Lo'ak

9| Takara

— Ao'nung, viens avec moi, dit mon père d'une voix grave.

— Non, réplique aussitôt Lo'ak.

Je fronce les sourcils et remarque que je ne suis pas la seule. Toute sa famille et la mienne ont la même expression.

— Il n'y est pour rien, c'est de ma faute, continue-t-il.

Je lève les yeux au ciel. Ben voyons.

— Qu'est-ce que tu dis ?

— C'est moi qui voulait aller de l'autre côté du récif. Ils m'ont retenu mais j'ai insisté.

Tout le monde se retourne vers mon frère, qui ne dit rien. Sérieusement ?

Lo'ak passe devant son père et se créé un chemin entre les gens.

— Je m'occupe de lui, dit alors son père.

Et Lo'ak et son père disparaissent. Je regarde mon frère, d'un regard aussi froid que possible. Il hausse les épaules. Je lève les yeux au ciel avant de lui dire, en langue des signes car il y a trop de bruit pour qu'il m'entend de si loin, d'aller s'excuser auprès de Lo'ak et dire la vérité à papa.

Il évite mon regard et part. Je lâche un ricanement exaspérée et pars à mon tour.

Le soleil s'est couché. Énervée, je me dirige vers un endroit tranquille que personne ne connais à part moi. Un endroit où je vais souvent la nuit quand je ne sais pas dormir.

Je marche d'un pas déterminé, regardant droit devant moi. Et c'est là que quelqu'un d'aussi déterminé que moi me rentre dedans.

Je lève la tête.

— Lo'ak.

— Takara, dit-il aussi froidement que moi.

— Tu as eu une discussion avec ton père ?

— Oui.

— Et il croit ce que tu lui as raconté ? Parce que moi non.

Il ne répond rien. Tous les deux nous sommes énervés.

Des gens passent autour de nous, nous interrogeant du regard. Ça n'a pas l'air de réjouir Lo'ak d'être si observé.

— Viens avec moi, je connais un endroit calme où tu ne seras pas observé comme une bête de foire.

Il hoche la tête et nous marchons côte à côte.

— Lo'ak ! Attends !

Je roule des yeux en reconnaissant la voix de mon frère. Il vient de l'autre côté de Lo'ak.

— Pourquoi tu as dit ça ? Pourquoi tu ne m'as pas dénoncé ?

— Parce que j'ai l'habitude d'être une déception aux yeux de mes parents. Je sais ce que c'est et ce n'est absolument pas agréable. Autant ne pas de donner le même rôle.

Je fronce les sourcils, incertaine. Lo'ak, une déception ?

Nous continuons notre chemin, laissant Ao'nung seul. Mais avant de le quitter je lui envoie un regard déçu.

— Dommage que tu n'es pas dis la vérité. Il allait avoir la punition qu'il méritait.

Il hausse les épaules.

— Pourquoi dis-tu que tu es une déception ?

— Parce que.

Je penche la tête sur le côté pour le regarder mais il ne dit rien.

Grimpant sur un rocher, il me suit et après quelques dernières minutes de marches, nous arrivons sur une falaise, au dessus de l'eau. Autour de nous, il n'y a que des grands buissons qui empêcheront les autres de nous voir.