En arrivant chez Jessy, je me dépêchai de lui raconter ma journée en omettant mon rendez-vous chez la psy. Je savais que si je prenais les devants, je m'évitais un interrogatoire en règle. Elle sembla satisfaite, car elle se contenta de m'écouter. Et c'est ce qu'elle fit les jours suivants.
Finalement, la semaine passa tranquillement alliant entretiens avec ma psy, mon unique cours et des heures de rattrapage. J'avais presque retrouvé un rythme de vie à peu près normal. Je me sentais de mieux en mieux, enfin je devrais dire de moins en moins mal, même si le creux béant de ma poitrine ne s'était pas refermé. Ça me faisait du bien de voir Matt et les filles, ils m'aidaient à me changer les idées. Ça me rappelait la période de révisions où tout semblait se rapprocher du paradis. Mais le jeudi fut ponctué par lui. En me rendant à mon cours, il était là, adossé contre le mur de ma classe, ses bouquins à la main. Il était beau à tomber par terre, vraiment, mais cela raviva de nouveau cette douleur. Il était avec deux amis, dont Julian, mais je ne reconnaissais pas l'autre. Il semblait éteint, il assistait à la conversation sans vraiment y participer. J'approchai doucement et le stress commença à monter, était-il là pour moi ? Devais-je lui parler ? Que me voulait-il ? En arrivant à sa hauteur, je vis ses copains partir. Mon palpitant s'emballa soudainement, mes mains devinrent moites, mes jambes flageolantes...
– Emily, je peux te parler deux minutes s'il te plaît ? dit-il en s'avançant vers moi, le regard penaud.
– Jake, non s'il te plaît, vraiment s'il te plaît, je crois que tu m'as fait assez de mal comme ça.
Je sentis ma voix grimper dans les aigus, je voulais juste qu'il me laisse tranquille. Rien d'autre, pas de bagarre, pas de dispute.
– J'aimerais juste pouvoir t'expliquer. J'espère sincèrement qu'un jour, je pourrais te dire certaines choses...
– Il n'y a aucune explication à me donner Jake, tout était on ne peut plus clair, tu m'as prise pour une conne, tu t'es bien foutu de ma gueule. Point. Fin de l'histoire, tranchai-je sèchement.
– Mademoiselle Lucas ? m'interpella monsieur Holden. Il y a un souci avec ce jeune homme ?
– Aucun monsieur, merci.
– N'hésitez pas à venir me voir si vous rencontrez des soucis, dit-il en affichant son plus beau sourire.
– Merci, dis-je en m'éloignant de lui et en rattrapant Jake en passant.
Ce prof me mettait sincèrement mal à l'aise et le seul moyen qu'il me laisse tranquille était de m'éloigner avec Jake.
– Désolée pour cette situation, murmurai-je en baissant les yeux.
Je m'échappai, mais il m'agrippa par le bras.
– J'espère qu'un jour tu pourras me pardonner, me murmura-t-il avant de me relâcher.
– Jamais.
Le reste de la journée se déroula sans encombre, tout comme la fin de semaine, mais je ne cessais de repasser en boucle ses mots dans ma tête « J'espère qu'un jour tu pourras me pardonner ». Le pardonner ? Impossible ! Je ne peux même pas envisager une quelconque amitié avec lui, alors le pardonner ? Je ne vois vraiment pas comment je pourrais. C'était impensable ! Ces pensées ont tourné en boucle et en boucle en moi. Je croisai Jake plusieurs fois dans les couloirs, nous échangions juste un regard sans un mot et allions en cours...
À chaque fois que je rentrais de la fac ou de rendez-vous chez la psy, Jessy était à l'appartement en train de préparer à manger. Elle veillait à ce que je ne manque de rien, que j'ai tout à disposition à l'appartement et que je ne sois pas obligée de sortir. Elle était vraiment adorable. Elle ne me questionna plus sur les sujets délicats depuis les cauchemars, elle se contentait de me parler de ce qui se passait à l'université, en classe, de Matt, de Parker avec qui ça n'allait plus vraiment. Après quelques jours de tranquillité et de repos, Jessy me proposa de passer à la soirée chez Ian, c'était la dernière fête avant ma reprise véritable des cours. Je n'avais pas particulièrement envie d'y aller, mais cela semblait tellement lui tenir à cœur que je ne pus refuser.
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[EN PAUSE] Celle que je ne serai plus
Romance"Il y a des visages plus beaux que le masque qui les couvre" - Jean-Jacques Rousseau Trois ans qu'un malheur m'avait effleurée laissant une trace indélébile. Désormais je me cachais derrière mon éternel sourire. Une façade, un masque. Malgré mon b...