chapitre treize

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STERENN SOUFFLE en éteignant sa télévision

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STERENN SOUFFLE en éteignant sa télévision. Hurle dans son coussin en entendant malgré tout les exclamations de tout le public monégasque célébrant la victoire de leur petit prodige au visage d'ange et au comportement démoniaque quand les caméras sont coupées.

Dans ce genre de situation, Sterenn apprécie le silence. Qu'elle ne parvient pas à obtenir tant Monaco est en ébullition, pour la première victoire de Charles Leclerc à domicile après des années et des années de malchance, casses, ou mauvaises stratégies. Une part d'elle a envie de le féliciter, mais elle ne fait qu'observer Elio sur le balcon en train de hurler, sûrement pour le tour d'honneur de fin de grand prix.

— Sterenn, t'aurais pu venir célébrer ! déclare le blond en rentrant dans l'appartement.

— C'est vrai Sterenn, je croyais que tu allais jouer le jeu aussi, rajoute sa mère en revenant de la cuisine.

— Je ne le connais pas bien vous savez.

Sterenn est de retour dans la principauté pour quelques jours de repos. Malgré son année terminée, elle continue de se donner à fond pour ses révisions mais parfois, il y a un trop plein qui t'oblige à arrêter durant un temps. Comme ses parents ont pris des jours de congé, elle en a profité pour leur rendre visite puisqu'ils ne se voient pas énormément.

À l'occasion du grand prix annuel rassemblant tous les monégasques et les populations aisées, ils ont regardé la course ensemble, puis Elio s'est rajouté à la dernière minute en arrivant avec une immense banderole qu'il a accrochée au balcon de l'appartement des parents de Sterenn.

Pour son plus grand malheur d'ailleurs, mais elle s'est retenue maintes et maintes fois de faire part de son agacement. La honte est un sentiment qui la prend aux tripes et jamais elle n'assumera avoir été celle avec qui le pilote a trompé sa copine. Elle préfère garder le silence, voire même disparaître, tout serait tellement plus simple, moins lourd à porter.

— Arrête être aigrie, rit Elio en lui balançant un coussin à la figure, qu'elle réceptionne afin de répliquer.

— Les enfants vous allez repayer tout ce que vous cassez en faisant les idiots.

— Pardon madame.

— La prochaine fois que tu m'appelles madame tu ne reviens plus ici Elio, gronde la mère de Sterenn qui en profite pour se moquer de son ami.

Elle connaît Elio depuis quatre ans et pourtant elle a l'impression que ça fait tellement plus. Peut-être est-ce parce qu'elle n'a eu qu'à se concentrer sur une seule amitié depuis tout ce temps.

— Qu'est-ce que vous faites ce soir ? demande alors Natalie, la mère de la jeune femme.

— Rien du-

— On va au Jimmy'z fêter la victoire du grand Charles évidemment ! Et tu viens avec moi Sterenn, c'est non négociable.

— Maman, sauve-moi.

— Tu te débrouilles. Elio, tant que tu me ramènes ma fille toute entière, ça me convient. Tu as réussi tout ce que tu as entrepris cette année Sterenn, profite et souffle un peu.

— Natalie a raison, c'est pourquoi nous sortons ce soir, Elio sautille sur place, excité à cette idée puisque la bretonne ne sort pas énormément.

Sterenn a une haine grandissant en elle. Aucune envie de fêter la victoire d'un homme qui a joué avec ses sentiments en si peu de temps. D'ailleurs, elle se déteste de ne pas oublier ses baisers doux et légers.

Pleins de frivolité.

Si seulement elle pouvait broyer ses pensées pour ne plus penser à ces futilités.

Sterenn veut duper ses songes, dévoués au goût mensonger de ses lèvres, qui la rongent.

Sterenn prend finalement cette fatalité comme une aubaine. Avec un peu de chance, lui non plus n'a guère oublié ces baisers échangés durant le mois dernier. Le faire jalouser serait une divine idée.

Qu'est-ce que Sterenn a à perdre, à part sa dignité ? Lui seul est au courant de ce qu'il s'est passé. C'est pourquoi la jeune femme est soudainement pressée.

— Elio, tu viens m'aider à choisir une robe ? demande-t-elle innocemment.

— Et puis quoi encore, tu vas défiler devant mes yeux ? Désolée mais je ne veux pas de toi.

— Sterenn, il est dix-sept heures, interrompt sa mère.

Et l'angoisse monte. Son anxiété également, elle cherche ses médicaments qui ne lui ont pas servi depuis quelques temps pour son plus grand bonheur mais aujourd'hui, tout est différent. Les résultats de ses examens. Sterenn se connecte sur le site et Elio à ses côtés ne tient plus en place. Le jeune homme perçoit ses résultats avant la bretonne ; il obtient son année sur le fil, comme depuis le début de ses études.

Sterenn se mord les joues jusqu'au sang en regardant le site planter plusieurs fois avant d'y arriver. Sa mère sourit avec fierté. Elle a eu son année. Avec plus de seize dans toutes les matières. Une larme de joie perle sur sa joue livide. Des années de sacrifice pour un résultat pareil. Sterenn termine ses études de la plus belle des manières avant cette année de stage qui s'annoncera riche en émotions. Un poids se libère dans sa cage thoracique. Elle a l'impression de prendre une inspiration revigorante, roborative pour la première fois depuis dix ans.

Elle prend dans ses bras sa mère qui la félicite, puis son ami, avant de prendre sa main en disant ces mots :

— On a une robe à choisir pour fêter ce combat enfin terminé.

Elle le traîne jusque dans son dressing et il la suit, à contrecœur. Lui qui déteste devoir servir de conseiller, le voici servi. Un cri de désespoir retentit dans la pièce quand la jeune femme sort cinq robes, indécise comme elle est. Elio prend ça pour de la torture, et Sterenn, elle, a ce sourire en coin qui ne la quitte plus depuis que cette magnifique idée est parvenue à son esprit.

Elio soupire en s'essayant sur le fauteuil prenant place en face de la salle de bain. Telle une professionnelle, Sterenn prend ses aises et se met à défiler devant son ami qui rit du ridicule de la situation. Elio met fin au calvaire au bout de la troisième robe, qu'il décide de choisir contre toute attente.

Rouge sang.

Et Sterenn sourit plus encore.

Assouvir son plan tel un ange déchu, Sterenn ne se reconnaît plus.

— Tu vas m'expliquer pourquoi... tout ça ?

— Disons que je rattrape toutes ces années perdues, déclare la bretonne avec un sourire jusqu'aux oreilles.

— Mais où est passée la Sterenn de PASS qui ne sortait que pour acheter à manger, donc survivre ?

— Morte et enterrée ce jour-même. J'ai cette impression d'être libérée de toute contrainte imposée par moi-même, Elio tu ne peux pas savoir à quel point je suis soulagée et heureuse.

— Je suis content de t'entendre dire ça ! Après n'oublie pas, profiter ne veut pas dire forcément aller fricoter avec toutes les personnes que tu croises, ou boire, faire n'importe quoi...

— Je sais, mais j'ai envie, dit-elle, consciente qu'effectivement, profiter ne veut pas dire embrasser n'importe qui.

Mais aujourd'hui, au diable ces autres profits. Ce qu'elle souhaite par dessus tout cette nuit, c'est que n'importe qui rencontre l'ivresse de ses iris.

Sterenn prend les rênes. 

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helloooo j'espère que vous allez bien, que vous avez aimé ce chapitre et que vous avez passé une bonne semaine ! à partir de dimanche, tout s'accélère ;)

-alcools

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