capucine

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Il faisait un temps de chien, on était pourtant un jour de juin. Il y a quelques jours il faisait chaud, mais là c'était plus la même histoire.

La pluie battait contre les fenêtres. Ça ne fait pas longtemps qu'on se voit avec Capucine, je considère qu'on ne sort pas ensemble, pas encore. Mais ça je lui ai pas dit. Ça énervait les filles, ce genre de trucs. Je suis arrivé en retard au café, mais Capucine l'était encore plus, donc finalement j'étais en avance. On s'était donné rendez-vous, mais quelques secondes je me suis demandé si je ne m'étais pas trompé de jour, ou si je n'avais pas inventé ce rendez-vous.

Je l'ai vu arriver, précipitamment, s'engouffrer dans le café et fermer son parapluie. Je l'ai regardé se préparer, s'apprêter, ranger ses cheveux un peu mouillés. J'ai souri. Je crois qu'elle me plaisait un peu. Rien qu'un peu.

Elle s'est tournée, a balayé la salle du regard et au bout d'un moment elle m'a reconnu. J'ai vu ses yeux. Qu'est ce que j'étais niais putain. Mais j'ai quand même vu ses yeux, et j'ai su qu'elle m'avait vu. Elle s'est dirigé vers la table et elle s'est excusée et me souriant. Parfois j'avais l'impression que vraiment, vraiment elle me draguait.

-Je suis vraiment désolée pour le retard, j'avais pas vu l'heure, je suis désolée!

-T'inquiète pas, j'étais en retard aussi.

Elle a rigolé en s'asseyant.

-Tu veux boire quelque chose?

-Oui carrément hum... Peut-être un café... Ouais du café.

J'ai souri. Toujours dans l'originalité, j'ai décidé que je prendrais un café aussi.
On a commandé et je lui ai demandé où elle était avant, pour ne pas avoir vu l'heure. Et c'était parti. Elle s'est mise à parler, parler, parler, comme la vraie pipelette qu'elle était. Exactement celle que j'avais rencontré sur le quai de le gare.
Je l'ai laissé parler, je l'ai écouté, longtemps, en détaillant discrètement chacun de ses faits et gestes. Ses mains jouait avec ses cheveux, traçaient des schémas dans l'air, parfois elle faisait trembloter ses jambes, croisées l'un sur l'autre, puis arrêtait soudainement. Et alors que je la regardais, elle s'est arrêté de parler.

-Ça va? Elle a demandé.

-Ouais. J'ai dit en hochant la tête.

-Tu me le dis si je parle trop ?

-T'inquiète, c'est cool comme ça.

Elle a attrapé sa tasse et a bu une gorgée.

-T'as rien à raconter toi?

J'ai fait mine de réfléchir. J'ai joué avec ma tasse du bout des doigts mais j'ai vite arrêté quand j'ai failli la renverser.

-J'ai une soirée, vendredi, chez des potes à moi.

-Oh cool. A-t-elle dit.

J'ai essayé de la sonder, pour savoir si je devais dire ce que je voulais dire. Elle m'a fait un petit sourire, avec les coins de sa bouche là, ce genre de sourire.

-Tu veux venir?

-Tu... Tu veux que je viennes? A-t-elle dit, un peu surprise.

-Ouais carrément.

-Donc tu me présentes tes amis?

-Mieux que ça, je t'emmène chez mes meilleurs potes.

Son visage s'est soudainement illuminé. Elle était piquée putain.

-D'accord. Je suis pour.

J'ai souri. Elle minimisait, ça s'entendait. J'ai commencé à parler de mes potes, un peu des soirées les plus rocambolesques qu'on avait fait. J'aimais pas trop raconter ma vie, mais là il fallait voir ça comme du marketing. Je lui vendais un peu l'idée.
J'ai voulu lui parler de la fois ou Aurel avait cassé la fenêtre en jetant ses baskets dessus, mais j'ai pas eu le temps. J'ai senti quelque chose contre ma jambe. Un truc qui remontait doucement, le long de mon tibia. J'ai regardé Capucine un sourcil levé. Elle tenait gracieusement sa tête avec sa main sous son menton.

-Tu me fais du pied ou je rêve ? J'ai dit à demi-voix.

Elle m'a offert un superbe sourire, un de ceux qui voulaient dire tout un tas de trucs qu'on ne disait pas à voix haute. Ceux qu'on disait entre les draps, pas dans un café. Elle était en train de m'avoir avec son petit jeu subtil. J'ai hoché la tête en souriant. Ce genre de sourire qui voulait dire oui.