D'OR ET DE JAIS - Tome 1 & 2

Chapitre 14 - Partie 2 - Étann

Le bruit de mes griffes contre la roche est infernal. Je n'ai jamais connu un tel inconfort.

Que ça cesse.

J'halète sous le tiraillement dans mon bas-ventre. Je ne sais que faire et comment soulager cette douleur qui m'étourdit. Mon loup appelle notre Alpha. Et je ne veux que l'odeur de James-Karl. Je couine et tente de me lever, mais c'est impossible. La surchauffe de mon corps est ingérable.

Il n'y a que lui qui pourra me soulager.

La fragrance délicieuse finit par revenir.

Il n'a pas menti. Il est vraiment là.

J'inspire une immense bouffée d'air et je m'étouffe quand l'Alpha me soulève d'une main pour me claquer contre la paroi rocheuse. J'y vois flou, mais je remarque la sueur sur les tempes du lycan.

JE VEUX.

— Toi ! Un Oméga ! grogne-t-il. Comment as-tu pu nous cacher ça ? Comment est-ce même possible ?

Je le regarde, les paupières lourdes, tout en essayant de respirer. J'attrape son poignet entre mes mains entravées. Je ne serre pas vraiment. Ses yeux rougeoient à nouveau et se noient dans les miens. Je me demande soudain si mon état n'a pas un impact sur lui.

— Awu ? haleté-je avec peine.

— Il arrive. Il finit le travail.

Je ne veux pas savoir ce que ça veut dire. J'espère que le loup va bien.

— Parle ! gronde-t-il.

— Nous l'avons découvert lors de ma transition. La guérisseuse m'a conseillé de me taire.

— Comment l'as-tu dissimulé ?

Une nouvelle vague de fièvre me frappe et je faiblis sous son emprise. La senteur fleurie sature l'air de la cavité rocheuse. James-Karl ferme les yeux quelques secondes.

— Arrête ça !

— Je ne peux pas... J-je ne sais pas ce qu'il m'arrive.

— Concentre-toi ! s'agace-t-il.

Je couine.

Notre Alpha ne veut pas de nous.

Le rejet me fend la poitrine.

— Comment l'as-tu caché tout ce temps ?

— Du camphre. Un onguent que m'a fait Lucy. Quand tu m'as emmené avec toi, je n'ai pas pu l'emporter.

— Tu es en chaleur, Étann, putain ! crie-t-il en me libérant. Tu sais ce que ça veut dire ? Que tu vas halluciner. Il n'y a rien ici pour toi. Tu ne trouveras pas le soulagement. Ce sont tes premières chaleurs et ce sont les plus difficiles. Ce sera douloureux. Surtout si tu as repoussé ça avec un suppressant. Je devr... Je devrais te tuer.

Je glisse à genoux, trop épuisé et tiraillé par l'intensité de ma fièvre. Il recule d'un pas... puis deux.

— Nos lois interdisent les mâles Oméga.

Je remarque la peur sur son visage et je m'inquiète. Pourquoi ne passe-t-il pas à l'acte ?

— James-Karl, soufflé-je. Tu peux mettre fin à ce calvaire.

Ses yeux s'écarquillent et j'incline la tête. Je dégage ma nuque pour lui.

Je t'en supplie...

— Alpha. Fais quelque chose.

James-Karl esquisse un froncement de sourcil furieux.

— Tu vas commencer à délirer et me supplier. Je ne peux pas prendre de décision comme ça.