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Je suis malade. Mon coloc' dit que c'est parce que je travaille trop. Ma copine aussi. Mes parents seraient étonnés de savoir que quelqu'un dans ce vaste monde pense ça de moi.
Moi je pense que c'est juste parce que... j'en sais rien. Il doit y avoir un courant d'air dans l'appartement, l'isolation est pas au top.
Du coup je reste au lit, je regarde des vidéos sur mon ordinateur, et je m'endors la plupart du temps avant qu'elles soient finies. C'est long d'être malade. On se fait chier.
Alors j'attends. Je dors. Je prends des médocs. Et je redors. Je vais chercher des céréales. Le carrelage de la cuisine est froid, je me dis que pour remédier à ça je mettrais peut-être un tapis. Ça évitera de payer le chauffage, et y a pas de petites économies franchement.
Vers vingt heures, de retour dans mon lit, j'entends les clés dans la porte, puis la porte s'ouvrir. Je gueule le prénom mon coloc', mais aucune réponse. Juste des bruits de pas par-ci par-là. Puis on vient toquer doucement à la porte de ma chambre.
Et contre toutes attentes, c'est pas Benjamin, mais Capucine, avec un petit sourire et ses cheveux un peu mouillés. Il pleut dehors, elle a des petits cheveux collés sur son front à cause de ça.
Elle entre dans ma chambre avec deux sacs plastique dans la main droite.
-Je viens te nourrir un peu.
-T'es géniale.
Je souris bêtement, encore. Capucine me tourne autour, me demande si j'ai mal, si j'ai chaud ou froid, elle m'embrasse le front, elle me demande ce que j'ai fait, si j'ai dormi, mangé et tout un tas d'autres trucs.
Elle est ensuite partie chercher une chaise et sort plein de nourriture asiatique, de la soupe, des nems, des salades et des nouilles et de la viande...

-Mais attends, on mange à combien là?
-Tous les deux, mais j'arrivais pas à me décider sur quoi prendre et je me suis dit que tu finirais avec Benji, si il en restait.

Je me met à rire. Elle a tout juste. Ni Benjamin ni moi ne savons cuisiner décemment. C'est pratique me direz vous. Mais du coup on mange des restes de quand on commande beaucoup, ou du surgelé.
Vu que Capucine m'interdit formellement de me lever de mon lit, elle mange à côté de moi, assise en tailleurs sur une chaise et elle me raconte sa journée et pleins de trucs qui peuvent paraître nuls comme ça. Mais quand c'est Capucine dans ma chambre avec de la soupe Pho, tout prend une autre dimension. Elle parle, beaucoup, et elle sait que j'aime ça. Moi je n'ai rien besoin de dire.
Et c'est après tout ça, après avoir fait tomber de la soupe sur mon lit, après avoir ri comme des échappés d'asile, nettoyé et finalement fait des câlins, je me suis rendu compte que j'aimais Capucine. Elle était dans mon lit, collée contre moi, le visage niché dans mon cou, alors je lui ai murmuré:
-Capucine Ardove, je suis amoureux de toi.

capucineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant