Le monde d'Edelvir

Chapitre 21

Je me tournai vers les rois, ils nous lançaient des regards accusateurs. Ça ne m'effrayait pas. Tous ensemble nous avions autant de pouvoir qu'eux, ils en étaient conscients et ne pouvaient pas nous attaquer sous peine de devoir renoncer à leurs trônes.

La foule forma un immense cercle autour de nous, engloutissant au passage les souverains déchus. Tous semblaient attendre des indications, des conseils sur la façon dont ils pourraient commencer l'attaque. Mais je n'étais même pas chevalière, et aucune de nous n'avait déjà participé à une bataille.

Ce fut à ce moment-là qu'Aïcha et son groupe décidèrent de pointer le bout de leur nez, à mon plus grand bonheur. Ils ne furent pas directement approuvés par le monde, mais après quelques explications, Aïcha fut enfin en bonne position pour nous conseiller sur la façon de s'y prendre. Elle nous recommanda de nous préparer le plus tôt possible, car à partir du moment où nous aurions parlé aux Medolvis tout pourrait se passer très vite, sans que nous ayons le temps de nous organiser. Puis elle forma rapidement des groupes de tâches, afin de réunir les armes et de préparer tout le nécessaire à notre offensive.

Elle était extrêmement efficace, et en moins de dix minutes, toute la grotte était affairée pour nous donner un maximum de chances de réussir.

Les deux journées qui suivirent furent entièrement consacrées à ce but commun. Des sons de flèches frappant des cibles de bois, et d'épées tranchant des mannequins de paille résonnaient dans toute la grotte de l'aube au crépuscule.

Lorsque ces entraînements prirent fin, les rois, accompagnés d'Aïcha et d'un des quatre magiciens, furent envoyé parlementer avec les Medolvis.

Je me demandais si envoyer Aïcha était la meilleure idée qu'ils aient eue, mais elle m'assura que voir quelqu'un de leur espèce pourrai les convaincre que nous n'étions pas les seuls à vouloir la paix dans les royaumes. Elle espérait qu'avec un peu de chance, ils pourraient prendre conscience et accepter cette entente sans combattre, même si cela me semblait aussi impossible que de croiser un Elixtys aux cheveux blonds.

Malgré mes doutes, ils partirent à l'aube. Si tout se passait comme nous l'avions prévu, ils devaient revenir dans moins de deux jours. J'essayai de ne pas m'inquiéter, je me persuadais que les Medolvis accepteraient forcément. Ils nous sous estimaient et n'oseraient pas rater une occasion de nous battre pour de bon, et donc de s'enlever un poids de leurs épaules. Il ne pouvait rien leur arriver.

Avant qu'ils nous quittent, je me dirigeai vers Aïcha. Elle me vit arriver et me fit un magnifique sourire.

-Que ce passe-t-il Aelys ?

-Je voulais juste te dire au revoir. Essayez de rentrer le plus rapidement possible !

-Je n'y manquerai pas, je ne supporterai pas de rester plus de deux jours avec ces rois qui semblent me détester...

Je tournai la tête vers nos deux souverains, en effet ils ne semblaient pas ravis de partir en mission avec une Medolvis sortie de nulle part.

Leurs visages énervés me firent rire, et en me retournant vers Aïcha, je ne pus m'empêcher de sauter dans ses bras. Je ne la connaissais peut-être pas depuis une éternité, mais elle était ce qui s'approchait le plus d'une mère à mes yeux. Elle le comprenait aussi, et me rendit mon étreinte.

-Tout va bien se passer Aelys. Il ne peut rien m'arriver tant qu'une bataille n'est pas déclarée, et quand ce moment viendra tu seras à mes côtés pour me protéger, n'est-ce pas ?

-Je serai ta garde du corps jusqu'à ce que les Medolvis abdiquent, je te le promets.

Après ces mots, je m'éloignai et allai rejoindre Faela et Velina. Je vis Atarah s'avancer vers Aïcha, cette dernière la regardait avec un regard plein d'amour maternel. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une infime jalousie, enfouie, mais bien présente. Mais ma conscience reprit vite le contrôle pour me reprendre ce sentiment malsain, Atarah aussi était orpheline avant d'être adoptée par Aïcha, elle avait sûrement eu une enfance difficile, je ne pouvais me permettre de la jalouser.

Après leur départ, la grotte reprit ses activités. Chacun avait son poste, sa fonction, ce qui donnait un aspect mécanique aux actions effectuées, mais cela évitait tout problème, et j'étais rassurée de voir que tout fonctionnait sans complications.

Comme tout œuvrait sans mon aide, je me suis dirigée vers Daeron.

Il sourit en me voyant arriver. Je lui tendis la main.

-Allons trouver votre fils.

Je pouvais lire une immense joie dans ses yeux, et il me suivit jusque devant Aldaron.

-Je te présentes un ami à moi, je pense que vous avez des choses à vous dire.

Le garçon me regarda d'un air étonné, ne comprenant pas qui était cet homme que je lui présentais. Mais je me contentai de lui faire un clin d'œil, et partis discrètement pour ne pas perturber leurs retrouvailles.

Cependant, je ne pu m'empêcher de jeter un regard dans leur direction après quelques minutes. Daeron était accroupi, son enfant dans les bras, je ne pouvais imaginer une scène plus touchante. Ces retrouvailles me mirent de bonne humeur, et les deux jours qui suivirent se passèrent magnifiquement bien. Mes inquiétudes pour Aïcha s'étaient envolées, et il n'y eu aucun évènement malvenu qui vint troubler ce petit îlot de paix, seul au milieu d'un monde troublé. Tout allait bien.

Enfin, jusqu'à ce fameux matin. Le matin du troisième jour.