24. Jeu dangereux.

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— Gagné ! je m'exclame en révélant mon jeu.

Elias jette un coup d'œil à mes cartes avec un rictus vainqueur avant de retourner son paquet.

— Pas mal, mais...

Un carré de valets.

— Tu triches, ce n'est pas possible !

Elias rit légèrement en secouant la tête.

— Je suis juste meilleur !

Ma langue claque contre mon palet. Ca fait maintenant deux heures que nous jouons et je n'ai gagné qu'une seule fois. J'ai grandi dans les casinos de mon père, je ne peux pas avoir gagné qu'une seule fois. C'est honteux !

Je ramasse les cartes sur le matelas du lit, murmurant des phrases inaudibles. Comme à chaque fois que je détourne les yeux, je sens ceux d'Elias sur mes lèvres. Je tente de ne pas y faire attention, mais ses regards deviennent de moins en moins discrets.

— La revanche ? proposé-je.

— Encore ? Tu n'abandonnes donc jamais ? se moque-t-il.

— Ce n'est pas trop mon genre, je réplique en mélangeant les cartes.

Un sourire amusé se dessine sur ses lèvres et, en posant les mains sur le matelas, il s'avance dangereusement vers moi.

— C'est important de savoir quand il faut abandonner, murmure-t-il.

Mes mains arrêtent de bouger, son visage s'approchant du mien.

— Si on abandonne, on ne sera qu'un perdant à jamais. C'est en persévérant que l'on arrive à gagner.

Son rire grave fait vibrer mon corps. Il s'avance encore, plaçant ses mains de part et d'autre de mes cuisses. Je l'observe faire, mon cœur ne répondant plus au souvenir du baiser que nous avons échangé.

Le sourire sur le coin de ses lèvres me prouve qu'il sait ce qu'il est en train de faire et s'en réjouit. Son visage s'approche plus encore du mien sans jamais le toucher. Mes yeux jonglent entre les siens et ses lèvres. Mes pensées s'affolent et je perds tout contrôle sur mon corps et ce qu'il ressent.

Suivant son mouvement, mon dos rencontre le matelas sans que je m'en rende compte. Son léger sourire ne le quitte pas tandis que sa tête se penche sur mon cou. Son souffle contre ma peau me donne des frissons incontrôlés.

Comme la première fois, je me sens hypnotisée, je n'arrive pas à le repousser. Je sais que je vais le regretter, je le sais, mais je laisse les regrets pour plus tard.

Ses lèvres frôlent ma mâchoire, remontant diablement lentement. Envoûtée par les sensations, je tourne la tête vers la sienne et nos lèvres s'effleurent. Avec ce simple geste, je serais prête à m'abandonner.

Toute pensées rationnelles s'envolent, tout ce que je veux c'est assouvir le désir de toucher ses lèvres une nouvelle fois.

Ses iris pétillent d'une euphorie presque imperceptible. Chacun de nous brûle d'envie de combler l'espace entre nous, sans penser aux conséquences que cet acte scellerait.

— Vous avez vu Elias ? demande Matteo dans le couloir.

Le concerner ferme les yeux et un soupir de reconnaissance m'échappe. Nous avons failli commettre une nouvelle fois l'irréparable. Elias pose son front contre le mien tandis que nous entendons le reste du groupe le chercher.

Mon cœur bat à l'unisson avec le sien, tapant dans nos poitrine comme s'ils voulaient rejoindre l'autre. Tout ça est insensé.

Elias se relève d'un coup, me coupant le souffle, un frisson me traverse alors qu'il évite habilement mon regard, passant sa main dans ses cheveux.

Chrysanthème Noir | T.1 & T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant