L'Agneau et le Loup

Chapitre 15

Hélène continuait de suivre Vicente dans ces grands couloirs, désormais vides. La nuit était déjà bien tombée et il était plus que temps d'aller se coucher, mais les deux étaient trop occupés à faire plus ample connaissance en visitant le lieu.

Ils finirent leur chemin en passant par le jardin central, rempli de verdure et de fleurs en tout genre.

-Ce palais est sublime ! s'exclama-t-elle. Je n'ai jamais pu le voir autrement que de l'extérieur, et j'étais loin de m'imaginer la beauté de cet endroit.

-N'est-ce pas ? Il appartient depuis des siècles à mes ancêtres, qui l'ont toujours bien entretenu. C'est un cadeau que les Dieux ont donné à ma famille, et notre devoir est de le transmettre à nos descendants.

-Je vois à quel point ce devoir vous tient à cœur, Sire. Vous êtes si responsable, vous étiez fait pour naître avec du sang sacré.

Vicente ne répondit pas. Cela lui convenait qu'elle se trompe à ce point à son sujet, et il osait même espérer qu'elle ne remarque jamais sa faiblesse.

-Il se fait tard. Que dites-vous de vous installer dans votre chambre pour la nuit ? proposa-t-il.

-Je vous suis.

Les deux firent demi-tour, en direction des couloirs.

-Si j'ai bien compris, nous ne partagerons pas la même chambre ? questionna la femme.

-Non.

-Il me semblait pourtant que votre ancienne épouse partageait votre lit.

-La situation dans laquelle nous nous trouvions était spéciale. J'ignore pourquoi, mais elle était effrayée de dormir ailleurs, sans lumière. Je voyais dans ses yeux que c'était important pour elle de ne pas se retrouver seule.

-Et si je vous disais que moi aussi, je crains la solitude ?

-Je regrette, les rois ne partagent pas leur lit, c'est une coutume. J'ai commis une erreur avec elle que je ne souhaite reproduire.

En réalité, Vicente se fichait de cette norme. Il ne voulait pas qu'une autre femme que Gabrielle ne soit dans son lit. Cette place à ses côtés était symbolique à ses yeux, destinée à l'unique amour de sa vie.

Après plusieurs minutes de marche silencieuse, la femme reprit la parole :

-Pourrais-je tout de même vous y rejoindre de temps en temps ?

-Nous sommes arrivés. éluda-t-il.

L'homme poussa la grande porte menant à la chambre, dans laquelle Hélène entra sans ajouter un mot de plus. Après avoir prit le temps de regarder les environs, la femme poussa un soupir qui traduisait sa fascination.

-Je n'ai jamais vu une aussi belle chambre !

En effet, Vicente avait une grande préférence pour cette chambre aussi. Composée d'un grand lit de bois orné de matières précieuses, de plantes en tout genre, d'une immense ouverture menant à un balcon, de colonnes de marbre toujours en raccord avec le sol, le charme de cette pièce ne pouvait échapper à personne. Vicente ne put s'empêcher de songer qu'elle était censée appartenir à Gabrielle. Voir une autre femme à l'intérieur lui fit avoir un léger pincement au cœur.