I Never Forget You

Chapitre 6

- CAMERON -

San Diego

Les nerfs montés à blocs, je déverse ma haine depuis plus d'une demi-heure sur le sac de frappe suspendu au plafond miteux de mon garage.

Elle a eu le culot de se ramener pour demander de l'argent alors qu'il y a sept ans, on s'est retrouvé à la rue sans rien à bouffer, et ça ne lui faisait ni chaud ni froid. C'est pitoyable.

Elle a toujours reculée devant la moindre difficulté, et revenir après toutes ces années sans donner de nouvelles juste pour du fric, c'est lâche. Sept ans sans nouvelles et elle se pointe comme une fleur pour l'anniversaire de ma sœur, en croyant que nous allions sauter dans ses bras et pleurer le fait qu'elle soit revenue.

Elle était et sera toujours une putain de lâche de merde.

Les points rougis par tous les coups infligés au sac, je dois m'arrêter. Ma rage étant un peu redescendue, je ramasse mon sweat et mon t-shirt jetés plus tôt au sol et les enfile rapidement. J'ai envie de la tuer.

J'ouvre la porte du garage brusquement et me mets à courir pour essayer de calmer ma fureur. Les rues et les maisons défilent sous mes yeux tandis que la tempête faisant rage à l'intérieur de moi évacue peu à peu, à chaque accélération de ma part.

Cela doit faire environ une quinzaine de minutes que je cours lorsque mon téléphone vibre dans ma poche, me forçant à arrêter ma course. Je le sors, regarde l'écran d'accueil et vois un message provenant d'un numéro non répertorié dans mes contacts. Je retape mon code plusieurs fois, avant d'enfin ouvrir le message.

Numéro inconnu - Aujoud'hui à 23h16

Cameron, j'ai besoin de cet argent. Désolée pour l'autre jour j'aurais du prévenir. Vous m'aviez manqué, ça m'a fait plaisir de vous voir.

Je secoue la tête, un sourire mauvais aux lèvres : elle ne manque vraiment pas de cran. Pas d'excuse, rien, alors qu'elle a pourrie l'ambiance avec son apparition soudaine. Quand j'ai vu la mine déconfite de mon frère et ma sœur, je l'avais jeter dehors comme elle l'avait fait. Mais évidemment, ça ne lui avait pas plu.

Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais.

J'éteins mon téléphone sans prendre la peine de lui répondre et le range dans ma poche. Comment a-t-elle eu mon numéro déjà ? Et pourquoi être partie aussi longtemps ? Pourquoi être partie d'ailleurs ?

Je me remets à marcher, un million de questions tournant dans ma tête avant d'entendre un hurlement profond et douloureux.

Comme un cri dans lequel nous relâchons un bout de notre peine qui nous engloutit chaque jour un peu plus, avant de se retrouver dans le néant le plus total. C'est tellement profond et douloureux que parfois, ça en devient indélébile. Et ça, ça fait extrêmement mal.

Alerté par ce son, je prends la ruelle d'où il semble provenir en allumant le flash de mon téléphone, et découvre une fille recroquevillée sur elle-même, la tête nichée dans ses mains, du sang provenant de celles-ci.

Ses cheveux foncés, teintés de rouge sur les pointes, et lisses ramenés en queue de cheval laissait apercevoir ses épaules dénudées recouvertes d'une couche de chair de poule.

J'ôte mon sweat et m'accroupis auprès d'elle, doucement afin de ne pas l'alerter, et chuchote :

– Eh, ça va ?

La fille au sol secoue la tête de gauche à droite sans la relever vers moi. Elle étouffe un sanglot et renifle.

La voir comme ça me brise le cœur.