Chapitre 11

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PDV EVA

24 Décembre.

Noël.

24 Décembre.

Naissance de ma sœur.

Morte.

Je déteste Noël.

Je hais Noël.

Mon regard était tourné vers le plafond, mes yeux se fermant à répétitions, mes larmes dévalant mes joues blanches.

J'avais peur.

De mon passé rempli de larmes, de mon présent flou et perturbant, de mon futur incertain.

Mais j'avais encore plus peur de la mort.

Cette chose, qui arrive vers vous au pire moment et qui vous déchire à telle point que même une chute de l'Everest serait agréable. Au moins, tu serais heureux. Le paysage serait magnifique et tu profiterais pleinement du dernier moment de ta vie. Mais là, c'est la mort en personne qui vient te chercher. Elle ne te demande pas de la suivre, elle te prend par le bras et t'entraîne de force avec elle. Certains se laissent faire et la suivent gentiment, presque heureux de pouvoir enfin la rencontrer. Cette chose maudite qui hante vos esprits. Cette chose dont vous ignorez chaque détail. Cette chose qui vient après cet autre être.

La vie.

Je ne vais pas faire un débat sur ce qu'est réellement la vie. Mais qui ne s'est jamais posé la question de savoir ce que nous faisons sur cette terre. On née. On grandit. On apprend. On se marie. On vieillit. Et on meurt. Ça, c'est ce que tout le monde voudrait, ce que la vie a défini pour tous les êtres humains. Mais il y a cette mort. Celle dont je viens de parler. C'est elle qui change notre destin. Et c'est comme ça que certains meurent dès leur premier jour, ceux-là, la mort ne les aime pas. Ensuite il y a les enfants. Ils ont eu à peine le temps de goûter à la vie que la mort leur arrache. Il y a aussi les adultes. Ceux-là périssent souvent dans des accidents. Et puis il y a les chanceux. Ceux qui ont eu le droit à une vie entière. Ceux que la mort a aimés. Lors de leur dernière nuit, elle arrive vers eux doucement et les prend par la main pour les emmener loin de nous. Ceux-là ne souffrent pas.

Ce sont bien les seuls...

Bien sûr, il y a ce que tout le monde décrit comme chanceux, mais qui ne le sont pas.

Je fais partie de ces gens-là.

J'ai vu la mort sans jamais y goûter.

J'aurais préféré.

La mort est arrivée vers nous. Elle s'est approchée de mes parents et les a tués. Puis de ma sœur qu'elle n'a pas épargnée. Et enfin, elle est venue vers moi. Elle a longuement hésité avant de disparaître ne laissant que les cadavres des êtres qui partageaient ma vie.

Mon ancienne vie.

C'est à ce moment-là de l'histoire que je m'arrête.

Non pas que je ne veuille pas vous en dire plus.

Mais je ne peux pas...

PDV EXTÉRIEUR

Elle sécha ses larmes de plusieurs revers de main et retourna son oreiller à présent mouillé.

Des coups se firent entendre contre la porte, mais Eva n'eut pas le courage d'aller lui ouvrir. Alors elle resta allongée, les pieds légèrement écartés, le regard vers le plafond, une main sur son ventre, l'autre sur son cœur qu'elle sentit battre à plus de mille kilomètres/heure.

Le Destin d'une SurvivanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant