Chapitre 11

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Anton
𓃦 

Il a plu toute la semaine. Pas un rayon de soleil, que des gros cumulonimbus qui réduit, au moindre petit moment de clarté de la journée, le soleil de passer. J'aurais bien aimé que mon humeur efface toute cette grisaille, mais j'ai attrapé un virus. Depuis ce matin, je suis au fond de mon lit, grelottant de fièvre. Même un gros pull et quelques plaids au-dessus de ma couette ne changent rien à mon état. Mon front est brûlant. J'alterne entre des phases où je meurs de chaud et d'autres où je n'ai aucun moyen de me réchauffer. En plus, dans la chambre d'internat, il n'y a pas de bouillotte. J'ai dû me traîner comme je le pouvais, emmitouflé de partout, mouchoir à la main, jusqu'au bâtiment d'infirmerie.

Quand je me suis présenté, l'infirmière m'a gardé en otage. En examinant mon état, elle a exigé que je reste sur l'un des lits et essayer de faire une sieste. Je lui ai fait comprendre que j'avais déjà essayé et que ce n'était pas concluant. Sans prendre en compte mes revendications, elle a insisté.

Donc me voilà, allongé sur le dos, à fixer le plafond les membres crispés par les courbatures dues à la fièvre, sans aucune envie de dormir à cause de ces dernières.

Il est hors de question que j'attende là, des heures, à me tourner les pouces, dans un état lamentable. Je serais bien mieux dans mon propre lit plutôt que dans cette couchette militaire, tout à fait inconfortable qui risque d'empirer la venu du sommeil.

Heureusement, la soignante a mieux à faire que de rester dans la même pièce que moi à m'épier. Être seul me laisse du temps pour trouver un moyen de sortir et de me soigner convenablement. Un souvenir de l'année dernière me revient en tête. Je sors mon téléphone de ma poche, puis me rends sans plus attendre sur instagram. Je renifle du nez toutes les cinq secondes, c'est insupportable. Au point que c'est suffisant pour m'énerver.

Je remonte loin dans mes conversations pour le retrouver. Il a changé de coupe de cheveux sur sa photo de profil. Il a laissé pousser sa tignasse châtain clair, lui donnant des airs de surfeur. Il a toujours eu du charme, mais cette coupe lui va très bien, même mieux. Mes doigts survolent le clavier. J'hésite à lui envoyer un message, jusqu'à ce qu'un éternuement vienne me titiller le nez, au point d'éveiller les morts, tellement je l'ai poussé loin.

Ça suffit, je dois le contacter.

ANTON PERRY
Salut, j'espère que je ne te dérange pas ça fait longtemps.
Tu te rappelles quand j'étais tombé malade et que j'avais une compétition de boxe deux jours après ? Tu m'avais donné un truc à boire, c'était magique. Tu peux me donner la recette ?

En relisant le message j'ai l'impression d'avoir fait la plus grosse bourde possible. Ce n'est pas l'idée du siècle d'avoir une conversation avec le dernier garçon, avant Ryan, qui était un tantinet sérieux avec moi. Notre relation n'a pas vraiment duré très longtemps entre Ollie et moi. On s'est vite rendu compte que nous étions un peu comme deux vieilles âmes prêtes à se rencontrer pour boire une tasse de thé, mais certainement pas pour entretenir une relation sérieuse et charnelle. Nous avons trop de différences, à commencer par le fait qu'il exècre ma vie toute rangée.

Nous sommes très vite devenus amis avant de se perdre de vue pendant l'été quand j'ai commencé à côtoyer plein de gens peu fréquentables sur des applications de rencontres. Hommes comme femmes, je savais très bien que je ne trouverais pas chaussure à mon pied de cette manière.

Puis il y a eu Ryan, malgré les hauts et les bas, j'ai très vite oublié l'existence d'Ollie. Je n'ai même pas pensé à lui pendant la période durant laquelle je repoussais le blondinet un peu trop collant et téméraire. Il m'a eu à l'usure.

(IN)CONTRÔLABLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant