Chapitre 14

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( TW : suicide, prenez soin de vous <3 )

Houston

Tribunal - Le jour du procès

Je rentre dans une grande salle, ma mère à mon bras. Elle me lance un regard inquiet auquel je réponds par un grand sourire hypocrite. Notre avocat devant nous, nous prenons place sur un des nombreux bancs en bois derrière lui.

Ma respiration est irrégulière et mes mains sont moites. Je redoute ce procès depuis plusieurs semaines maintenant, ou même plus longtemps encore. À vrai dire, j'ai toujours eu peur de l'affrontement qui m'opposerait à mon père.

Plus petite, je l'idolâtrais, l'adorais et je me sentais en sécurité avec lui, mais en grandissant, mes impressions à son égard ont changées. J'angoissais, et j'angoisse toujours rien qu'à l'idée de le voir entrer dans une pièce ou bien un espace confiné dans lequel je me trouve. Il me terrifie, et plus le temps passe plus j'angoisse à l'idée de même apercevoir son visage. Mais il y a aussi ses moments où je lui pardonne tous ses actes, essayant de garder une bonne image de lui, ternie au fil des coups.

La main de ma mère se crispe dans la mienne en entendant la grande porte derrière nous s'ouvrir. Instantanément, mon cœur cesse de battre et des images plus affreuses les unes que les autres défilent à l'intérieur de ma tête. Mon ventre se retourne et une bile acide remonte dans ma gorge.

Son rire froid et teint d'une haine profonde à mon égard brise le silence oppressant de la pièce. Les larmes brouillent progressivement ma vision et je l'entends lâcher un rire nasal en passant dans la longue allée entre les deux rangées de bancs. Je baisse la tête instinctivement et essaie de calmer ma crise grandissant à chacun de ses pas lents qui résonnent. Le sel de mes larmes vient à la rencontre de mes lèvres. À cet instant précis, je me sens faible et idiote de me mettre dans un tel état alors qu'il ne se trouve qu'à quelques mètres de moi.

– Skye, chuchote doucement ma mère. ça va aller, je te le promets.

Elle ment. Le timbre de sa voix est faible et ses doigts, qui font des allers-retours dans mon dos depuis son entrée, tremblent. Elle ne sait pas tout ce que j'ai vécu et je sais qu'elle se hait au plus haut point pour ça.

Lorsqu'elle m'a retrouvée me noyant dans mon sang les avant-bras zébrés, et le reste de mon corps marqué de traces bleu, ses sanglots ont fini de tuer la partie de moi qui espérait que tout cela était faux. L'espoir qui m'avait tenue vivante jusque-là avait quitté mon corps. Elle a appelé les urgences, ses sanglots la coupant entre chaque mot et rapidement, je me suis retrouvée, du moins ce qu'il restait de moi s'est retrouvé sur un brancard éclairée par les lumières des ambulances. J’entendais autour de moi, je me rappelle, les aides-soignants s'agiter et le son insupportable que le camion émettait.

Je pensais monter aux ciels et devenir une de ces étoiles éclairant l'obscurité de la nuit, et cette perspective m'apaisait. Mais au lieu de ça, un masque respiratoire, s'est installé sur mon visage et on m'a sauvée de la mort.

J'ai détesté ma mère un long moment après ça. On me gardait enfermé dans une de ses étroites chambres à l'odeur de désinfectant et de plastique. Et chaque fois qu'elle me rendait visite, elle fondait en larmes rien qu'en apercevant les bandages autour de mes bras. Je m'en voulais à moi-même d'avoir voulu m'éloigner du soleil qui perçait les nuages donc mon quotidien. Elle souffrait par ma faute et moi, par celle de mon père. Alors j'ai arraché mes bandages et j'ai appuyé sur mes plaies douloureuses en hurlant à la mort. J'avais besoin de ressentir la douleur et de comprendre que ce n'était pas la fin, malgré les promesses des policiers.

I Never Forget YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant