CHAPITRE III

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Si l'ambiance était encore timide et légère il y a quelques instants, ce n'est maintenant plus le cas. Désormais, c'est de l'animosité et uniquement de l'animosité qui règne dans l'air. Aliandre et moi avons immédiatement cessé nos enfantillages et serrons fermement nos armes, nos mains toujours positionnées dans le dos. Connaissant mon père, au prochain mot de travers, on envoie le premier coup. Parce que par chez moi, on ne laisse pas l'irrespect traîner dans l'air, on l'éradique immédiatement. C'est comme ça qu'on fonctionne. Il suffit d'un mot, d'un geste ou d'un regard de la part de mon père pour qu'on s'exécute. Il a toujours su quand est-ce qu'il fallait introduire la violence lors d'un débat pour le clore immédiatement. Et au vue du ton et de l'énergie que dégage Adéis, ça ne devrais pas tarder. Et ce n'est pourtant pas ce que je souhaite. Je me déplace d'un pas sur le côté pour essayer d'apercevoir un minimum, la scène qui se déroule devant moi. Lennie brise le silence en se rasseyant.

- Sachez Adéis, que je suis contente d'avoir enfin un visage sur lequel déposer le statut de « chef de la famille mère » du Clan des Cendres. Cependant, je pense qu'il n'est vraiment pas nécessaire de menacer mes hôtes de cette façon.

- Mmmmh.... Et, avez-vous également beaucoup pensé ces trois dernières années Lennie ? Rétorque t-il en se frottant faussement le menton. Parce que, curieusement, aucun des clans autour de cette table n'a daigné communiquer avec le mien. Mis à pars, le Clan Damné. Finit-il en se tournant vers mon père.

- Et nous avons été clairs : nous refusons catégoriquement votre seconde demande. Répond mon père en tenant sa tête.

- Vous ? Vous n'avez rien demandé du tout et vous n'avez été clair avec personne pour la simple et bonne raison que pendant ces trois dernières années, j'ai échangé avec votre fille, pas avec vous.

Je me replace illico derrière Kayn pour ne pas devenir un argument de désaccord. Puis, je regarde vers le sol pour dissimuler le fait que je sois heureuse de l'entendre dire. Mais en réponse à cette insolence, mon père s'adosse brutalement contre le dossier de sa chaise et hausse le ton.

- Ma fille parle toujours en mon nom.

- Pas avec moi, et pas ici. Si vous n'êtes pas la personne à l'origine des négociations ayant eu lieu par écrit pendant ces trois dernières années, vous n'avez aucun mérite d'être assis grossièrement autour de cette table. Elle mérite bien plus que vous de prendre la parole. Et d'ailleurs, si je ne me trompe pas, c'est en grande partie grâce à elle qu'on se retrouve tous ici. Alors, j'exige qu'on lui donne une chaise. À moins que vous préfériez levez vos fesses de cette chaise et vous tenir à ses côtés pendant les débats ?

Il va trop loin...

Mon père claque sa langue contre son palais. Je m'avance à côté de Kayn et Aliandre s'avance à côté de Fobos. Adéis penche légèrement sa tête sur le côté puis constate ma présence.

- Tient, tu sors de ta cachette Aliyah ? Sourit-il en posant ses jambes l'une après l'autre sur la table, puis en croisant ses mains afin de les déposer délicatement sur son ventre. Sa position semble dire « Je ne crains pas vos menaces physiques ».

Je jette un coup d'œil vers Fobos qui semble prêt à dégainer son arme au bon vouloir de notre père. Je tourne mon regard vers Adéis que je peux pleinement contempler désormais. Ses dreadlocks ont grandement poussées depuis sa dernière apparition sur notre territoire et deux boucles d'oreilles dorées sont apparues sur ses deux oreilles. On peut discerner certains tatouages dessinés sur ses épaules malgré le fait qu'il porte une lourde armure qui dissimule le haut de son torse.

Je pose une main sur la table et cesse de produire le fluide qui permettait de dissimuler mes yeux et ma bouche afin de lui lancer un regard franc.

- Adéis, je te le demande gentiment, change de ton avec mon père s'il te plaît. Ne lui donne pas l'idée de te couper la langue, on a besoin de toi pendant ces débats même si tu n'es pas très heureux d'être là. Tu peux faire ça le temps que chacun d'entre nous sois satisfait ou c'est trop te demander ?

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