CHAPITRE V

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Vue de l'extérieur, il était certain que la situation paraissait être ubuesque. Notre duo de frère et sœurs était complètement sur la défensive et faisait face à un Adéis amusé par la situation. La jeune Kelly ne semblait pas aussi joyeuse que son fiancé. Il était aisé de lire au sein de son regard une méfiance certaine.

— Rangez moi ça. On est pas là pour la bagarre. Soupira Adéis, un sourire narquois toujours présent sur le bout des lèvres.

— Vous êtes là pourquoi alors ? Répliqua le jeune Aliandre en s'exécutant sans discuter. Et puis d'abord, comment vous êtes entrés ?

— Par la porte. Lui répondit Adéis en pointant l'entrée de son index.

— Elle était fermée.

Aliyah venait enfin de prononcer quelques mots. Et contrairement à son petit frère, elle n'en démordait pas. Elle tenait toujours fermement ses deux faucilles, le regard sérieux et le corps en posture de défense. Adéis la contempla pendant quelques secondes avant de remuer de gauche à droite la tête.

— Si j'avais voulu vous tuer tous les deux, je l'aurais fait silencieusement et rapidement. Nul besoin de m'annoncer, tu sais.

— Qu'est-ce que tu nous veux ? Insista notre jeune protagoniste, presqu'agacée que cet homme, inconnu malgré tout, n'explique pas ce qu'il faisait dans ses quartiers privés.

Adéis finit par soupirer.

— Il est vrai que je souhaitais déjà te parler dans une sphère plus privée et ce, depuis un moment. Mais j'ai rapidement compris que ça ne serais pas chose aisée avec tes frères qui te font office de chien de garde, et avec ton père qui s'assure à ce que tu sois correctement bridée. Mais je...

Aliyah ne le lâchait pas du regard. Elle ne tremblait pas un seul instant. Elle l'écoutait sérieusement sans laisser paraître la moindre faille.

— Je voulais discuter plus tard avec toi. Mais, j'ai rapidement perçu vos deux aura s'affoler derrière la porte et j'ai ressenti le désir de me présenter devant toi. Maintenant.

— Pourquoi maintenant ?

— Et pourquoi pas ? Lui répondit-il du tac au tac 

Un sourire qui se voulait rassurant veint remplacer le sourire narquois qu'il affichait il y a pourtant deux minutes. En réalité, la situation l'amusait toujours autant. Mais c'est bien la première fois qu'il était étonnée de percevoir quelque chose de nouveau en quelqu'un qu'il pensait pourtant avoir percé à jour. Aliyah était une femme qui s'exprimait pleinement sur le papier. Ses mots affichaient son âme. Mais son corps, son regard et le moindre de ses gestes démontraient une retenue constante, un enfouissement profond de ce qu'elle semblait être. De ce qu'elle voulait être. Et il fallut peu de temps à Adéis pour comprendre que cette jeune femme devant lui, était chargée d'une carapace aussi dure que de l'acier. Et le temps d'un instant, cela le peina. La joie avait laissé place à la froideur et la méfiance.

— Arrête ce petit jeu et dis moi l'objet de ta venue.

Soudainement, lui qui était à quelques pas d'elle et de son frère, apparu soudainement juste devant elle. Suffisamment proche pour qu'il touche sa main et abaisse de lui-même l'une des deux faucilles.

— Et si tu commençais par baisser tes armes ?

Surprise de cette proximité soudaine, Aliyah ne su quoi dire. Elle recula d'un pas et baissa par réflexe son autre bras. Décidément, ces derniers temps, les hommes s'amusaient à entrer en contact avec elle sans prévenir. Mais le plus triste, c'était que le seul contact violent qu'Aliyah avait connu depuis son arrivé lui avait été donné par son père. Mais Amar, puis maintenant Adéis, venaient à eux deux d'effacer cette légère douleur qui lui tiraillait encore la joue il y a peu de ça. Pourquoi personne d'autre ici ne voulait la conforter dans l'idée qu'il était totalement normal de se manger des vandales pour rien ? Pourquoi est-ce qu'ici, les gens souhaitaient établir un contact en passant par l'aéroport biais d'un touché doux et réconfortant  ? Jamais ne l'on c'était intéressé à ces états d'âme de la sorte. Jamais l'on c'était inquiété de son état physique après une séance de passage à tabac paternel. Jamais avant, l'on avait percé aussi aisément ses défenses physiques et psychiques.

IDFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant