Chapitre 28

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Nous passions le reste de la journée ensemble, à prévoir les quelques jours qu'il nous restait avant son départ. Au programme, restaurant, ciné, câlins et discussions... Un programme sentimental et romantique. C'était une chose totalement nouvelle mais tellement agréable. Avec ces quelques jours, je pouvais enfin le connaître davantage même si je savais que certaines parts de lui resteraient secrètes...

Le premier jour, Jake se montra très protecteur et tendre avec moi. Il s'inquiétait beaucoup de ce que j'avais ressenti lors de notre première fois. Je le rassurai en lui expliquant que je ne pouvais rêver mieux pour ma première fois. Cette longue conversation sur ce que j'avais pu ressentir et lui aussi m'avait quelque peu gênée. Il fallait se l'avouer, je n'étais pas très à l'aise avec ce nouveau sujet. Comprenant mon malaise, il me surprit en changeant radicalement de sujet. Nous étions tous les deux assis en tailleur sur son lit, lorsqu'il me prit la main.

– Emily, est-ce que ça te dérange si je nous prends en photo ? demanda-t-il gêné.

– Pourquoi ?

J'étais surprise par cette demande. Je détestais les photos et surtout je ne compris pas pourquoi il voulait me prendre en photo à cet instant précis, surtout que j'avais passé mon temps à rougir dû à notre conversation. Je sentis sa gêne monter, lui qui pouvait paraître si sûr de lui des fois, avec moi il montrait une certaine fragilité. J'attrapai sa deuxième main pour le rassurer et l'encourager à m'expliquer cette soudaine demande.

– J'aimerais prendre une photo comme pour marquer ce jour avec toi. Ce jour comme celui où tu es vraiment devenue mienne, chuchota-t-il en me regardant droit dans les yeux.

Cela me touchait profondément. Je l'embrassai pour lui montrer à quel point cette idée me comblait. Il était tellement attentionné et j'aimai énormément ce côté-là. C'est ainsi que nous passions le reste de la journée à nous prendre en photo. Je crois que si l'époque des pellicules avait été encore de mise, nous en aurions rempli une dizaine. Je l'avais pris sous tous les angles et il en avait fait de même. Ce jour-là, j'avais l'impression que nous venions de passer un cap. C'était la première fois que je pouvais être moi, je ne m'empêchai plus de rire aux éclats, de pleurer, de le taquiner, je n'avais plus rien à lui cacher au fond...

En fin de journée, nous passâmes à ma chambre récupérer quelques-unes de mes affaires, nous avions prévu de nous montrer des objets particuliers auxquels nous étions attachés, le lendemain.

Après une nuit douce et tendre, nous avions décidé de partager nos souvenirs. C'était ainsi que je lui montrai le livre de Nicholas Sparks, Cher John, que j'avais dévoré de nombreuses fois. J'avouai sans honte que j'étais une incurable romantique. Ensuite je lui tendis une photo de famille avant que tout dérape. Il s'agissait d'une photo de Noël sur laquelle j'avais à peine treize ans. Il y avait mes géniteurs, une partie de mes grands-parents, deux de mes tantes ainsi que mes cousins. Ce jour-là me semblait dater d'une autre époque. Puis il y avait un collier en argent que j'avais hérité de ma grand-mère paternelle, décédée dix ans auparavant, un ours en peluche de mon enfance, une boite regroupant des souvenirs : photos, tickets de train, lettres... Quant à lui, il avait peu d'objets dans sa chambre auxquels il tenait, la plupart était à New York. Il avait juste un CD avec une inscription manuscrite « La musique commence là où s'arrête le pouvoir des mots » suivie du symbole de l'infini. Lorsqu'il me tendit le CD, je n'osai l'interroger sur cette inscription mais le symbole m'interpella, il m'avait offert un bracelet portant ce signe...

– L'infini ? le questionnai-je.

– Oui, j'aime beaucoup ce symbole. Je ne sais pas comment t'expliquer sans que tu me trouves fou. J'ai envie de croire que les personnes que l'on croisent et qui nous marquent vivent au travers de nous. Qu'ils nous ont touchés, qu'ils nous ont faits évolués et qu'une part d'eux vivent en nous même après leur mort, d'où l'infini des choses, murmura-t-il.

[EN PAUSE] Celle que je ne serai plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant