Lo'ak

10| Takara

J'aperçois la lumière du soleil à travers mes paupières, laissant paraitre une lueur bleuté. J'ouvre les yeux, et passe une main devant pour ne pas m'aveugler.

Je suis restée sur la falaise toute la nuit. Et, en sentant des bras autour de moi, je me rends compte que j'ai passé la nuit avec Lo'ak.

Il dort toujours, et délicatement, je m'écarte de lui, reposant ses bras sur le sol. Il ne bouge pas, tant mieux, je ne l'ai pas réveillé.

Je regarde l'eau en dessous de moi. Nous ne sommes pas très haut, mais je préfères ne pas sauter d'ici. Alors je descends la falaise et pars nager, pendant que les autres dorment.

Frissonnant de froid, les dernières lueurs de fatigue disparaissent alors que je m'enfonce dans l'eau.

Je me lie à un Ilu et nous partons faire un tour.

J'espère que Lo'ak ne m'en veut pas de l'avoir laissé seul là-haut.

Quelques heures plus tard, après avoir mangé, je fais un tour sur la plage et remarque ma sœur, avec la famille Sully, plus loin. C'est la première fois que je vois Lo'ak de la journée.

— Je peux me joindre à vous ?

Neteyam me fait une place et je m'installe entre lui et Kiri, juste en face de Lo'ak. Je lui souris et il émet un sourire narquois avec un petit clin d'œil. Au moins il ne m'en veut pas.

— Vous parlez de quoi ?

— Lo'ak nous racontait sa petite aventure de l'autre côté du récif, dit son frère, moqueur.

Je tourne la tête vers l'intéressé afin de l'écouter raconter.

— Je disais donc que je me suis fait attaquer par un akula.

Je remarque qu'hier je ne lui ai même pas parler de ça. Je ne lui ai rien demandé. Même pas s'il allait bien.

— Et quand j'ai voulu remonter à la surface pour respirer, il est réapparu et une immense créature est arrivé pour le tuer.

Je passe mes mains dans le sable, l'écoutant attentivement.

— Puis je n'ai pas réussi à nager à la surface. J'ai cru mourir. Et quand je me suis réveillé, j'étais sur le dos de cette grande créature.

— A quoi ressemblait cette créature ? demande ma sœur.

— Très grande. Avec deux yeux de chaque côtés. Quatre nageoirs, si mes souvenirs sont bons. Et des dessins fascinants sur le dos.

— Un tulkun, on répond en même temps avec Tsireya.

Sauf qu'elle réponds d'une voix enjouée et moi intriguée.

— Mais... celui que j'ai rencontré de tulkan..

— Tulkun.

— Oui, celui-la était blessé. Il lui manquait une nageoir.

Aussitôt je lève la tête vers ma sœur. Elle aussi semble inquiète.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demande Neteyam, sentant que quelque chose ne va pas.

— Si on pense au même tulkun, Lo'ak, tu devrais ne pas l'approcher, dit Tsireya.

— Pourquoi ça ?

— Il s'appelle Payakan. Il paraît que c'est un meurtrier. Il a été banni des tulkuns. Et du clan Metkayina.

— Ce n'est pas un meurtrier. Il m'a sauvé la vie !

— Peu importe. Il cache peut-être un jeu. Ne l'approche plus.

Lo'ak lève un sourcil et me regarde, cherchant de l'aide. Je détourne le regard.