Prologue

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"ℐ 𝒹ℴ𝓃'𝓉 𝓌𝒶𝓃𝓉 𝓉ℴ 𝓁ℴℴ𝓀 𝒶𝓉 𝒶𝓃𝓎𝓉𝒽𝒾𝓃𝑔 ℯ𝓁𝓈ℯ 𝓃ℴ𝓌 𝓉𝒽𝒶𝓉 ℐ 𝓈𝒶𝓌 𝓎ℴ𝓊, ℐ 𝒸ℴ𝓊𝓁𝒹 𝓃ℯ𝓋ℯ𝓇 𝓁ℴℴ𝓀 𝒶𝓌𝒶𝓎..."

An 837, l'air poussiéreux de cette ville souterraine venait salir ses poumons alors qu'il passait la porte de leur base. Isabel, cette petite aux cheveux rouges qu'il aimait voir comme sa petite sœur, était affalée sur le sofa, blottie contre Furlan.

Les deux plus grands voleurs de cette cité sous-terre l'avaient recueillie, en la trouvant littéralement étalée sur leur palier, tenant dans ses bras un petit moineau de la surface. Elle était restée à leurs côtés, profitant de leur protection pendant qu'ils appréciaient sa joie de vivre à toute épreuve.

Livaï, rentra enfin chez eux, là où il avait trouvé un semblant de foyer, dans une démarche silencieuse, passa devant cette scène attendrissante et entreprît d'éteindre la flamme vacillante dans la lampe à huile. Il souffla un bref coup, ne soulevant aucun grain de poussière qu'il aurait oublié dans son nettoyage assidu. La seule lumière restante provenait du bureau, éclairant faiblement la pièce commune de leur appartement ancien.

Il savait pertinemment qu'il ne dormirait pas plus d'une heure cette nuit, car l'exercice physique s'était fait insuffisant pour le fatiguer jusqu'à ce qu'il tombe de sommeil, affalé sur le dossier d'une chaise. Il partit donc vers le bureau pour faire les comptes sur leur dernier butin. Une cargaison de céréales provenant de la surface, telle était la dernière livraison qu'ils avaient habilement saboté, à l'aide de leurs équipements militaires.

La plus jeune du groupe, qui n'avait jamais manipulé la tridimensionnalité deux semaines auparavant, s'était rapidement habituée à flotter dans les airs. Elle adorait plus que tout être suspendue à ces câbles, qui lui donnaient cette étrange sensation que son corps voler, porté par l'air épais des sous-terrains.

Quant au brun qui menait cette petite bande, il ne s'était jamais réellement senti en difficulté face à cette manipulation, qu'il savait pourtant difficile pour les soldats de la surface.

Mais il avait souvent mis ceci sur le compte de l'instinct de survie, qui les poussait tous les trois, à dépasser leurs limites pour ne jamais se faire rattraper par leurs ennemis.

Leurs caisses se remplissaient peu à peu, mais à cause des augmentations de prix des laisser-passer, leur sortie des bas-fonds se retrouvait retardée. Seulement, là était leur unique objectif, et cette idée de sortir pour s'extirper de son passé misérable l'obsédait.

Il s'accouda à la rambarde de la terrasse, donnant sur la ruelle étroite où trainaient des voyous qu'il avait déjà aperçu dans le coin. La mélodie d'une guitare atteint ses oreilles, et il se surpris à se détendre au son de ces cordes.

Alors qu'il divaguait dans son esprit calmement, il sentit une présence s'approcher à côté de lui, pour se placer à sa droite.

C'était cette petite aux cheveux écarlates, celle qui l'appelait « grand-frère » et qui ressemblait à un enfant voyant le monde sous un autre angle. Elle avait dû se réveiller en laissant Furlan sur leur sofa, couvert d'une fine couverture.

-Va te coucher Isabel, on a des trucs à faire demain. Déclara-t-il déjà sur la défensive alors qu'elle n'avait pas prononcé le moindre mot.

Son sourire niais se déforma pour laisser apparaitre une mou boudeuse sur son visage enfantin.

-Arrête un peu, je suis pas une gamine ! Râla-t-elle contre son ami à l'expression toujours aussi indifférente et sérieuse.

-Dis-moi ce qui ne fais pas de toi une gamine, vas-y. Répondit-il, en sachant pertinemment qu'il avait provoqué la rousse.

-Très bien ! Je te signale qu'on a quasiment le même âge déjà ! S'exclama-t-elle, comme si son argument était implacable. Ensuite, je pourrais dire que je suis très forte avec l'équipement !

-Hm... Ça ne prouve pas grand chose... Et puis, t'as toujours du mal à suivre Furlan en manœuvre. Reprocha-t-il à la jeune fille, qui rougissait de colère et d'agacement.

-Ce n'est pas parce que tu as l'air d'être né avec ce truc sur toi que je ne suis pas aussi dégourdie avec !

Soudain Isabel changea subitement d'expression, ayant laissé son esprit divaguer vers d'autres questions qu'elle voulait poser à son camarade si mystérieux.

-Dis, tu ne m'as pas dit où sont tes parents toi...

Elle avait pris un ton plus calme, voyant que l'heure n'était plus à leurs chamailleries quotidiennes.

-Ma mère est avec celle de Farlan, et mon père... c'était sûrement un con, alors je me fiche bien de ce qu'il est devenu.

Ces mots n'heurtèrent pas tant que ça l'adolescente, ayant vu la même misère que Livaï depuis sa plus tendre enfance. Elle aussi avait perdu ses parents, et c'était comme ça qu'elle avait commencé à vivre seule.

-Si j'ai des enfants un jour, je les emmènerai là-haut ! Mais bon pour ça, il faudrait déjà que je trouve l'argent pour nous sortir d'ici... Dit-elle, d'une voix mélancolique et pourtant très touchante, même pour lui.

Elle se tourna dos à la rambarde, et posa ses yeux sur la pièce en face de la terrasse, d'où elle apercevait Furlan, qui dormait tranquillement dans la pièce à vivre.

-On y arrivera, ne t'en fais pas... Répondit Livaï, d'un air déterminé et serein en voyant le regard tendre de son amie pour le blond.

Elle lui sourit franchement, avant de retourner dormir un peu pour ne pas louper l'heure du réveil imposée par le brun, le laissant seul songer à cette vie future qu'il visualisait déjà.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋 | Acte II : 𝓕𝓮𝓪𝓻𝓵𝓮𝓼𝓼Où les histoires vivent. Découvrez maintenant