Chapitre 15

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Klara 

 Ils sont ensemble.

Lake n'est plus célibataire.

J'ai eu besoin de le voir pour le croire, mais c'est bien vrai. Ava-Lee m'a piqué mon mec. Ce n'était pourtant qu'une question de temps. Je suis sûre qu'avec un peu de bonne volonté, il serait revenu vers moi comme avant, comme ce qu'on a pu vivre pendant les vacances d'été.

La première fois que je les ai aperçus main dans la main remonte à trois jours, une journée après leur officialisation. Le jour précédent n'était que du déni pour moi. J'avais entendu des rumeurs sur le sujet, mais j'étais persuadée qu'on me faisait une blague. Pas elle, pas Ava-Lee alors qu'elle a été l'une de mes amies proches l'année dernière. Je suis tombée bien bas en les remarquant sur ce banc.

Ils ne m'ont pas vu tout de suite. J'ai eu le temps d'observer leur comportement l'un envers l'autre. Une chose est sûre, ils ne sont pas amoureux. Ils se fréquentent mais ça s'arrête là. Lorsque j'ai été repéré, Lake a eu un réflexe de protection envers Ava-Lee, comme si j'étais une pestiférée. Son regard noir en disant long. Il a resserré sa prise autour de ses épaules. Dès qu'elle m'a vu, Ava-Lee a récupéré sa main, celle à laquelle il porte la chevalière de son grand-père, pour entrelacer leurs doigts.

Suite à ce moment très perturbant, je n'ai pas pu retenir mes larmes. Je ne compte même pas le nombre de fois où je me suis retrouvée seule aux toilettes. Depuis que je les ai vus à chaque fois des images viennent me frapper et je fais cette bêtise.

Ce n'est qu'hier soir en me voyant en boule dans mon lit que Rose a essayé de me rassurer en me disant que je trouverais le bon. Ce n'était pas du tout ce que j'avais envie d'entendre. Si elle avait pu se taire ça aurait été bien mieux. J'avais besoin de Jasmine à ce moment-là. Mes blessures m'ont transformé.

Sur le moment, juste la colère de ne pas avoir obtenu ce que je voulais me guidait. J'ai hurlé sur Rose. Elle est partie. Seule dans la chambre, je priais pour que Jasmine revienne. Je savais pertinemment que ce n'était pas possible. Elle avait dû partir précipitamment pour quelques jours dans le sud du pays pour assister aux funérailles de sa grand-mère. J'ai dû affronter la tristesse seule. Je n'avais pas envie de raconter mes problèmes à Rose qui comprenait une phrase sur deux quand je m'efforçais d'expliquer ce qui clochait chez moi.

Ce matin, j'ai eu la lueur d'esprit de m'excuser auprès de la rouquine que j'avais dû effrayer la veille. Je ne les ai pas croisés de la journée, mais Lake n'a pas quitté mon esprit. J'ai retourné la situation dans tous les sens, me rappelant de ce qu'il m'avait dit, ce soir-là, devant la boîte de nuit: "Quand est-ce que tu vas comprendre que j'en ai rien à foutre de toi ? On n'est pas compatible Klara ! Va te trouver un autre mec. Casse-toi. Fous-moi la paix."

Son timbre dur et sans aucune chaleur à mon égard résonne dans ma tête, tout comme ses traits tirés par la colère. C'était bien là depuis le début. Je l'ai poussé à partir. Je pensais faire bien.

C'est moi le problème. Je suis la seule à blâmer.

À plusieurs reprises, les professeurs m'ont demandé de revenir parmi eux dans le cours. Je suis sortie plusieurs fois pour me vider la tête et le ventre, pour revenir comme si de rien n'était, le regard toujours aussi hagard.

J'ai séché l'entraînement avec mon groupe. Je n'ai pas eu envie de monter sur mon cheval. Il y aurait sûrement eu des chances que je tombe de selle. L'exercice n'aurait servi à rien.

À la place, je suis là, dans mon endroit préféré de toute cette maudite école. La salle de musique, vide, sans personne pour venir m'embêter, vu qu'ils sont pratiquement tous en cours, c'est parfait.

(IN)CONTRÔLABLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant