D'OR ET DE JAIS - Tome 1 & 2

Chapitre 24 - Partie 1 - Etann

J'ouvre les yeux avec peine et je ne reconnais pas où je suis. Je plisse le front et referme les paupières quelques secondes. Mon cœur me fait mal. Je lève une main à ma poitrine et me remémore soudain. L'Alpha des Féraux, il m'a embroché. Le souvenir me fait me redresser d'un coup, accroissant la douleur. Non... C'est moi. C'est moi qui me suis jeté sur lui. Pour épargner, James-Karl.

— Étann, calme-toi.

— Papa ?

— Allonge-toi. Ne bouge pas. Tu vas te faire mal.

Il m'étend sur le sol et les larmes me montent aux yeux. J'ai subitement tellement de choses à dire que je suis submergé. Je n'ai aucune idée d'où je suis et j'ai peur. Il m'attrape la main et la serre dans la sienne.

— C'est terminé, Étann. je te le promets. Je n'aurais jamais dû te laisser. J'aurais dû savoir que toute cette merde te retomberait dessus un jour. Je suis désolé. Je pensais que si je t'isolais de tout cet univers, tu serais épargné. Je ne referai pas la même erreur. Ta mère ne voulait pas ça pour toi.

Je reste immobile quelques instants. Mon père est là. Et il parle de la situation comme s'il n'était pas un humain ignorant du monde lycan. J'échoue à recoller tous les morceaux. Il pose sa tête sur mon ventre avec délicatesse et déverse ses maux et confessions sans s'arrêter.

— Tu as toujours aimé la montagne, c'est vrai. Tu ne voulais jamais la quitter. Peut-être que c'était le destin et que j'aurais dû te préparer. Peut-être que tout cela devait arriver. Je n'en sais rien. Quand ils ont pris ta mère, je n'ai plus jamais voulu entendre parler de ce monde. Je désirais te protéger. Mon seul fils. Ce sont des bêtes sanguinolentes. Ils sont dangereux, sauvages... Ils...

— Papa...

Je tousse. Je suis faible.

— Oui ?

— Tu m'as manqué.

Les larmes remplissent ses pupilles et il sourit.

— Tu m'as manqué, aussi.

— Il faut que je te dise. Tu sens très, très, bon.

— Oui, rit-il avec émotion. Il paraît que c'est de famille. Ta mère a déjà craqué pour ça à l'époque.

— Ma mère ?

— Oui, Sabi était une lycan et lors d'une rencontre en montagne un jour, elle est venue trouver l'humain à l'odeur irrésistible. Je suis désolé, Étann. Je ne voulais pas te mentir. Ta mère n'est jamais morte d'un cancer quand tu étais petit.

— Ma mère était une Oméga ?

— C'était une princesse guerrière. Une Oméga, oui. Elle aurait dû devenir reine, mais ces barbares l'ont exécutée quand ils ont appris pour toi et moi. J'ai tout fait pour te sauver. Tu as ses yeux. C'est encore plus déstabilisant maintenant que tes iris sont dorés.

Il passe une main affectueuse dans mes cheveux.

— Comment m'as-tu retrouvé ?

— Quand je t'ai appelé pour notre conversation hebdomadaire et que tu n'as pas répondu, j'ai compris immédiatement. Ils ont annoncé à la TV, une disparition en montagne. Je connais ces monts et ces loups comme ma poche. J'ai filé te trouver. Il y avait encore une chance pour que tu ne sois pas complètement mort.

— Mais Pa', je suis mort. Je suis un lycan, désormais.

— Je sais, je sais. Mais ne t'inquiète pas. Tu pourras te réintégrer dans le monde humain. Personne n'a besoin de savoir. Je suis là. Je t'aiderai.