Chapitre 16: Le paradis avant l'enfer.

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Je ne sais comment expliquer ce qui est arrivé. Tout allait pour le mieux, enfin, c'est une façon de parler. Tout allait pour le mieux sur la planète Emy Duval. Je venais d'apprendre que mon ex, l'homme que j'aime le plus au monde avait décidé de quitter la région, tout ça après avoir admis qu'il m'aimait encore...Il me l'a avoué la veille, mais tout de même...Ses sentiments sont aussi changeants que la météo. Depuis quand dit-on à une personne qu'elle nous manque, qu'on l'aime toujours pour ensuite lui annoncer qu'on déménage loin d'elle ? C'est une nouvelle loi ? C'est une plaisanterie ? Un nouveau challenge sur Tik Tok ?

Après être sortie de la gendarmerie, Françoise et moi avons échappé à la surveillance du policier qui montait la garde. Françoise avait envie d'aller danser et moi je rêvais de boire du champagne. Ensemble, nous devions passer une superbe soirée. C'était sans compter sur la garde rapprochée de Nino qui avait décidé de venir avec nous. Les enfants étaient restés à la maison avec Gueguette et Gigi qui n'avaient pas envie de faire la fête. Trop épuisées après la journée à la gendarmerie et la visite à l'hôpital pour distribuer les doudous que nous avions tricotés aux enfants malades.

Alors que Gueguette et Gigi regardaient paisiblement les aventures d'une quadra en manque de sexe à la télévision, Françoise, Nino et moi passions par la porte de la cuisine pour rejoindre la rue opposée à celle où le policier montait la garde. C'était un peu simple comme plan mais ça a marché. Ils ne nous ont pas mis le GIGN non plus, c'était juste un policier qui devait surveiller la maison afin de dissuader tout individu mal intentionné de venir me trancher la gorge...oh mon Dieu, lorsque je pense à ça, j'en ai encore des frissons.

Nino a décidé de prendre sa voiture...vu que Françoise avait la sienne chez elle et que la mienne était garée juste devant la maison, à côté de celle du policier. C'était tout excités que nous roulions les fenêtres ouvertes vers une soirée qui s'annonçait très festive. Nino cherchait à oublier sa condition d'homme bisexuel célibataire sans enfant avec un début de calvitie, Françoise chantait plus fort que d'habitude pour couvrir le bruit de ses nuits trop silencieuses depuis qu'elle et Georges s'étaient quittés, et moi, je cherchais à oublier l'homme de ma vie, le père de mes deux enfants, mon existence de mère célibataire, ma peur de vieillir seule avec mon frère, et pire... de vieillir seule avec mon frère et des chats. Je nous imaginais tous les deux, en train de boire le thé pendant que les chats nous passeraient à côté, faisant mine de nous ignorer et miaulant pour que nous leur changions la litière ou que nous leur ouvrions la porte afin qu'ils aillent faire un tour dehors et miaulant encore pour que nous leur ouvrions parce que dehors le sol serait mouillé, parce qu'il aurait plu...et que ces foutus chats n'aiment pas la pluie, ou qu'ils trouveraient que ce serait drôle de nous faire ouvrir et fermer la porte...Voilà mes pensées négatives, voilà ce que je craignais...mais le pire dans tout ça...c'est que ce n'était même pas le serial killer qui me faisait peur, c'était vraiment l'idée d'avoir une vie tellement moins sympa que celle de mes parents.

Pendant que Nino chantait à tue-tête avec Françoise « je suis libertine, je suis une catin » je me regardais dans le miroir de la voiture. Je ne voyais que les ombres que m'offrait la lune dans cette nuit de début de printemps. Mes cernes étaient plus creusés que d'habitude et mes rides paraissaient de véritables tranchées sur mon visage...ce sont les sillons de toutes mes émotions, mes rires, mes joies, mes peines. Chaque ride est un cadeau de la nature, une façon de me dire que je suis en vie...ça c'est ce que disent les influenceuses sur les réseaux, celles qui prônent le bien-être dans un corps sain. Pfff, elles ont toutes une peau de rêve et corps parfait. Je les déteste.

Alors que nous roulions tous les trois vers cette nuit d'ivresse et d'oubli, nous vîmes un homme nous faire signe de nous arrêter sur le bord de la route. Il avait mis les feux de détresse sur son véhicule et portait un gilet réfléchissant. Nino mit son clignotant pour s'arrêter à sa hauteur et baissa la vitre pour lui parler.

Tu finiras seule...avec des chats. Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant