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Capucine m'a proposé d'aller boire un café. J'ai pensé un instant à ce café bien meilleur qu'on pourrait me servir, donc j'ai accepté. Enfin pas directement, parce que j'étais en boxer, et que normalement, quand on revoit celle qui était sensée être notre âme sœur, on prends une douche avant.
On s'est donc filé rendez-vous trois quart d'heure plus tard dans un café.
Ça me laissait le temps de passer chercher un paquet de cigarettes en plus. J'ai pris une douche, j'ai essayé de coiffer à peu près correctement mes cheveux et j'ai fini de vider le fond de déo qui me restait. Il fallait vraiment que je fasse des courses, c'était la dèche. Et puis il ne fallait pas compter sur le coloc pour ce genre de choses. Il était sympa mais pas très utile quoi.

Quand je suis sorti de mon appartement je me suis rendu compte qu'il faisait vraiment froid. Normal, en plein mois de janvier. Je me suis dit que j'aurais dû m'habiller plus qu'avec un sweatshirt noir et un jean. J'ai mis ma capuche, et enfoncé mes mains dans la poche de mon sweat. J'aime pas l'hiver, ni le froid.
Capucine haïssait mon côté négatif. Elle disait que je râlais trop. Je croyais que c'était pour rire mais peut-être pas.

Pour une fois je suis arrivé à l'heure à l'un de nos rendez-vous.
Sincèrement, boire un café avec la femme qui vous a largué, alors que vous aviez prévu déjà d'avoir deux enfant et un chat gris comme elle les adores, c'est spécial.
Moi j'aime pas les chats -et j'ai du mal avec les enfants- mais je sais faire des concessions. Mais bref ce rencard était presque gênant. Je ne recommande pas.
On a parlé de tout et de rien, de notre vie, mais juste de la partie inintéressante. De notre travail, de notre routine barbante. Et puis je lui ai demandé pourquoi elle m'avait fait venir. Déçu de voir que ça n'était pas pour obtenir un rendez-vous sérieux, un vrai date, elle a cherché dans son sac et elle a sorti une pile de feuille qui étaient reliées entre elles.
Le tout devait faire un ou deux centimètres de haut je pense. Elle l'a fait glisser sur la table et l'a arrêté devant moi. Puis elle a joué avec la manche de son cardigan noir.
Capucine écrivait depuis toujours. Elle écrivait bien, et j'aimais bien ça. Parce que quand on était ensemble je lisais souvent ce qu'elle faisait, et puis je trouvais ça classe. Ma meuf écrivait.
"Ah ouais mec, en plus elle écrit bien je te jure. Un jour elle percera." je disais à mes potes.

Mais on était plus ensemble. Je lui ai demandé ce que c'était, bêtement. Elle m'a dit qu'elle voulait que je le lise. Je lui ai demandé pourquoi. Elle a répondu d'une petite voix qu'elle voulait essayer de le publier, ou un truc comme ça.
J'ai hoché la tête, parce que je savais pas quoi dire. J'étais content pour elle, mais on était plus ensemble quoi.
Elle m'a avoué que j'étais le premier à l'avoir entre mes mains, et que personne ne l'avait jamais lu. J'avoue, j'ai pas compris pourquoi moi.
On a continué a discuter puis à un moment j'ai pas pu attendre, et j'ai ouvert le "premier jet" de Capucine. Il me faisait trop de l'œil, posé là, sous mon nez, sur cette horrible table de café sûrement dégueulasse.

Les quelques premières lignes m'ont semblé très normales. Mais il fallait lire la suite, pour que ça ait sens.

capucineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant