Chapitre 3: Le passé, c'est une ombre qui reste attachée à vous.

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Journal

Je te regarde, tu es sublime. Je ne sais pourquoi j'ai fait ça...peut être pour t'éviter de souffrir. J'ai vu comment tu regardais Tania, j'ai vu comment Nicolas la dévorait des yeux. Tu souffrais, et rien que pour ça, elle méritait de disparaître. Nous sommes unis par des liens sacrés que tu ignores...jamais je n'ai cessé de penser à toi depuis le jour de notre rencontre. Tu ne sais probablement pas que j'existe, ni qui je suis.

Emy, je te voie encore danser au Chikipop dans cette robe moulante...lorsque mes yeux se sont posés sur toi, j'ai d'abord pensé que je rêvais, que l'alcool m'était monté à la tête. Mais je n'avais bu que du Perrier. Je me demandais qui tu étais, comment je ne t'avais pas vue avant. Tu avais cette façon de rire avec tes copines qui donnait envie de rire aussi. Un rire contagieux. Tous autour de toi étaient joyeux. Vous aviez probablement consommé beaucoup de substances illicites. Il y avait cette grande femme à l'allure de mannequin qui te tendait un joint, elle semblait beaucoup t'aimer. Elle avait des airs de Monica Belluci dans sa robe fourreau. J'ai su après qu'elle s'appelait Françoise...une très belle femme cette Françoise. Au début, j'ai pensé que vous étiez venues toutes les deux, mais j'ai vite compris que ce n'était pas le cas lorsque Louise, Gigi et Huguette ont chanté dans le micro du Dj « Joyeux anniversaire Emy ! » et que tu t'es écroulée en larmes. Des hommes torse nus ont apporté un immense gâteau décoré de bougies d'où jaillissaient des millions d'étincelles. On se serait cru au décollage d'une fusée. De ce gâteau est sorti un gogo danseur avec pour seul vêtement un nœud papillon à l'entre jambe. Tu étais si surprise que tu n'osais pas bouger devant le jeune homme bodybuildé. Il a suffi que Françoise fasse mine de te le prendre pour que tu réagisses. Tu lui as mis un coup de hanche pour la pousser et tu t'es lancée dans une chorégraphie langoureuse avec le jeune éphèbe. Tes copines t'ont rejoint et vous avez fait la fête jusqu'au petit matin. Je crois même que Françoise a aidé le patron à passer l'autolaveuse au sol, mais je n'en suis pas sûr...c'est ce que dit la légende.

Emy, jamais je n'oublierai le jour où je t'ai vue flirter avec cet acteur Joan Camisanegra...Je ne sais pas ce qu'il est devenu lui...tu lui as brisé le cœur.

Et ce Robert...Rob comme tu aimais l'appeler. Plus de nouvelles non plus ? Il est mort d'une fracture du cœur aussi.

Et puis il y a eu Nicolas...le Nicolas que tu aimes encore. Vous avez vécu l'amour fou, la passion...vous avez eu les jumeaux...les nuits trop courtes, les journées épuisantes avec des enfants toujours en demande...Tes copines ont eu beau se relayer pour vous soulager...Louise, Gigi, Gueguette...les reines de la nuit se sont transformées en Babysitters...

Mais sans qu'on ne sache comment ni pourquoi...Nicolas s'est mis à rentrer de plus en plus tard, prétextant des réunions, du travail à finir, un repas professionnel...et un jour il y a eu le SMS, celui que tu ne voulais pas voir. Ce message d'une inconnue sur son téléphone à lui. Elle lui disait qu'il lui manquait...message accompagné d'un petit cœur, d'une aubergine, d'une courgette, d'un avocat, d'une pêche et de tous les emojis de fruits et légumes du répertoire. Elle devait être maraîchère.

Il te disait que c'était une erreur. Mais l'erreur s'appelait Lolo.

L'erreur était tenace puisqu'elle s'est mise à lui téléphoner, et puis un jour...un jour il n'est pas rentré. Le lendemain vous aviez une explication. Probablement la plus douloureuse de ta vie. Nicolas voulait divorcer. Tu t'es confiée à Gigi au « Chikipop by day », vous preniez le café, elle te séchait les larmes que tu n'arrivais pas à verser.

Les filles vous ont rejoint, vous avez parlé pendant des heures...elles souffraient pour toi, avec toi. Françoise était furieusement dévastée. Ça la rendait terriblement belle.

Après ça, tu t'es refugiée chez toi. Tu n'es pas sortie de deux mois. Tes parents venaient te chercher les petits et tes copines allaient faire tes courses et prendre soin de ton chagrin. Tu ne voulais voir personne...même pas toi. Tu ne te coiffais plus, ne t'habillais plus et tu dormais à peine. Tu buvais du vin avec tes copines en regardant des séries sur Netflix. Quand vous en avez eu marre des séries et du vin, vous êtes revenues au tricot. Le seul remède contre le chagrin tenace. Tricoter pour les petits, les grands, les sans-abris et les trop pauvres, les démunis. Vous avez tricoté tout le chagrin de la terre...vous avez laissé dans chaque point, chaque maille quelques larmes. Un beau matin, après avoir tricoté l'équivalent d'un tour du monde en pelotes tu t'es rendu compte que tu n'avais plus mal au cœur. Que tu pouvais à nouveau prononcer son nom sans avoir envie de pleurer. Désormais, la seule chose qui te donnait envie de pleurer était ta silhouette. Entre les crèmes glacées, les chips, le vin et les longues heures de canapé Netflix et tricot...la balance affichait quinze kilos de plus.

En te réveillant ce matin-là, tu n'avais plus mal au cœur...tu as juste mis ton survêt et tes basquets et tu es partie courir ma douce Emy. Tu n'aurais pas dû y aller...Ce n'était pas encore le moment, et Dieu sait que j'aime les joggeuses. Je les aime vraiment. Surtout quand elles se mettent à courir de plus en plus vite...qu'elles semblent effrayées.

Tu es partie courir sans penser un instant que cela pouvait être dangereux.

En t'enfonçant dans la forêt, juste après le petit lac, tu n'as pas vu le danger approcher, tu n'as pas vu les racines de cet arbre sur le sentier. Tu regardais le ciel, les oiseaux et peut être les nuages...je ne sais ce que tu regardais mais une chose est sûre, tu n'as pas vu les racines. Tu as juste hurlé en tombant de tout ton poids face contre terre. Je n'ai pas eu le temps d'arriver, un joggeur t'as secourue. Il t'a aidée à te relever...tu avais très mal à la cheville. Gentiment, il t'a accompagnée à la pharmacie la plus proche...il est resté avec toi. Il s'appelait Victor. Il t'a aidé à te déplacer et t'a même emmenée à l'hôpital pour faire une radio de cette vilaine cheville car à la pharmacie ils ont dit « il vaut mieux faire une radio, c'est plus prudent ». Est-ce bien prudent de se retrouver avec un parfait inconnu dans une voiture ? A l'hôpital il a attendu que ton frère arrive pour te laisser. Il était très gentil Victor, charmant. Mais tu ne l'as pas revu...pourtant tu l'as appelé au numéro qu'il t'a donné. Quel dommage...il n'a jamais répondu ou il n'a jamais reçu l'appel...

Après avoir soigné ton entorse, tu as repris le sport, tu as repris aussi une alimentation plus saine, et tes kilos se sont envolés comme ta peine.

Nicolas n'est plus avec Lolo, c'est une certaine karina qui l'a remplacée, ensuite une Sophie...Nicolas enchaîne les relations depuis votre divorce. Toi, tu as parfois des aventures d'un soir, mais seulement quand tu te sens vraiment seule. Curieusement, ils ressemblent tous à Nicolas. Tu essaies de l'oublier...mais tu le ramènes toujours à toi.

Ma douce Emy, je te regarde, je veille sur toi. Tout ce que je fais, je le fais pour toi. Ca, depuis le jour où j'ai posé les yeux sur toi.

Nous sommes unis par des liens sacrés que tu ne connais pas.

La statue devait tomber...jamais je ne laisserai quelqu'un te faire souffrir.

Tu sais, je suis avec toi...quoi qu'il arrive je serai toujours là.

Un jour viendra où tu seras mienne...et je te conserverais pour toujours.

Ce jour n'est plus très loin.

Je suis lui, celui que tu vas aimer, celui dont tu ne pourras plus jamais te passer.

Lorsque tu succomberas ma douce et jolie Emy, je sais que jamais tu ne regarderas un autre homme que moi. Je prépare ce jour depuis si longtemps. Je ne suis jamais loin, je suis tapi dans l'ombre ...je ne vais pas tarder à me montrer.

Je te regarderai sourire...éternellement.

Tu finiras seule...avec des chats. Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant