Chapitre 20

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Ava-Lee

— Je crois que je n'ai jamais été autant stressée de ma vie.

Si les mots ne sont pas assez clairs, mes gestes me trahissent. En m'adressant à Lake, mes yeux sont rivés vers l'endroit que Ryan nous a indiqué. Je prie pour qu'il ne se soit pas moqué de nous et que je vais pouvoir m'adresser à Mayer Kessel dans les minutes qui suivent.

— Je ne suis plus très sûre que ce soit une bonne idée, j'ajoute à cause de la pression.

Sans m'y attendre, la main chaude du garçon à mes côtés s'entremêle à mes doigts crispés par le stress. Sa présence me rassure par automatisme. Mon regard est rivé sur lui alors que ses yeux se dirigent droit devant, traversant la foule animée du vaste salon.

— Tu n'as aucune raison de paniquer.

— Si tu rajoutes que c'est parce que tu es là, je te frappe.

Son regard ne se détourne pas des personnes en face de lui, captivant mon attention. Un sourire insolent s'ajoute avec audace à ses traits.

— Ce n'est pas ce que j'allais dire, mais tu penses bien fort à ma présence pour quelqu'un qui me fuit comme la peste alors qu'on a un deal. Un truc à cacher ?

Il tente d'avoir raison sur tout et n'importe quoi me concernant depuis quelque temps et le pire c'est que ça fonctionne.

Nous pénétrons dans la pièce bondée de gens excessivement riches. Je ne m'y sens pas à l'aise, ce n'est pas le genre d'endroit que j'ai l'habitude de fréquenter. Tout respire l'élégance et l'excès de la bourgeoisie londonienne, à commencer par la décoration qui dégage une odeur de richesse. Ensuite, il y a aussi cette robe à sequins que Merry m'a prêté. J'ai l'impression d'être saucissonnée dans une queue de sirène. Sauf que d'après mon amie, elle me rend jolie cette couleur argentée, sur laquelle mes cheveux bruns ondulent en cascade. Son compliment n'atténue pas mon constat: le tissu n'a rien de pratique ni confortable. Lake est tout aussi élégant, vêtu d'un costume bleu marine et d'une chemise blanche, qu'il a choisi de porter col ouvert. Pour une fois, ses boucles brunes, habituellement en bataille, sont un peu plus soignées. Il a pris le temps de se coiffer pour l'occasion. Un miracle.

En me tenant fermement à son bras, je le suis aveuglément. Je suppose qu'il connaît la maison grâce à Klara et leur petit flirt de l'été dernier. Il sait comment se comporter et vers qui se diriger. Son aisance ne me surprend pas, sa famille est reconnue pour être vraiment pété de fric. Que ce soit avec Klara ou ses parents, il a dû assister à de nombreuses réceptions entre ses quatre murs, ce qui lui permet de savoir où la personne que je recherche pourrait éventuellement se trouver.

— Mayer Kessel est proche du bar. Tu le vois ? Il discute avec monsieur Grist.

Mon regard se dirige vers l'endroit que Lake me décrit afin d'éviter de me faire remarquer par impolitesse. L'homme brun, de taille moyenne, discute une coupe de champagne à la main. Il n'est pas bien souriant.

— Oui, dis-je fermement. Je le vois. 

— C'est parti. On y va, c'est maintenant ou jamais.

Il me happe en direction de notre cible. Je me sens désarmée, ne sachant pas comment l'approcher par la parole. Tout se passe si vite, je n'ai pas eu le temps de réfléchir. Ma main, enlacée dans celle de Lake, devient rapidement moite. À force de trop réfléchir, je ne remarque pas tout de suite que Lake a déjà comblé les mètres pour nous inclure avec eux.

Il va vraiment interrompre la discussion ?

— Bonjour, excusez-moi, se manifeste-il pour s'introduire.

(IN)CONTRÔLABLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant