Le monde d'Edelvir

Chapitre 16

-Nous devons y retourner, déclara Faela, mais cette fois nous devons faire plus attention, à aucun moment nous ne parlerons de ce que nous cherchons. Nous partirons demain matin à l'aube.

Elle avait un air autoritaire que je n'avais jamais vu sur son visage auparavant, alors j'acquiesçai et me laissa guider.

Nous avons très peu dormi cette nuit-là, l'idée d'enfin trouver la pierre nous réjouissait, mais elle nous angoissait aussi ; à quoi serons-nous confrontées si nous avons un objet d'une telle puissance entre nos mains ?

Le lendemain, nous partîmes dès que Faela fut réveillée, cette dernière avait d'immenses cernes violettes qui contrastaient avec ses yeux verts, elle n'avait visiblement pas réussi à fermer l'œil de notre courte nuit.

Nous avons enlevé tout signe de notre appartenance à un royaume, boucles de ceintures ou broches, et avons attaché nos cheveux pour qu'ils restent dissimulé sous nos capuches. Nous avons commencé notre descente de la montagne sous un grand soleil, ce qui n'était pas pour me déplaire. La montée nous avait pris presque trois jours, la descente étant plus facile, Velina estimait notre arrivée au village pour le surlendemain. La nuit était fraîche et très agréable, cette météo positive arrivait presque à nous redonner le sourire et notre chemin passa moins lentement que ce à quoi je m'attendais.

Nous nous approchions petit à petit de notre but, nous pouvions presque apercevoir les toits de chaumes des petites maisons.

-Heu...C'est normal qu'on puisse voir les toits ? Interrogea Velina.

-Evidemment, lui répondis-je, nous ne sommes plus très loin du village !

-Oui, sauf que toute la vallée est recouverte du brouillard...

En effet, les habitations semblaient enfermées dans une sorte de bulle les protégeant de la vapeur verte.

-C'est peut-être un sort, supposa Faela.

-Exactement, ils ont des Medolvis dans le village, ils doivent connaître un anti-sort.

-Hum...répondit Velina visiblement peu convaincue, au moins nous n'aurons pas à nous soucier de ce détail quand nous y serons. Mais pour ça il faut y arriver, comment vous compter le traverser ?

-Je volerai avec Aelys, et nous te porterons, proposa Faela.

Cette solution fut acceptée. Nous avons décollé et volé au-dessus du brouillard pendant de longues minutes, jusqu'au village.

Une fois dans les rues, nous y avons marché en cherchant le moindre indice pouvant nous permettre de trouver la pierre. Mais notre arrivée étant tardive, la nuit tomba rapidement, et nous fûmes obligées de trouver un logement pour dormir. Nous nous sommes vite aperçues qu'il n'y avait pas beaucoup de choix, alors nous sommes retournées à l'auberge qui nous avait accueilli lors de notre première visite. La serveuse nous reconnut et nous redonna la chambre où nous avions déjà passé une nuit.

Dès que j'ouvris la petite porte, un tas de mauvais souvenir me sont revenus. Je revoyais la fenêtre ouverte, la silhouette encapuchonnée, et surtout la dague au-dessus du visage de Velina. Mon regard croisa celui de mes amies, elles se rappelaient les mêmes choses que moi, mais me firent signe de rentrer, ce que je fis à contre-cœur.

Je m'endormi rapidement. Malheureusement, mes souvenirs de cette nuit, où Velina avait failli être assassinée, me hantaient. Ils furent bientôt suivis de l'image de Faela tremblante, avec l'épée sanglante dans les mains. Puis je sentais le brouillard vert m'envelopper pour m'étouffer et je me réveillai en sursaut, le visage couvert de sueur.

Je partis tout de suite me rincer à l'eau clair, mais je ne réussis pas à me rendormir et attendis mes amies.

Faela fut la première à se réveiller.

-Ça fait longtemps que t'es levée ?

-Un peu.

Elle me regarda, j'avais l'impression qu'elle lisait dans mes pensées, elle savait exactement quels souvenirs désagréables ne me lâchaient plus.

Elle détourna la tête et nous avons attendu Velina en silence.

Quand cette dernière se leva enfin, nous sommes descendues au rez-de-chaussée pour manger puis avons continué nos recherches dans le village.