Chapitre 3

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NDA: TW TCA !!!!

Klara

Mon corps me brûle. Mon oesophage supporte difficilement les régurgitations acides de la bile contenue dans mon estomac. Surtout quand c'est la troisième fois de la journée. La seule chose qui me reste à faire au-dessus de cette cuvette de toilettes et d'attendre que l'aigreur passe.

Le nœud rose poudré dans mes cheveux blonds m'a sauvé la vie. Avoir attaché en une demi-queue ma masse capillaire m'a évité de devoir passer trente minutes, au lavabo des toilettes communes, à les laver et les sécher.

En attendant, je ne me sens pas mieux qu'avant. Mes doigts humides me rappellent à quel point je peux être idiote. Mes genoux sous le carrelage froid commencent à me picoter et à répandre la douleur dans tout le bas de mon corps. Depuis combien de temps suis-je sur le sol à pleurer au juste ? Dix minutes ? Quinze ?

Comme si ça ne suffisait pas de me faire mal d'un acte violent envers mon organisme, je veux étendre la douleur ailleurs, plus loin.

Ce n'est que le couinement d'une porte mal huilée qui me fait redresser la tête. Il faut que j'essuie mes doigts tout de suite. Dans l'idée de m'emparer du papier toilettes, je tâte le distributeur vide.

Non. Non. Non. Ce n'est vraiment pas le moment.

De ma main libre, je recherche à l'aveuglette des mouchoirs dans mon sac de cours. Mes mouvements sont rapides, brouillons et je n'arrive même pas à trouver l'endroit exact où se trouvent les mouchoirs dans la précipitation.

Ne craque pas. Respire.

Les larmes se tassent au coin de mes yeux. Je dois les retenir. Ce ne sont que des mouchoirs. Je ne peux pas ruiner mon maquillage pour un simple morceau de tissu blanc coincé au fond de la doublure de la poche interne.

Enfin, je mets le doigt dessus et essuie les résidus de salive collante. Je n'ai pas le temps d'astiquer jusqu'à m'en faire chauffer la peau. Il faut que je me redresse et sorte d'ici.

Le mouchoir sale rejoint le fond de la cuvette avec le reste de mon rejet. En me levant, j'appuie sur la chasse d'eau. En attendant que l'eau s'écoule, j'époussette ma jupe d'uniforme et vérifie que mes mocassins ne sont pas tachés.

En sortant de la cabine, je m'attends à tomber nez à nez avec l'une de mes amies qui pourrait potentiellement me chercher. Il n'en est rien. La personne qui fait couler l'eau depuis l'une des vasques est une fille en études supérieures. Merry, la copine d'Ava-Lee. Je ne lui ai pratiquement jamais adressé la parole, même lorsque nous avions une amie en commun.

Nous n'avons rien en commun. Je n'ai jamais vu l'intérêt de nouer des liens avec elle alors que nos esprits allaient très probablement s'échauffer dès qu'un sujet de désaccord allait être posé sur la table.

Tout ce que je désire, c'est qu'elle soit arrivée trop tard pour avoir compris ce qu'il se passe. J'ai assez de rumeurs comme ça sur le dos pour qu'une autre vienne s'accumuler par-dessus.

Aucune de nous n'échange un mot. Je me contente de me laver les mains puis de sortir.

Je me suis enfuie à une intersection de couloir, la peur au ventre. Les volants du ruban accroché à mon col retombent sur ma chemise. Une expiration lourde me libère de ma culpabilité.

Est-ce qu'elle m'a entendu ?

Il faut que je chasse de ma tête ce que Merry a pu ou non comprendre. Je risque simplement de me monter la tête alors qu'elle est peut-être rentrée dans les toilettes à ce moment-là. Je ne suis pas certaine que ça soit une porte de toilettes qui a été poussée mais plutôt celle de sortie.

(IN)CONTRÔLABLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant