[EN PAUSE] Celle que je ne serai plus

Chapitre 39

J'arpentai les rues au beau milieu de la nuit. Et même si je n'avais pas dormi toutes ces émotions me mettaient en alerte. Il fallait que j'évite de trop songer, cela ne rimerait à rien. Je devais me concentrer sur les cours. En effet le lendemain, je reprenais le chemin de la fac, j'avais donc de quoi m'occuper durant la journée. Dans le plus grand silence, j'arrivai enfin au dortoir et j'ouvris délicatement la porte. C'était vide, Angie certainement devait être chez Alex. En posant mon sac dans ma chambre, j'eus l'impression que tout ce qui m'était arrivé retombait à cet instant. Mon corps était épuisé et lâchait. Je me posai quelques instants afin de reprendre un peu de consistance.

Je mis à ranger toutes mes affaires et à préparer tout ce qui m'était nécessaire pour travailler, comme si rien ne s'était passé, je devais faire comme si. C'était mon seul moyen de tenir. Matt m'avait transmis tous les cours, je passai du temps à trier et travailler sur les différents programmes. Je n'avais raté qu'une semaine et pourtant je sentais que j'allais devoir fournir un travail considérable.

Malgré tout au bout de quatre heures, j'avais enfin terminé. Malheureusement, mon esprit inoccupé se replongeait immédiatement dans les événements de la veille. Même si Jessy avait dit ne pas être amoureuse, son discours me chamboulait complètement. Notre amitié avait toujours été mêlée de gestes que je pensais être de l'ordre de l'affection fraternelle. En y regardant de plus près, il était possible que cela ait pu porter à confusion... Je me remémorai les nuits passées avec elle dans son lit. Je repensais à sa manière de me regarder lorsque je me changeai à ses côtés. Je me souvins de sa main se posant sur mon visage quand nous nous embrassions. Ces paroles me revenaient en mémoire, ses compliments, sa possessivité, sa façon de me protéger. Là où j'avais vu une amie, on pouvait y percevoir bien plus. Je m'en voulais terriblement de n'avoir pas compris plus tôt. Même si je tenais énormément à elle, je ne pouvais pas, c'était lui. Il m'avait ensorcelée, emprisonnée dans son monde, lié mon cœur au sien. Je ne pouvais m'échapper, j'étais prise au piège de l'amour que je lui portais...

Toutefois, je ne voulais pas me laisser envahir par tous ces sentiments. Mais le moindre détail me rappelait ces dernières semaines : être dans ma chambre me faisait penser à lui, écouter de la musique comme Natural Disasters de Pentatonix me faisait penser à lui. Mon livre préféré me faisait désormais penser à lui, dessiner me fait penser à lui, mes vêtements me faisaient penser à lui, à la manière qu'il avait de me les enlever, à ses mains sur mon corps... Ma vie tournait autour de lui, autour du mal qu'il m'avait fait et de ces yeux que je ne pouvais oublier même si je le désirais sincèrement.

Cette nuit-là, je rêvai de Jake. Il me présentait Hanna, qui m'était identique, elle était moi, pourtant je voyais dans son regard que nous étions différentes. Puis Jessy arriva et m'écarta de lui, elle frappa Jake de toutes ses forces, puis embrassait la sœur de Jake. J'étais là, j'assistai à la scène sans rien pouvoir dire, sans rien pouvoir faire, je ne pouvais pas bouger comme figée par la douleur...

Mon réveil sonna et me tira de mon rêve ou plutôt de mon cauchemar, j'avais rarement été aussi ravie de l'entendre sonner. Je me levai sans problème, je crois que j'étais vraiment contente de reprendre la fac, de retrouver mes petites habitudes de vie, comme avant. Dans six mois, je serai diplômée d'art option journalisme et c'était ma priorité dès à présent. Je devais me concentrer sur cet objectif. Après une douche rapide et un détour par le café du campus, j'allais pouvoir reprendre les cours. En arrivant devant ma salle, j'aperçus Mary et Matt en train de s'embrasser. J'étais ravie pour eux, ils étaient si mignons et surtout Mary avait l'air d'être une chic fille pour Matt.

– Salut Emily, tu es enfin de retour parmi nous ? me salua Mary dès qu'elle m'aperçut. Matt a beaucoup râlé durant ton absence, je crois que tu lui manquais en classe.