Chapitre 13

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Lake

Depuis cette histoire de faux petits amis, l'entraînement qui a suivi, durant la soirée, n'a pas changé nos habitudes. C'était comme si rien ne s'était passé. J'ai dû lui envoyer quelques piques sur le fait qu'elle devait se tenir mieux en société à mes côtés, mais rien de plus. Le contrecoup ne s'est pas présenté tout de suite. Ce n'est que le soir que les complications se sont amassées. En rentrant, je me suis affalé sur mon lit. La chambre était vide et heureusement qu'elle l'était.

En tournant l'information dans tous les sens, je n'ai pas senti de regret dans ce défi mais plutôt un non-sens. Mon cerveau ayant la soif de l'emmerder à chaque petit pas de côté, sur le moment j'ai sauté sur l'occasion de pousser ses limites. J'étais persuadé, en connaissance de cause, qu'elle allait arrêter ce petit jeu très vite, avant même que l'on sorte de la salle de gym. Ce n'est pas ce qui s'est passé. Et maintenant, je suis dans la merde. Vraie ou fausse copine, ça en est une. Je ne voulais emporter personne dans mes problèmes et voilà que je tombe dans le panneau sans réfléchir et sans aucun moyen de m'en débarrasser sans passer pour un lâche.

À force de tourner le sujet dans tous les sens, la fatigue a emporté le combat. J'ai pu commencer ma nuit dans le calme, jusqu'à ce que le bruit de la porte me réveille.

Anton se trouve planté là, à la refermer doucement pour éviter de rameuter Percy Bertham et sans doute ne pas me réveiller.

— Laisse tomber, c'est trop tard, grommelé-je entre mes dents.

Je me retourne, mon coussin entre les bras, dans la position opposée à celle dans laquelle j'étais précédemment.

— Je suis désolé.

Il referme et pose son manteau dans un coin. La main au niveau de son nez, il fouille sur son bureau quelque chose qu'il ne trouve pas. En même temps, seul, le rayonnement de la lune lui permet d'entrevoir les objets.

— Qu'est-ce que tu cherches ?

— Un mouchoir.

J'allume la lampe de chevet et me redresse. D'une main j'attrape le paquet sur la surface en bois.

— Attrape, dis-je en lui lançant à l'aveugle.

Trop fatigué pour faire un effort, c'est certain qu'il ne peut pas le rattraper. Anton s'est accroupi pour le récupérer.

— Je n'ai pas envie de savoir ce que tu fais quand je ne suis pas là.

— Si tu tiens tant à ce que je pense à toi dans ce genre de moment, fallait le dire plus tôt.

En guise de réponse, je reçois le paquet en pleine gueule. Il sait que je déconne. J'ai mes limites. Une queue, autre que la mienne, dans mon esprit, pendant que je me fais plaisir, m'écoeure profondément. Surtout que pour le coup, je ne sais même pas ce que ça fait ici. Ce n'est pas moi.

Anton se mouche en silence. Sa crève le suit depuis trop longtemps. Durant toute sa phase de contagion, il a décidé de dormir ailleurs. Je n'ai aucune idée d'où il a pu crécher durant ce laps de temps, mais il est revenu entier. C'est le principal.

— Tu me dégoutes, approfondit Anton.

Maintenant que je suis réveillé, je lève ma couette, retire le coussin de mes bras et m'assieds pour me frotter le visage.

— Il est quelle heure ?

— Trois heures trente.

— Super.

Il est trop tard pour que je me rendorme tout de suite. Il me suffit de tendre le bras, ouvrir le tiroir et en sortir un paquet de clopes.

Réflexe de merde.

(IN)CONTRÔLABLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant