Chapitre 14

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Pdv Vicente :


Vicente restait là, adossé contre une balustrade, à fixer la pleine lune qui s'était dressée dans le ciel depuis un certain temps déjà. Le reste de la journée s'était passée sans autre encombre : Gabriel avait effectué tout ce qui lui avait été demandé et venait tout juste d'être isolé dans ce qui lui servait de chambre. Comme chaque soir, l'homme pouvait enfin profiter d'un moment de tranquillité, loin de tout.

Il ferma les yeux et revit la scène à laquelle il avait assisté plus tôt, lorsqu'il avait aperçu au loin le blond se faire violemment projeté contre une colonne. Un trouble s'était insinué en lui depuis. Gabriel avait raison, il n'était pas juste un esclave aux yeux de Vicente. Il portait toujours cette apparence qui déstabilisait l'homme au plus haut point : Vicente avait eu l'impression de retourner des mois en arrière et voir sa bien-aimée se faire brutaliser.


-Souhaitiez-vous me voir, Sire ?


Surpris, Vicente dirigea son regard vers Jade, qui entreprit une salutation polie.


-Vous faites bien. C'est au sujet d'un des gardiens dont vous êtes responsable : Hélios. Je l'ai démis de ses fonctions, je veux que vous vous assuriez qu'il s'en aille dès l'aube.

-Je suis navrée de ce qui est arrivé. J'ai déjà commencé à questionner certains de mes hommes, mais je n'ai rien d'intéressant à vous apporter pour le moment.


Vicente détourna une nouvelle fois le regard vers le ciel, pensif.


-Que pensez-vous de tout ça ? questionna l'homme.

-Il y a eu un cruel manque de discipline. Je veillerai à ce qu'ils ne commettent plus de tels écarts.

-Je parlais plutôt de Gabrielle.

-Je n'en pense pas grand chose si ce n'est que je compatis avec vous. Cependant, je sais que vous vous en remettrez. Ce n'est qu'une question de temps, n'est-ce pas ?


Un silence pesant fit irruption entre les deux. L'homme prit une grande inspiration tout en se tournant vers Jade, qui avait une mine inquiète sur son visage.


-N'est-ce pas ? répéta-t-elle, mal assurée.

-J'ignore si j'ai réellement envie de passer à autre chose. Vous savez, j'ai besoin d'elle...

-Je vous connais depuis bien trop longtemps pour vous laisser raisonner de la sorte, Vicente. protesta la femme en s'avançant vers lui.


Elle mit délicatement la main sur l'épaule de l'homme.


-Je vous parle en tant qu'amie, ce soir. Je vous en prie, vous valez mieux que cela.


Vicente avait l'impression de perdre la tête. Il avait tenté de ne plus poser ses yeux sur Gabriel, car à travers la couleur de ses yeux, à travers ses lèvres, ses cils, chaque trait de son visage et la finesse de son corps, il entrevoyait sa bien-aimée sans pour autant que ce ne soit vraiment elle.

Au fond de lui, l'idée qu'elle puisse être encore quelque part, en cette personne, le hantait. Il devait veiller sur elle, et exécuter Gabriel reviendrait à faillir à son devoir.

L'Agneau et le LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant