Chapitre 13

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Les deux hommes, surpris, tournèrent la tête en direction de la voix. Le gardien lâcha immédiatement Gabriel qui vit alors Vicente, arborant sur son visage une expression étrange, alors qu'il était suivi de deux autres gardiens interloqués, eux aussi.

Très vite, Vicente arriva à leur hauteur sans lui jeter un seul regard. Il se stoppa net devant le gardien qui restait tétanisé.

-Ce sous-fifre m'a provoqué... je devais lui donner une bonne leçon. bafouilla-t-il.

Un silence assourdissant de reproches s'installa tandis que le roi fusillait l'homme du regard. Quand bien même il n'était pas celui à qui était adressé de tels yeux, le blond sentit un frisson parcourir son échine. Pour la première fois, Vicente avait réellement quelque chose d'inquiétant qui l'animait. Il avait le visage d'un fou, sembable à celui que pouvait avoir Ether dans ses mauvais jours. Effrayé, le gardien pointa soudainement Gabriel du doigt, qui était toujours au sol.

-Il m'a fait des misères ! ajouta-t-il en bégayant. J'allais simplement le corriger, puisque les autres le font bien !

D'un geste sec de la main, Vicente lui ordonna de se taire. Il se rapprocha dangereusement de l'homme, en continuant de le fixer avec ce regard sévère. 

-Hélios, êtes-vous en train de me dire que vous n'êtes pas le seul à agir de façon si détestable avec lui ?

-Il est celui qu'il faut blâmer, il nous pousse tous à bout ! répondit-il d'une voix plaignante.

-Vous ai-je, une fois, rien qu'une seule fois, donné l'autorisation de le corriger ?

-Non, Sire...

-Si problème il y a, je vous ai ordonné de m'en faire part. Est-ce correct ?

-C'est correct.

-Dans ce cas, de quel droit vous permettez-vous de le traiter ainsi ? questionna-t-il, la machoîre serrée.

Coupable, l'homme en face ne répondit plus. Vicente, quant à lui, se tourna vers les deux individus derrière lui.

-Gabriel vous a-t-il montré résistance lorsque vous le surveilliez, Caliste ? La femme à qui il s'adressait semblait hésiter : son regard se faisait vague, passant de Gabriel au roi.

-Dites-moi la vérité. Ne m'obligez pas à détruire chacune de vos vies en un claquement de doigt. ajouta-t-il sur un ton menaçant.

Quand bien même il tentait de le cacher, sa voix tremblait de colère. Il haussait le ton de temps à autres lorsqu'il parlait, et semblait fournir un grand effort pour garder son sang froid. Ces petits détails n'échappaient guère à Gabriel, qui ne put s'empêcher de sourire légèrement.

 -Non, Sire. Je n'ai eu aucun problème avec lui ce jour-ci. répondit-elle quasi-instantanément.

-Mensonge ! Je l'ai vue le malmener ! renchérit Hélios, en colère.

-Allons, ce n'est qu'un esclave... marmonna le troisième.

Hélios et Caliste, trahis, se mirent à s'accuser l'un et l'autre. Le regard froid de Vicente se posa enfin sur Gabriel, qui assistait silencieusement à la scène.

-Vous, que s'est-il passé ? interrogea le roi en désignant Gabriel du menton.

Le garçon releva la tête en sa direction. Les lèvres lui brûlaient de lui répondre et de lui expliquer dans les moindres détails à quel point ceux qui lui servaient de gardiens étaient des êtres lamentables, mais cet évènement le confortait dans l'idée d'écraser quiconque pourrait le nuire, et Vicente en faisait partie.

L'Agneau et le LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant