Les choses sérieuses commencent, et les sous lieutenants se lancent des regards pour décider qui d'entre eux se porte volontaire pour démarrer le débat. Contre toute attente, c'est Rei, le plus réservé de la fratrie, qui se lève :
- "Je prends". Etant le binôme de Takako, dernier membre à avoir été de garde du portail hier, je peux vous faire part des informations que nous avons récolté sur la situation actuelle. Mais avant cela, est-ce judicieux de laisser cette enfant assister à l'intégralité de notre réunion ?
Rei a soulevé un point très perspicace. Laisser mon passé connaître la vérité, va obligatoirement tout bouleverser. L'assemblée se zieute, débat sans son ni geste distinct, et comme si nous étions liés par la télépathie, leurs regards se synchronisent pour venir fixer celui apeuré de mini-Mako. Peut-être à cause du sérieux de la discussion, je n'avais pas remarqué avant qu'elle s'était agrippée fermement à mon bras, et que depuis tout ce temps elle tentait de retenir ses tremblements et ses larmes en camouflant son visage contre mon épaule.
Ça a beau être surprenant, mais il y a bien eu une époque où j'étais si sensible et fragile. Où je menaçais de me briser au moindre mouvement brusque. Où j'étais incapable de montrer que j'existe bel et bien, de prouver ma détermination ou ma peur. Je n'osais jamais rien faire par peur de blesser, frustrer ou tout simplement par appréhension de l'abandon. J'avais une personnalité tellement écrasée, que je préférais souffrir en silence que de déranger quelqu'un pour avoir un pansement quand je tombais, par exemple.
Dans un réflexe de grande soeur, je lui caresse le haut de la tête avec tendresse, et la prend dans mes bras en lui murmurant que tout irait bien. Keichiro enlève sa veste, et la met sur les épaules de la petite fille. Minato tend un cookie à cette dernière, accompagné de Salem qui lui caresse la joue en souriant. Usui fait passer aux autres une DS ancienne avec un jeu Pokémon dedans, et Shuei lui passe son casque de travail. Ryuô revient de la cuisine avec une tasse de chocolat chaud pour elle. La petite sourit, les remercie chaleureusement et me dit :
- Lieutenant, Vous êtes tous gentils, je n'ai plus vraiment peur...Merci encore !
Lei réplique d'un ton faussement déçu :
- Je suppose que ce magnifique sourire d'ange n'est pas pour moi, puisque je n'ai rien pu t'offrir aussi vite que ces chevaliers...Je suis si triste maintenant aaaaah~ mon coeur me fait si mal~~
Ryuô rétorque avec un ton qui se veut à la fois taquin, et piquant, en voyant que Mini-Mako allait le réconforter :
- Ecoute sale pervers, je sais que tu aimes ce qui est beau, et surtout les femmes, mais celle-là n'a clairement pas ton âge, alors contente toi de te morfondre dans ta tête, et réfléchi à ton rapport, c'est ton tour juste après ton frangin !
Lei met une main sur le coeur, et d'un geste théâtral, se laisse tomber sur Takako en faignant la douleur exagérée :
- Aaaaaaaaah~~Tu entends ça Taka ? Mon propre binôme est si méchant avec moi...Moi le plus séduisant des princes autour de cette table...
Le principal intéressé soupire bruyamment en se frappant doucement avec la main son front.
- Le plus séduisant des princes...D'ici ? Vous êtes tous des princes ? Interroge, complétement incrédule la petite.
Nous rions à cette question innocente, et mes amis se donnent à coeur joie d'inventer des rangs de noblesse à chacun, n'oubliant pas de me faire passer pour une reine despotique. Takako quant à lui, était assez tendu pour participer à cette petite distraction. Mais ce détail, seul Shuei, Kei et moi l'avions vu. La gamine rit des idioties de nos compères et nous informe que pour nous laisser discuter sérieusement, elle jouera à la DS, le casque sur les oreilles dans la salle d'à côté qui nous sert d'infirmerie. Il y a des lits, ça lui suffira je pense. Un problème mineur en moins. Kei, qui s'impatientait légèrement pendant cette masquerade, et une fois le canapé libéré d'une place, le voilà qui se positionne bien assit, en Leader. Le calme et la tension a balayé l'euphorie d'il y a quelques minutes. Là, on ne rigole plus.
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THE TARGET VOLUME 1
General Fiction"La mort n'est pas la pire chose de la vie. Le pire, c'est ce qui meurt en nous quand on vit". Albert Einstein. Un siècle bercé et corrompu par diverses technologies toutes aussi dangereuses les unes que les autres, une organisation, un groupe de j...