Chapitre 8

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PDV Gabriel :


En voyant la confusion s'afficher sur le visage de son ex-époux, Gabriel comprit qu'il venait d'aller trop loin.

Il espérait lui faire avouer ses véritables intentions mais au lieu de cela, l'homme venait d'ouvrir son cœur. Une fois de plus.

Quand bien même, Gabriel ne considérait pas Vicente comme victime de la situation pour autant, puisqu'il restait convaincu que celui-ci ne jouait qu'un rôle. Il n'avait certes pas réussi à soutirer des aveux de sa part, mais il n'en voyait pas moins clair dans son jeu tout aussi abject que sa personne. Il le méprisait de toute son âme : l'Homme était mauvais, faux, et les deux adversaires n'échappaient pas à la règle.

Il vit finalement Vicente prendre la direction de la sortie, évitant tout autre contact visuel avec lui. Il se fit ensuite détacher par un gardien tandis que la cellule se vidait et bien vite, les grilles se refermèrent.

Peut-être les Dieux lui avaient réservé plus mauvais châtiment que la simple mort : celui de vivre avec le pire et lourd déshonneur qui puisse exister, afin de mener une vie tout aussi médiocre que l'inexorable fatalité qui lui était réservée.

Soudain, le garçon constata que l'endroit plongeait peu à peu dans l'obscurité la plus totale. Pris de peur, il se précipita vers la grille.

-La lumière ! Remettez de la lumière, imbéciles !

Il donna des coups dans le métal afin d'interpeller ceux qui pourraient l'entendre, mais ne parvint à rien d'autre que de se faire mal inutilement. Il restait donc là, à crier jusqu'en arriver à bout de souffle.

Il prit nerveusement sa tête entre les mains. Il s'était trompé, rien n'avait réellement changé. Il avait toujours été si impuissant que cela lui devenait insupportable. Etre plongé dans le noir de cette façon faisait remonter en lui de terribles souvenirs qu'il avait pourtant tant cherché à enterrer au plus profond de sa mémoire. Il se souvint de ses derniers instants dans les bras d'Adrian, tandis qu'il faisait tout pour la garder près de lui. Malheureusement, le garçon était déjà faible à cette époque, et cette faiblesse avait coûté la vie de son amie. Il se souvint du terrible sentiment qui l'habitait lors de cette nuit, celui de ne rien pouvoir faire ou changer, peu importe combien il essayait.

Cherchant un quelconque repère, le garçon se mit à reculer jusqu'à heurter le mur contre lequel il se laissa glisser tout du long. Il sentit sous ses mains le sol gelé sans en tenir compte, complètement absorbé par ses souvenirs. Involontairement, il se mit à retracer tout ce qui l'avait mené jusque dans cette cage sale et humide.

-Juste un peu de lumière... murmura-t-il, inerte.

La même question revenait en boucle dans sa tête : Depuis quand tout était voué au désastre ?






-N'as-tu jamais remarqué, Léandre ? Suis-je vraiment la seule à m'inquiéter de son comportement ? questionna une femme, à bout de nerfs.

-Allons, laisse-lui le temps de se découvrir. répondit un homme.

-Il ne parle jamais, ne joue jamais, est agressif avec les enfants de son âge, est désintéressé de tout et tu me diras que c'est parfaitement normal ?

-Je dis simplement qu'il est encore jeune. Gabriel est capricieux, mais c'est un gentil garçon.

-Il est peut-être gentil avec toi, mais en neuf ans, je ne suis parvenue à créer un quelconque lien avec lui. Que dois-je faire ?

L'Agneau et le LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant