L'appel fini, je fais demi-tour, et avant de rejoindre les garçons dans le salon, je m'arrête près de la porte de ma chambre, où dort tranquillement mon moi d'il y a 10 ans. Je n'aurai jamais pensé qu'un jour j'hébergerai l'enfant que j'étais avant. L'écart entre nos deux âges est immense en vécu...Trop de choses se sont passées depuis mes 10 ans. Et ce qui me frustre, c'est que je ne dois pas lui révéler tout ce que je sais. Même si on a moyen de lui effacer la mémoire, des souvenirs sous forme de "déjà-vu" referont surface et ça n'engagera rien de bon pour mon mental. Ça altérera de manière trop prononcé l'axe temporel...Et qui sait ce qu'il arrivera par la suite ?
Je détourne les yeux de l'enfant et reviens dans le salon, où je retrouve Minato, Salem et Kei sur le canapé, à fond dans leur Game de guerre sur la télé avec leur manette personnelle. Ça doit être la vielle version de Call Of que Salem nous a installé sur notre Console il y a 4 mois. On n'a pas pu y jouer depuis le temps à cause de nos études et nos boulots. Ça doit leur faire du bien de se décontracter devant un jeu d'équipe. Je décide malgré tout de les déranger :
- Les gars, vous n'avez rien à faire cet après-midi ? Genre des cours ou du travail ?
Minato me répond rapidement entre deux attaques dans le jeu :
- Nan, on s'est arrangé pour prendre notre week-end plus tôt avec vous.
Je souris en les voyant s'amuser. Je sais que nos différents rôles au quotidien nous épuisent vite. Donc autant ne pas leur parler de mon "problème" maintenant. Surtout que je vais bientôt recevoir l'antidote.
Nous avons plusieurs casquettes. Tant de rôles avec lesquelles je dois jongler. J'ai réussi à obtenir autant d'importance et de rôles à jouer, pour combler mon ennui dans la vie. Pour toujours avoir un but et ainsi ne pas me perdre à me questionner sur mon vrai moi. Pour m'empêcher de vriller. Si je n'avais pas atteint ce que je suis devenue aujourd'hui, j'aurai probablement éteint mon envie de vivre. Ils me sauvent au quotidien sans doute sans s'en rendre compte, et ça, c'est une partie du Paradis que je voulais depuis petite. Ils sont mon équilibre. Même si je sais que tout retournera à la terre, j'ai fait d'eux ma raison d'être. Ma motivation pour avancer. A me battre et à ne rien effacer de ma personnalité. A atteindre tout ce que je me retenais de chercher. Quand je dis "ils", je ne parle pas que de mon fiancé et de mes deux amis ici, mais je compte également ma petite famille : mes amis de la C-T, mes vieux amis d'enfance, ma meilleure amie, mes frères de coeur... J'ai dû assister ces dernières années a beaucoup de bouleversements. Je connais que trop bien la douleur, le chagrin et les regrets que la perte engendre contre son gré. Mais même en ayant vécu tout ça, je m'efforce de croire au futur ensemble. Je ne veux pas finir mes jours seule. Je ne suis pas faite pour la solitude. Sans eux, je ne serais plus rien. Nous n'aurions jamais pu s'échapper de ce laboratoire lugubre.
Une étreinte chaleureuse me fait prendre conscience que je me suis encore perdue dans mes pensées, et que j'étais à deux doigts de craquer. En levant mon visage, je remarque la chevelure de Kei. Ce dernier à son visage dans le creux de ma nuque.
- Chérie, je suis là. Si tu as besoin tu sais que je t'écouterai n'importe quand.
M'être engagée avec lui est le meilleur choix que j'ai fait dans ma vie. Je lui caresse les cheveux d'une main et de l'autre je lui frotte le dos pour le rassurer.
- Un coup de Blues Lieutenant ? me demande sur le ton de l'humour, Salem.
J'hoche la tête et relève celle de mon copain pour le regarder droit dans les yeux. Ses pupilles sont si envoutantes...Comme prise d'un sortilège, nos visages se sont rapprochés instinctivement et nous voilà à nous embrasser avec tout l'amour et le respect que l'on se porte mutuellement. Salem cache les yeux de Minato pour rire et nous sort un : "Ne regarde pas mon petit Mina, ces gens-là n'ont aucune retenue ! Ils devraient avoir honte d'être Hétérosexuel !"
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THE TARGET VOLUME 1
General Fiction"La mort n'est pas la pire chose de la vie. Le pire, c'est ce qui meurt en nous quand on vit". Albert Einstein. Un siècle bercé et corrompu par diverses technologies toutes aussi dangereuses les unes que les autres, une organisation, un groupe de j...