Tu finiras seule...avec des chats. Tome 2

Chapitre 6: Sur un arbre perché

— Comment as-tu fais pour aller te prendre les pieds dans le harnais de ce pauvre cheval ? me demande Françoise en fronçant les sourcils.

— Je ne voyais pas un cheval, je voyais un homme...je t'assure que c'est un homme qui m'a attachée avec un harnais.

— En es-tu sûre ? poursuit Gueguette en allumant une cigarette.

— A vrai dire, je ne sais plus...j'étais dans le parc, je marchais... J'avançais vers ma destinée...et tout d'un coup je me suis retrouvée ligotée dans ce harnais. Je crois que je ne me souviens pas bien de comment tout cela a pu se produire.

— Tu avançais vers ta destinée ? me dit Gigi

— Oui...je sais que dit comme ça, ça peut paraître absurde, mais je devais y aller...J'avais rendez-vous avec ma destinée.

Je ne voulais pas leur dire que j'avais reçu un SMS d'un inconnu qui m'invitait à le rejoindre. Sérieusement, elles m'auraient prise pour une folle. Quoique...le coup de la destinée n'est pas vraiment brillant...me voilà en train de me faire passer pour une illuminée New Age.

— Qu'est ce que tu es encore allée nous inventer ma chérie ? me dit Louise en me caressant la joue.

Voilà que Louise me prend pour une folle.

— Oui, j'avoue que ce n'est pas très réaliste cette histoire de bonhomme avec son harnais...je ne sais pas où je suis allée chercher tout ça...Les restes de la drogue certainement.

Les filles finissent de me détacher et me remettent debout. Le jour commence à se lever. On peut distinguer au loin les lueurs de la ville. La fraîcheur de la nuit mêlée aux effluves de la forêt et des fleurs du parc me transportent loin de ce jour, loin de ce monde. Marcher dans l'herbe humide me rappelle le temps où avec Nicolas nous étions encore ensemble. Nous aimions parfois nous lever tôt et nous installer sur les transats du balcon, pour profiter du calme du jour pas encore vraiment levé, des sons de la nuit combinés à ceux du matin...Ce croisement entre les deux. Comme la frontière entre deux mondes. Nous aimions ce moment précis où le jour qui arrivait était encore une promesse de belles choses. Ensuite, nous rentrions et nous prenions un café ensemble pendant que les enfants dormaient paisiblement. Nous prenions notre petit déjeuner en pensant à la chance que nous avions de vivre cette merveilleuse histoire. Et un jour, il y a eu l'autre...après ça, les jours n'étaient plus des promesses de bonheur, ils n'étaient que des tentatives de survie. Chaque jour qui passait était un jour de plus où j'étais encore debout. Les enfants m'aidaient à tenir le coup...ils me rappelaient que notre histoire n'était pas un rêve, que nous l'avions bien vécue. Il a fallu du temps pour accepter que Nicolas soit parti...et hier j'ai eu l'impression que nous allions nous retrouver à nouveau. Je sais que tout ça peut paraître ridicule, mais je reste convaincue que c'est lui qui m'a envoyé ces messages la nuit dernière. Je regarde mon téléphone...il n'y a rien. Absolument rien. Tout a disparu...Comment est-ce possible ?

C'était vraiment un rêve alors ? Je suis si déçue. Cette drogue était vraiment puissante. Alors que nous marchons pour retourner au lieu de la réception, je réalise soudain que ma robe est couverte de terre et de feuilles, que mes cheveux sont dressés sur ma tête et que mon maquillage doit avoir l'air de vouloir se suicider. Je tiens mes chaussures à la main et me balade pieds nus. Les oiseaux commencent à chanter et l'arrosage automatique se met en marche. Avec les filles nous sommes surprises par l'eau qui vient atterrir directement sur nos vêtements. Nous poussons des cris de surprise et nous mettons à courir à travers le gazon. Nous arrivons à échapper aux tuyaux d'arrosage et nous arrêtons sur les graviers. Nous réalisons après quelques secondes que tous les regards sont rivés sur nous et éclatons de rire. C'est dans ces moment-là que je me dis que rien n'est grave, que la vie est bien faite, que rien n'arrive par hasard et blablabla jusqu'à ce que je vois Nicolas déposer un baiser sur la joue de Tania.