Chapitre 14

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En moins d'une seconde nous étions à ses côtés.

Faela écarta les branchages du buisson qui lui servait de garde-manger quelques minutes auparavant, et je pu apercevoir un rocher, d'apparence normal si nous ne comptions pas les lettres gravées dessus :

-Emuri chemit lugera tri prozak, déchiffra Velina.

-Qu'est-ce que ça veut dire ? lui demandai-je

-Ne vous inquiétez pas, nous vous épargnerons la peine de le traduire, lança une voix avec un fort accent derrière moi.

Je tournai la tête et failli m'évanouir à la vue de ce qui se dressait derrière, ou plutôt au-dessus, de moi. Trois Medolvis. Ils étaient exactement comme on me les avait décrits ; des cheveux d'un noir plus noir que la nuit et d'immenses ailes sombres. Les leurs étaient abimées, ils avaient dû faire beaucoup de combats.

Mon instinct prit le dessus, je pris mon arc et visa leurs épaules. Je ne voulais pas les tuer, seulement les affaiblir. Je n'avais aucune envie de devenir une assassin comme eux. Alertée par le bruit, Faela dégaina son épée et alla s'attaquer à l'un des trois Medolvis. Mais je ne pus pas voir ce qu'elle fit ensuite car je sentis un petit coup de vent dans mes cheveux. Un autre de nos rivaux volait au-dessus de ma tête, j'essayai de le viser avec une de mes flèches mais il s'écarta avant qu'elle ne l'atteigne. Il riait.

-Raté Aelys, tu croyais vraiment pouvoir m'atteindre aussi facilement ?

-Comment connaissez-vous mon nom ? m'écriai-je.

-Tu pensais que personne ne vous entendait discuter de vos petits plans dans la taverne ? Vous avez même sorti une carte. À l'avenir essayez de vous souvenir dans quel monde vous vivez, n'importe qui aurai pu vous suivre comme nous l'avons fait, me répondit-il de sa voix rauque, tout en continuant de s'approcher dangereusement, ses yeux foncés rivés sur les miens.

Ma vue s'est brouillée, je ne savais pas si c'était dû au stress ou au poison que j'avais ingurgité involontairement, mais j'étais sûre que si je ne me débarrassais pas de ce Medolvis rapidement, je risquais de m'évanouir.

-Qu'est-ce que vous nous voulez ?

-Tu ne comprends vraiment rien... Ce que vous cherchez nous le voulons aussi, mais maintenant que vous l'avez trouvé la tâche en sera d'autant plus facile.

Il n'était plus qu'à quelques centimètres de moi quand je compris qu'il cherchait juste à me déconcentrer pour m'atteindre plus facilement. Alors, sans ciller, et en cachant le mieux possible mon malaise, j'installai discrètement une flèche dans mon arc, tendis la corde et tirai. La flèche s'envola à toute vitesse et alla se planter dans une des ailes de mon adversaire. Il prit quelques secondes avant de réaliser ce qu'il s'était passé, puis tomba à mes pieds. Je n'hésitai pas une seconde, attrapai une grande branche et l'assommai.

Il était temps, le sol semblait tanguer, je me suis assise. Il ne fallait surtout pas que je perde connaissance. Je relevai la tête pour voir comment se débrouillaient mes coéquipières.

Faela menait un combat à l'épée dans les airs, tandis que Velina essayait de mettre à terre un de nos invités surprise. Elles ne semblaient pas avoir besoin d'aide, heureusement, je n'étais pas en état de les aider. Alors j'enfouis ma tête dans mes genoux. Au bout d'une petite minute, les vapeurs disparurent. Je devais profiter du fait que mon état se soit amélioré pour agir, alors je redonnai un grand coup à mon adversaire et m'envola chercher quelque chose dans notre cabane qui pourrai me permettre de le ligoter. Heureusement j'avais prévu une longue corde dans mon sac, je m'en emparai et retournai dans le petit bois pour attacher les poignets et les chevilles de mon adversaire. Une fois sûre qu'il ne pourrait pas se relever, je décidai d'aller vers Velina qui semblait commencer à s'essouffler. Je repris ma flèche et m'apprêtai à lui planter dans le bras, mais dès qu'elle atteignit sa cible elle rebondit et retourna vers moi. Je l'attrapai au vol. Elle ne l'avait même pas touché ! Ce Medolvis avait prévu le coup et devait avoir une sorte d'armure sous sa longue cape noire.

Comme mes flèches semblaient n'avoir aucun effet sur lui, je décidai d'y aller à mains nues. Je lui donnai un coup de poing dans la mâchoire mais cela ne l'affectait pas non plus.

-N'essaye pas de le frapper, un sort le protège, il ne ressent quasiment rien, m'expliqua Velina essoufflée.

-Mais comment tu comptes l'arrêter ? lui chuchotai-je.

-Déconcentre-le et je me débrouillerai.

J'ai donc écouté les conseils de mon amie et commençai à l'attaquer. Au bout de quelques minutes, notre ennemi ne s'attaquait plus qu'à moi. Velina me lança un regard furtif et se glissa discrètement derrière lui. Elle murmura une phrase dans une langue qui m'était inconnue tout en remuant ses mains. Puis elle souffla et une poussière argentée s'envola autour du visage du Medolvis. Il arrêta soudain de m'attaquer et tomba aux pieds de la princesse.

-Avec ça il ne pourra plus rien faire pendant quelques jours et quand il se réveillera il aura tout oublié.

-C'est incroyable, tu penses pouvoir faire la même chose aux deux autres ? lui demandai-je.

-Si j'arrive à me tenir près d'eux assez longtemps pour faire mon incantation, oui je pourrai y arriver. Mais il faudrait que Faela redescende.

-Ça, ça ne risque pas d'être compliqué.

Je me suis envolée et me glissa derrière le Medolvis attaquant Faela, il avait les yeux rivés sur chacun des mouvements de mon amie et ne me remarqua pas.

Mais ce n'était pas le cas de Faela qui me lança un regard étonné. Je lui fis donc signe d'essayer de descendre vers Velina.

Elle me comprit immédiatement et commença à perdre de l'altitude tout en continuant de donner des coups d'épée à son adversaire. Comme je m'y attendais, notre ennemi la suivait jusqu'au sol. Une fois assez près de Velina, cette dernière lança son maléfice et il tomba sur le sol comme son coéquipier :

-Parfait, il ne reste plus qu'à achever le dernier, je l'ai ligoté là-bas, dis-je en pointant du doigt l'endroit où je l'avais laissé quelques minutes auparavant.

Mais je ne vis qu'un tas de cordelettes. Il n'y avait aucune trace du Medolvis.

Puis Velina poussa un cri strident et tout se passa extrêmement vite.

Je tourne la tête, mon ennemi est là, brandissant son épée, prêt à me trancher la gorge.

Alors je fermai les yeux, prête à sentir la lame contre ma nuque.

Mais je n'entendis que le bruit sourd d'un corps tombant sur le sol.

Quand je les rouvris, Faela tenait dans entre ses mains son épée, tachée du sang rouge vif de notre adversaire, ne sachant que dire ou faire, elle s'évanouie.

Le monde d'EdelvirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant