CHAPITRE IV

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...

Le couloir se fit soudainement plus sombre, donnant l'illusion qu'Amar l'illuminait par sa seule présence. C'est à partir de ce moment précis qu'Aliyah ne saurait expliquer en détail ce qu'il c'est passé par la suite. C'est comme si son cerveau avait cessé d'enregistrer tout recueil d'information et que son corps était la seule chose qui avait été en capacité de garder en mémoire les instants qui ont suivi.

Étais-ce leur proximité ? Était-ce parce que les paroles d'Amar avaient visées justes ? Ou étais-ce parce qu'Amar lui plaisait et qu'elle ne savait pas comment réagir aux travers de sentiments pareils ? Elle ne se rappelait pas avoir déjà pareillement réagit en présence d'un homme, même seul à seul. Peut-être était-elle en plein dérèglement hormonal ? En l'espace de quelques secondes, Aliyah avait cherché mille raisons qui expliqueraient l'état de trans dans lequel elle se trouvait.

Mes chaleurs vont sûrement arriver, ça dois être ça. Se rassura t-elle mentalement.

Tant de questions venaient de traverser son esprit sans pour autant qu'elle ne le quitte des yeux un instant. Tout ce dont elle se souvient, c'est de sa difficulté à faire ne serait-ce qu'un geste, et de son désir de voir ce moment se prolonger indéfiniment. Elle ne voulait pas mettre fin à cette contemplation partagée. Quant à Amar, son regard était aussi intense que pudique. Ses yeux n'avaient beau que cibler le visage d'Aliyah, elle avait l'impression d'être complètement nue face à lui. C'était comme s'il était capable de deviner la moindres pensée qui traversait le reste de son corps en l'espace d'un seul coup d'œil. Et le pire pour Aliyah, c'était d'avouer qu'elle ne s'en sentait pas gênée du tout. Presque comme si, silencieusement, elle lui avait donné son accord pour qu'il recueille les informations qu'elle désirait lui transmettre sans avoir le besoin de prononcer un mot.

Les deux restèrent comme ça le temps d'une minutes ou deux avant que le regard d'Amar se décident enfin à se balader sur une autre partie du corps d'Aliyah. Son regard s'abaissa vers son cou qui était complètement dénudé de potentiels bijoux ou de potentiels vêtements. Le haut qu'elle portait à ce moment, laissait grandement apparaître ses épaules, ainsi que son cou. En le voyant faire, elle ne le quitta pas de yeux. Il releva ensuite doucement le regard vers elle et sa bouche s'ouvrît. Mais aucun son n'en sortit.  Puis, sans prévenir, il se tourna brusquement pour se remettre à marcher dans le couloir. C'est à ce moment précis qu'Aliyah eu l'impression de ressentir une coupure assez brutale. Elle sortit presqu'instantanément de sa transe. Et c'est donc légèrement mal à l'aise qu'elle lui emboîta silencieusement le pas. Quelques secondes passèrent avant qu'il prenne doucement la parole pendant qu'elle se hâtais de le suivre, cette fois suffisamment concentrée de sorte à ne plus lui rentrer dedans.

— Je n'aurai pas dû te regarder de cette façon, je m'en excuse.

Aliyah savait qu'elle ne devait pas poser la question qui lui brûlait tant les lèvres. Mais visiblement, elle était d'humeur à dépasser ses propres limites.

— Et de quelle façon m'as-tu regardée ?

Il s'arrêta soudainement pour se tourner doucement vers elle. Cette fois, elle évita de lui rentrer dedans.

— Je t'ai dévorée du regard. Et ce n'était pas correct.

Surprise de son honnêteté, Aliyah ne dit rien puis s'avança doucement vers lui. Elle se mit à contempler ses mains. Elles semblaient trembler très légèrement et avaient l'air aussi douces que de la soie. À côté de lui, les siennes étaient plus dures, plus marquées par les difficultés par lesquelles elle avait dû passer. L'usage quotidien de leur main ne devait rien avoir à voir. Celui d'Aliyah se trouvait dans les coups portés. Celles d'Amar semblaient connaître un quotidien délicat et réconfortant. C'est d'ailleurs, ce que l'aura d'Amar ou même de Lennie transpirait. Et pour la deuxième fois dans la même journée, Aliyah se sentie envieuse. Et elle détesta cela. Elle aurait tant aimé avoir des mains aussi délicates et bien tenues, mais également, attiser autant de sérénité qu'eux. Seulement, notre petit bout de femme avait conscience que son paraître et que sa nature étaient tout autre que ceux de l'homme qui se tenait devant elle. Et c'est sûrement ce qui expliquais le principal plaisir qu'elle avait de l'observer.

IDFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant