Chapitre 12 - Partie 4 - Étann

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Après avoir jardiné, je pars livrer les plantes que nous avons soigneusement triées avec Ilan, chez la guérisseuse. Ma blouse en coton me colle à la peau car le soleil a cogné toute la journée et j'ai de la terre jusqu'au front. Mais j'ai la satisfaction du travail bien fait.

Quand j'entre dans la cabane de soin, Yaël me salue avec un sourire fatigué.

— Grosse journée ? demandé-je.
— Oui. Yann est fiévreux et j'ai du mal à faire baisser sa température.
— Tu penses à une infection ?
— Ça en a tout l'air. Merci pour les plantes.

Je hoche la tête et dépose l'immense panier sur l'atelier. Awu, qui est toujours là, vient se frotter à ma jambe.

— Et toi ? Tu te sens mieux ?
— Heu... Oui, pourquoi ?
— Lucy m'a demandé de ne pas te déranger hier soir. Elle m'a dit que tu avais besoin d'intimité.

Il me fait un clin d'œil et je reste perplexe.

— Ta présentation qui arrive c'est ça ?

Je plisse le front. Comment ça ma présentation ? De quoi parle-t- il ?

— Les premiers ruts sont assez frappants mais, sincèrement on s'y fait. Lucy m'a dit que tu présentais en Béta. Bienvenue au club !

Il me met une tape dans le dos puis s'affaire à ranger la livraison végétale.

Lucy ment aux autres en leur faisant croire que je suis un Béta ? Je me passe la main derrière la nuque. Apparemment, l'illusion fonctionne. Cela me conforte dans l'idée que tous ces stéréotypes de statuts sont ridicules.

— Oui. Je ne me sentais pas bien hier soir. Mais je ne pense pas que ce soit un rut.
— Le plus important, c'est de te soulager. Inutile de lutter contre nos instincts. Ce serait totalement contreproductif.
— Je vais... m'efforcer de garder ça en tête, réponds-je en rougissant.

Il replace les instruments et accessoires de médecine à leur place avec précision sur l'atelier.

— Je te trouve plutôt en forme, compte tenu du fait que tu as dû apprendre notre mode de vie et subir un entraînement intensif et quotidien. Ton corps a changé, bien entendu puisque tu as transitionné, mais plus que ça, ton travail commence à se voir et à se ressentir. Il se dit dans le village que tu as relevé le défi de devenir chasseur et que James-Karl a su mener sa mission à bout.

James-Karl n'a vraiment pas fait grand-chose pour m'aider. À part me rabaisser.

— Il est donc possible que tu attires l'attention de potentiels partenaires.

De potentiels partenaires ?! Sûrement pas.

— Je ne serais pas surpris qu'on vienne te courtiser. On va manger ?

Je le suis et sors de la cabane. Je ne sais pas quoi répondre. Awu me suit. Il doit se sentir seul sans James-Karl. Je lui caresse la tête et il jappe.

— L'état de Yann ne s'améliore toujours pas alors ?
— Non. Ça me frustre. J'ai beau tout essayer. Malgré le fait que ses blessures physiques guérissent, il reste inconscient. Je me demande ce qu'on rate. Automne passe son temps à pleurer et garde son chevet. Mais ça ne suffit pas.
— C'est étrange.
— Très. J'ai tout essayé. Désormais, je manque d'idées.
— Lucy semble être bien au fait de toutes ces histoires de lunes et de magie chez les lycans. N'a-t-elle pas une piste ?
— Rien de très glorieux. Non.

Yaël baisse la tête vers le sol. Son odeur laissant comprendre son abattement.

— Je suis sûr qu'il va se réveiller. Ce n'est qu'une question de temps.

D'OR ET DE JAIS - Tome 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant