Chapitre 16 : Renouveau

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Grimpant sur un chariot, elle passa une des bottes de foins, transportées pour nourrir les chevaux résidant dans les écuries du bâtiment. Les gouttes de sueur perlaient sur son visage, certainement à cause de la tâche éreintante usant son bras et le rendant presque douloureux.

Mais dans son esprit ne flottait que cette image, cette sensation, lui permettant d'oublier tous ses sens actifs. La poussière atteignant son odorat, et la chaleur affaiblissant sa peau ne semblaient pas réelles comparées à ces souvenirs encore frais. Elle se perdait dans son imagination effervescente, le regard dans le vide tandis que son camarade attendait l'arrivée d'une énième botte, aussi lourde qu'un tonneau.

-Hé, Petra ! T'es avec nous ou quoi ? Lui demanda alors Auruo plein de dépit face à la dispersion de son amie.

-Oui, excuse-moi ! Répondit-elle aussitôt, perdant son sourire naissant en revenant à la réalité, confuse.

Il était loin d'être dupe, et connaissait la rousse suffisamment bien pour savoir que quelque chose occupait ses pensées, et que ceci était loin d'être l'exercice donné par le capitaine de la garnison. Alors qu'il laissait tomber un autre de ces poids sur les pavés de pierre, il s'agaça presque du comportement étrange de sa coéquipière. La dernière fois qu'il l'avait vu ainsi, il revenait tout juste des congés des fêtes de fin d'années, qu'elle avait passé avec leur caporal.

Inutile d'être ingénu pour deviner qu'ils avaient dû se rapprocher ce soir-là, même s'il n'en avait pas eu la confirmation directe, son comportement s'était rapproché de celui qu'elle avait en ce moment même. Seulement, en constatant qu'ils commençaient à sérieusement ralentir le rythme, il pensa que rejoindre les autres soldats pour un dîner serait une idée agréable.

-Allez, viens. On finira ça demain, tout le monde est déjà en train de manger de toute façon. Dit-il, plus doux dans son intonation.

-Hm, tu as sûrement raison.

Autour de la table, les quatre soldats discutèrent des avancées des soldats vérifiant le mur, de l'état inquiétant du major, mais l'absence mentale de Petra fut bien assez vite remarquée dans la conversation.

-Petra, tu es sûre que tout va bien ? Tu es bizarre depuis que le caporal est arrivé... Déclara Erd, presque innocemment alors que les deux autres hommes lui lancèrent le regard le plus outré qui soit.

Elle cru recracher l'eau qu'elle venait de boire à la remarque parfaitement juste de son ami, mais tenta de camoufler son étonnement en avalant difficilement.

-Mais oui, voyons c'est seulement que je n'ai pas hâte de reprendre ses entraînements intensifs ! Répondit la rousse en insistant sur le rire qui rassura uniquement le blond parmi leur escouade.     

Leur repas s'acheva de la sorte, et Petra tenta d'atténuer son embarras en plaisantant avec le seul ayant l'air de ne la soupçonner d'aucune sorte. Ce qu'elle ignorait, c'était qu'Erd restait le membre le plus observateur de leur équipe, et qu'il n'avait pas manqué une seule occasion pour débusquer sa coéquipière et la nature de sa relation avec leur supérieur. Son jeu d'acteur avait plutôt bien fonctionné, étant donné qu'il était persuadé que quelque chose se tramait dans leur dos.

Il n'avait aucune mauvaise intention, cependant, il espérait réussir à mettre Petra à l'aise à propos de ses sentiments pour qu'elle puisse leur en parler d'elle-même, ce qui n'était malgré tout pas gagné d'avance.

Une fois remontée dans sa chambre, elle se souvint de ce à quoi elle avait pensé tout au long de la journée. Alors, après avoir constaté le sommeil profond des soldates dormant dans sa chambre, elle s'éclipsa de la pièce, plongée dans un noir total.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋 | Acte II : 𝓕𝓮𝓪𝓻𝓵𝓮𝓼𝓼Où les histoires vivent. Découvrez maintenant