chapitre trente-cinq

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LA SAISON 2024 DE Formule un a débuté depuis pratiquemment trois semaines

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LA SAISON 2024 DE Formule un a débuté depuis pratiquemment trois semaines. Après avoir enchaîné deux grands prix au Moyen-Orient, Charles est content d'avoir pu rejoindre le Sud de la France afin de retrouver sa famille. Malgré le fait qu'il élise toujours domicile à Nice, dans le petit vingt-cinq mètres carrés de Sterenn, il arpente énormément les quartiers de la principauté avec ses amis et sa famille. Tout simplement, il ne met plus les pieds dans l'immeuble qui a abrité tant de douleurs.

Aujourd'hui, Charles est toutefois resté dans l'appartement de la bretonne, à regarder une série qu'il n'a pas réellement suivi, allongé sur le lit emmitouflé dans les couvertures malgré la température printanière. Il y a des jours avec, et des jours sans. Aujourd'hui était un jour terne, pas si différent des autres pourtant, mais c'était ainsi. Ses pensées le heurtent, amèrement. Il s'est laissé aller aux songes négatifs, un peu trop.

En tout cas, à vingt-trois heures, pratiquemment minuit, le monégasque a la fâcheuse impression d'oublier un détail important. Ce songe le quitte en quelques instants, en resserrant le plaid autour de ses épaules en entendant l'orage gronder et s'abattre sur les vitres dans une réelle cacophonie. Cette impression ne le quitte pas et il ne peut s'empêcher de fouiller minutieusement dans son esprit, tentant de trouver ce qu'il a très probablement oublié. Ce n'est qu'en entendant la clé dans la serrure que le pilote se rend compte de son erreur.

Une tornade débarque dans le salon, trempée de la tête aux pieds et Charles est brusqué par cette entrée.

- Bonsoir... tente-t-il, sachant qu'il s'est attiré les foudres de son amie.

Le brun la détaille du regard, perçoit ses vêtements inondés, plus foncés que lorsqu'elle a quitté l'appartement, tant la pluie a imbibé les tissus. Son maquillage a coulé fortement, tellement que les traces ont disparu totalement. Son corps entier tremble tant elle doit avoir froid et ses yeux clairs sont teintés de noir, l'énervement se ressentirait à des kilomètres à la ronde.

- Tu n'as pas l'impression d'avoir oublié quelque chose, ou plutôt quelqu'un ? elle croise ses bras contre sa poitrine.

- Sterenn je viens de me rendre compte, je suis tellement désolé, il quitte le lit qu'il a occupé durant des heures et se positionnent en face d'elle.

- Je n'en ai rien à faire de tes excuses, Charles ! Je t'avais demandé une seule faveur : venir me chercher à vingt-deux heures au bar pour m'éviter de payer le taxi. Je t'ai appelé une dizaine de fois avant que mon téléphone n'ait plus de batterie, tu faisais quoi merde ?

- J-j'ai totalement oublié, j'étais dans mes pensées et-

- Dans tes pensées ? Dans tes pensées ! elle éclate de rire, sur les nerfs. J'ai passé une journée merde à mon stage, je voulais juste me détendre un peu avec des copines que je ne vois pas énormément et je me retrouve à parcourir tout Nice à pieds ! Quatre kilomètres.

Charles reste silencieux, empli de culpabilité. Son visage est fermé, ses sourcils légèrement froncés et ses lèvres sont pincées, signe que cette situation le tracasse et le dépasse. Son corps tremblant sous le poids des souvenirs font bourdonner ses oreilles et bientôt, il n'entendra plus la colère justifiée de Sterenn.

- J'aurais pu me faire renverser ou pire, me faire agresser, tu te rends compte ?! elle élève sa voix et ne remarque pas le changement de comportement de Charles.

Ses mains devenues moites tremblent abondamment et ses yeux se gorgent de pluie, la même que celle qui frappe les carreaux des fenêtres de l'appartement. Sterenn l'effraie. Et les songes frappent à la porte de ses souvenirs cauchemardesques. Il s'en veut d'y voir Chloé, de voir celle qui l'a tant détesté, qui l'a tant violenté. Sterenn n'est pas elle, pourtant, en élevant ainsi la voix, il a cette impression de déjà-vu qui le transporte vers des pensées bien néfastes.

- Sterenn arrête je t'en supplie, tu me fais peur...

Sa voix n'est que murmure, pourtant elle est perçue par la jeune femme, qui s'arrête en observant ses yeux noyés de larmes. Son visage se décompose, la culpabilité la prend aussitôt et rivalise avec la colère momentanée, néanmoins elle n'a pas le temps de réagir avant que le monégasque n'aille s'enfermer dans la salle de bain de manière précipitée.

Sterenn déglutit avec difficulté et pose sur sa chaise ses vêtements dégoulinant, causés par la pluie battante sous laquelle elle est rentrée. Elle enfile un sweat-shirt bien trop grand et un jogging épais ainsi que des chaussettes d'hiver, avant d'envelopper ses cheveux dans une serviette afin de les sécher. Elle passe une main sur son visage, submergée par cette terreur perçue dans ses yeux clairs, essayant de faire face à la situation dans laquelle ils se trouvent.

Charles s'assoit par terre, le dos collé contre la porte de la salle de bain qu'il a soigneusement fermé à clefs. Sa respiration est saccadée et les pensées du monégasque sont fortement perturbées par des souvenirs qui l'assaillent brutalement. Il se remémore de ces hurlements, ces cris tellement stridents suivis de coups tous plus violents les uns des autres dans son abdomen. De ces brûlures dont il sentirait encore la chaleur se propager sur ses hanches. Instinctivement il pose une main sur son torse alors que les bleus ne se voient plus depuis des mois entiers. Comme s'ils étaient ancrés en lui bien qu'invisibles.

Il se mord violemment l'intérieur des joues afin de ne pas laisser les larmes dévaler celles-ci une énième fois. Il n'aurait pas la force de les essuyer lui-même. Il sursaute brutalement en entendant des coups portés au seul objet le séparant de Sterenn.

- Est-ce que tu pourrais m'ouvrir la porte ? Sinon j'attendrai derrière, ce n'est pas un soucis, prends le temps dont tu as besoin.

Sa voix emplie de douceur ramène à la réalité le pilote qui sait pertinemment que la jeune femme ne lui fera jamais de mal. Avec difficulté, il se relève et parvient à déverrouiller la porte, laissant apparaître une Sterenn dont le regard est empli de culpabilité.

- Je m'excuse d'avoir élevé la voix sur toi Charles, je sais à quel point c'est difficile. C'était sur le coup de l'énervement.

- Excuse-moi de t'avoir comparé à Chloé et de t'avoir oublié sous la pluie, je sais que ça peut être dangereux arrivé à une heure pareille.

- On oublie ?

- On oublie.

Une longue étreinte s'en suit, dans le silence le plus complet. L'orage gronde dans le ciel, ils n'entendent que les éclairs à quelques kilomètres de la ville.

- Je sais que la confiance est complexe à acquérir, mais Charles, je ne te ferai jamais de mal, prends le temps dont tu as besoin pour me croire, mais jamais je ne lèverai la main sur toi.

- Je n'ai pas besoin de temps, je sais que tu ne le feras pas, j'ai juste paniqué, argumente-t-il avant d'enfouir sa tête dans son cou.

- Et c'est légitime.

- La prochaine fois je mettrai un réveil, une alarme et je laisserai mon téléphone avec du son, dit-il, arrachant le rire de la jeune femme.

- Je pense que c'est une excellente idée.

Et Charles resserre son emprise sur le corps de Sterenn, rassuré au moindre contact.

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heyyyy voilà le chapitre de ce dimanche, important parce que ça montre que c'est toujours difficile de guérir d'un traumatisme et que ça prend du temps !

à mercredi pour le dernier chapitre avant l'épilogue... :(

-alcools

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