientot pour la suite.
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L'homme de sa vie (Fanfiction Larry)
FanfictionLe jour où son meilleur ami, Harry Styles, lui annonce son mariage, Louis Tomlinson tombe des nues. Les sentiments qu'il avait dissimulés refont brutalement surface et Louis tentera tout pour conquérir Harry. Y parviendra-t-il ? GROS DISCLAIMER !! ...