-Point de vue Makoto-
Mes paupières sont lourdes et m'empêchent d'émerger correctement. La douleur de la décharge continue de contracter mon abdomen. Doucement, mes sens se restabilisent, me permettant d'appréhender l'endroit où j'ai été déposé : Une odeur similaire à un couloir d'hôpital, mêlée à de la rouille. Une vapeur nauséabonde ressemblant fortement à de l'opium.
J'entends des bruits métalliques, confirmant l'idée que j'ai été menotté aux poignets mais également aux chevilles. Je ne sens plus mon portable, censé être dans la poche de mon pantalon. Et pour cause, j'ai été dépouillé de tout objet qui m'aurait pu être utile en guise d'évasion. D'ailleurs, je commence à avoir la chair de poule.
Le froid piquant de cet endroit, me prouve également qu'on m'a ôté ma chemise, et que je ne suis qu'en brassière et pantalon.
L'effet de la drogue se veut de plus en plus coriace. Je lutte tant bien que mal pour ne pas resombrer et garder la maîtrise sur tout ce qui m'entoure.
Au moment où je comptais ouvrir complètement les yeux, mon instinct m'intime de les laisser clos : En effet, mon potentiel prédateur s'approche de ma cage.
- Toujours endormie, numéro 5 ? me demande cet homme à la voix macabre.
Ronger par l'envie de lui assener un bon coup, je m'abstiens cependant en le laissant poursuivre. Le voici donc, se rapprochant de manière bestiale de moi. Sans vue, je peux néanmoins sentir son regard malsain sur mon corps abîmé, presque dénudé, et bloqué sur cette satanée chaise en métal. Il prend le temps de faire plusieurs tour autour de moi, me forçant à simuler plus longtemps que prévu . Son agacement se fait sentir, impatient, il adopte une allure plus lente, plus pesante. Mon cœur commence à torturer ma poitrine, titillant ma patience un peu trop à mon goût. Notre irritabilité se rejoint, me poussant à ouvrir grand les yeux pour le dévisager d'une haine féroce. Et dans le même mouvement, il répond à ma provocation en m'attrapant les cheveux pour rapprocher son visage balafré du mien.
Pas une expression, pas un mot, pas un indice sur nos pensées. Le néant. Deux monstres qui s'affrontent en silence, dans le seul but de prouver sa supériorité. C'est dans cette même tension palpable, que je m'efforce de me contenir, et d'analyser davantage ce qu'il se passe.
- Quel gâchis. Si tu t'étais tenue tranquille, tu aurais eu un avenir flamboyant...
- Tu oses me parler d'avenir ? Alors que ta seule vocation, c'est le chaos total.
Un rictus empli de vis, s'échappe de son visage difforme, avant de me rétorquer :
- Un renouveau tu veux dire. Tu aurais été la cheffe suprême de mon armée de petits cyborgs ! Tout aurait été à tes pieds. Tu te serais enfin sentie "vivre" !
J'éclate de rire, un rire si mauvais, que mon regard le prit en exemple. D'une pulsion meurtrière, je brise toutes les chaînes qui me retenaient prisonnière jusque là, et finis par le plaquer au sol d'une jambe. Son abdomen manque de se faire broyer sous ma force.
De ses mains obscènes, et son faciès lubrique, il m'agrippe la cheville. Entre deux crachas sanglants, sa bouche hideuse, parvient à surenchérir :
- C'est ce regard là qui me fait chavirer ! Ah-, numéro 5, je peux pardonner ta légère défaillance...Si tu t'abandonnes enfin à m-
- FERME LA, DECHET ! , m'époumonai-je, tentant tant bien que mal de garder la tête froide.
Mon corps est parcouru par des frissons de dégoût si intenses, que je manque de relâcher mon emprise sur ce fou. Des bribes de traumatismes ressurgissent, inlassablement, avec une intensité telle, qu'un moine en deviendrait mercenaire. Augmentant sa douleur, je me mords la lèvre pour me donner du courage de l'affronter :
- Ta folie va déteindre sur moi, pauvre ordure. Ta place en ce bas monde, ça fait bien longtemps que tu l'a vendu à Hadès. Il est temps pour toi de régler ta dette.
D'un battement de cils, je me mets à genoux pour lui bloquer la nuque, tout en lui substituant sa seringue, dissimulée dans sa blouse. A peine eut-il le souffle pour se débattre, que le voilà sous l'emprise de son propre somnifère. Me relevant, ma première pensée est de me rendre dans une salle informatique...Je dois trouver toutes les informations existantes, et vite.
Traversant l'ensemble du bâtiment désaffecté en quête de documents ou ordinateurs, j'ouvris pas moins d'une vingtaine de pièces, avant de tomber sur le Graal. Une salle pauvre en mobilier, mais riche en documents top-secret, éparpillés un peu partout, une tablette déverrouillée, et un ordinateur fixe, ayant du vécu, une page de data ouverte. Juste à côté de ce bazar, des fioles pleine de sang, dont un sortant du lot par sa couleur ternie.
En fouillant, je mets la main sur mes vêtements, mon portable éteint, sur une clef USB, et décide d'embarquer dans un vieux sac en cuire les fioles, les documents ainsi que la tablette. Sur une feuille lambda, je rédige le peu de data lisible et affiché par l'ordinateur fixe, ne pouvant approfondir davantage mes recherches à cause d'un virus auto-implanté. Même à l'aide de ma puce, je n'aurai ni les capacités, ni le temps adéquat pour y faire face. Avant de quitter les lieux, je préfère vérifier qu'il n'y est pas eu de modification dans mon téléphone, de quoi me tracer par exemple.
Haletante, me voici dehors, à la moitié du chemin pour rentrer. Je ne fais que quelques pas supplémentaires avant de commencer à voir trouble. Il faut impérativement que je rapporte tout ça aux garçons...Que je les prévienne...Ma vision s'assombrit, mon corps peine à se mouvoir. Comme si tout était scénarisé, la pluie vient dissoudre mon restant d'adrénaline, m'écroulant d'épuisement. Les gars...Kei...
Des voix familières hurlent péniblement mon prénom, ce fût la dernière hallucination avant mon coma.
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THE TARGET VOLUME 1
General Fiction"La mort n'est pas la pire chose de la vie. Le pire, c'est ce qui meurt en nous quand on vit". Albert Einstein. Un siècle bercé et corrompu par diverses technologies toutes aussi dangereuses les unes que les autres, une organisation, un groupe de j...