30| Takara

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Et dire que ce matin je me disputais avec ma mère pour une simple perle...

Me voilà en train de mourir sur un navire détruit, sans plus aucune issue de secours.

Ma jambe me brûle, me fait souffrir, j'aimerais me l'arracher pour ne plus ressentir la douleur de la balle.

Il n'y a plus personnes pour le moment. Äyllna vient de partir.

Et Neteyam... Neteyam a reçu la deuxième balle. 

Je rampe sur le sol, laissant une longue traînée de sang sur le sol. Ma respiration est tranchée par des gémissement de douleur.

Dans quelques instants.

Dans quelques instants je serais morte, si je ne trouve pas quelque chose pour arrêter l'hémorragie. Dans quelques instants je serais morte si je ne trouve pas quelqu'un pour m'aider. Dans quelques instants... je ne sais pas combien de minutes ou d'heures, si la chance est avec moi.

Je n'ai plus de force dans les bras, mais il faut que je continue à ramper. Si je trouve un tissu pour enrouler autour de ma jambe, je pourrais peut-être attendre plus longtemps.

Je n'en sais rien je ne suis pas experte. Je n'ai jamais eu de balle dans la jambe et personne au camp non plus.

L'adrénaline m'aide à avancer plus vite, et recouvre un peu la douleur. Mais je sais que sans je serais morte depuis un moment.

Je m'arrête devant le corps d'un homme et regarde ses vêtements. Sous son armure, il doit bien avoir un tee-shirt ?

J'essaie de lui débarrasser de ses couches, enlevant son casque à oxygène pour pouvoir passer ses vêtements par-dessus sa tête.

Il a bien un tee-shirt. Ça me dérange de faire ça. Arracher le vêtement de quelqu'un. C'est plutôt... irrespectueux.

Mais mon instinct de survie prend le dessus et je déchire le bat de son tee-shirt avant de l'enrouler et de le serrer, si fort, autour de ma jambe. Et j'attrape son arme, en cas de besoin.

Puis je m'appuie contre la façade, la tête posée en arrière, les yeux fermés.

Mon front est recouvert de sueur, et mes mains de sang. Mes cheveux sont collés à mon visage, emmêlés et sales. Je sens la perle de Lo'ak tirée contre mon crâne. Comme si elle voulait me rappeler qu'il était encore là, et que je devais me battre pour lui. Et pour tous les autres.

Ma mère m'aurait dit que ce n'était que psychologique.

J'entends des bruits, et je n'arrive pas à ouvrir les yeux, j'ai juste envie de dormir. De dormir et de ne pas me réveiller avant longtemps. De dormir et de me dire que tout ça n'était qu'un rêve.

Qu'en ouvrant les yeux je serais toujours dans les bras de Lo'ak, dans la forêt, observant les rayons de soleil à travers le feuillage.

— Lâchez moi.

J'ai l'impression de reconnaître la voix. Mais elle me paraît si lointaine. Presque inexistante.

— Viens avec moi, ma poupée.

— Je ne suis pas votre poupée !

Si, je connais cette voix. Mais je ne serais plus dire d'où.

Dans un effort surhumain, j'essaie d'ouvrir les yeux. Ma vue est floue. Trop floue pour que je distingue même mon corps. J'ai l'impression d'avoir un voile devant les yeux.

Mes bras sont trop lourd pour que je les lève, afin d'essuyer mes yeux. Alors je cligne plusieurs fois des yeux, dans l'espoir de pouvoir affiner ma vision.

Lo'akOù les histoires vivent. Découvrez maintenant