Chapitre 17 : Appréhension

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La brise extérieure s'était comme subitement arrêtée, comme les bruits nocturnes, à l'instant où il avait prononcé ces quelques mots. Il avait presque peur de sa réaction se demandant si il n'était pas allé trop loin en lui annonçant une mesure professionnelle. Seulement, le soutien d'Hanji à ce propos avait plus été une pression, et ses sentiments personnels ne pourraient jamais restées indépendants de cette décision.

-Attends une seconde, ce n'est pas à cause... de nous ? Se questionna-t-elle soudain sur la raison de cette brusque déclaration, sonnant presque comme un évènement dramatique.

-Non, c'est nécessaire. Je voulais simplement t'en parler pour connaître ton avis.

Il baissa les yeux, alors qu'elle s'était redressée, laissant le drap découvrir sa nudité d'une pureté divine. Sa peau pâle reflétait la lumière bleutée de la lune, comme ses yeux laissaient transparaître la moindre de ses émotions. Et à cet instant, il devina que sa déclaration l'avait rendue perplexe.

-Tu vas la changer, mais à quel niveau ? Tu vas garder Erd, Gunther et Auruo n'est-ce pas ?

Il réagit alors lorsqu'elle se mit à penser qu'elle serait la seule à partir.

-Hé, Petra. Je ne vais renvoyer personne. A vrai dire, nous serons certainement plus nombreux. C'est Hanji qui l'a suggéré car nous devons nous préoccuper de la situation d'Eren et Historia. Aucun d'entre vous ne devra partir.

« Et surtout pas toi... » Songea-t-il alors, tout bas dans son esprit, enfin en accord avec son cœur.

-Tu penses prendre le reste des camarades de la 104ème ? C'est juste que, à cinq soldats, en protéger deux, dont Eren qui est loin d'être le plus calme, va être compliqué.

-J'en ai bien conscience, mais les nouvelles recrues devraient être sous les ordres d'autres soldats. Même si vous êtes leurs aînés, vous ne pourrez pas leur donner des ordres directement, et je ne peux pas être partout.

Elle se dit que le changement aurait pu l'effrayer, cependant, elle se réjouissait pour Eren que ses amis puissent le rejoindre dans l'équipe. Et après tout, elle avait appréhendé l'aveu de ses sentiments à son cher caporal, et elle se trouvait à présent sans regret dans ses draps, heureuse et comblée d'amour.

-Tu sais, je ne fais qu'un suggestion, mais Erd, Gunther et Auruo sont de très bons soldats et ils pourraient t'assister dans les prises de décisions.

Livaï prit alors sérieusement en compte la remarque de la rousse, qui lui proposait de faire de ses trois camarades des seconds, qui pourraient le soutenir lui à mener une escouade de cette envergure.

En réalité, il n'avait pas peur de ne pas savoir comment maîtriser ces jeunes soldats, mais il refusait catégoriquement de remplacer les soldats d'élites déjà présent dans son équipe.

-Tu veux dire une sorte de promotion ? Je dois en parler avec Hanji. C'est elle qui a commencé tout ce débat. Même si la décision finale revendra à Erwin. Déclara-t-il alors, déjà fatigué de la conversation qu'il devrait avoir avec la brune.

-En parlant de ça... Tu comptes toujours aborder le sujet à son réveil ?

Elle n'eût aucunement besoin de préciser de quel fameux sujet parlait-elle, car cela se trouvait être la plus grande inquiétude du brun, et la pensée omniprésente durant ses insomnies.

Il fixait le plafond, fait de ces planches usées rongées par le temps, d'une certaine manière, il leur ressemblait un peu. Ses peurs le dévoraient plus que tout, notamment lorsqu'elles étaient liées à elle.

Il ne pouvait plus la perdre. Mais le destin serait-il de son côté cette fois-ci ?
Et par dessus tout, Erwin serait-il de son côté ?

-Je réfléchis encore à comment je vais annoncer la chose. Je ne sais pas trop comment faire pour être honnête.

-Tu sais que je peux t'aider si tu en as besoin. Dit-elle, se sentant particulièrement concernée.

-Non. Je suis celui qui doit porter cette responsabilité par rapport à Erwin. Je ne veux pas te mettre en difficulté face à lui alors que tu es ma subordonnée.

Il voulait lui épargner cette discussion s'annonçant dors et déjà complexe, et par dessus tout, il refusait de confronter Petra à ce stratège pouvant se montrer redoutable.

-Livaï.

Il tourna alors ses perles bleutées vers ses yeux en amandes, l'observant comme s'il était le plus incroyable des hommes, et porta toute son attention vers sa voix, et son sourire.

-Si c'est pour être avec toi, rien ne sera trop dur à surmonter.

Elle porta sa main délicate vers la joue reflétant une couleur bleue nuit, et s'approcha tendrement de ses lèvres. Ils se frôlaient l'un l'autre, au rythme des feuilles caressant les pavés avant de venir calmement se poser au sol, dans la mélodie du silence.

Sa main ferme venait au contact de son dos, mince et formant des courbes parfaites, de sa taille jusqu'à ses hanches. Ses mèches rousses se penchant vers son visage, alors qu'elle revenait l'embrasser avec la douceur d'une brise d'été, lui chatouillaient agréablement les joues.

Le sommeil vint les accueillir dans leur étreinte, sa chevelure s'étalant sur son torse, alors qu'il fermait doucement ses yeux dans la chaleur de son contact.

Quelques heures passèrent, il se réveilla quelques fois dans la nuit, redécouvrant son expression adorablement endormie, mais lorsque les premiers rayons clairs parurent à la fenêtre, il ne put les empêcher de venir troubler son sommeil.

Ses pupilles ambrées se dévoilaient après des battements de cils, et s'ouvrirent sur une vision des plus divines. Ses cheveux de jais entourant son visage lui laissaient le loisir d'admirer les couleurs s'entremêlant dans ses yeux.

-Je n'avais jamais vu des yeux aussi bleus. Dit-elle, posant son menton face à lui.

-Ils sont plutôt gris il me semble. Ils brillent seulement quand ils te regardent.

Elle rit alors de son rire candide, et vint glisser sa main dans les cheveux du caporal, d'humeur charmeuse et presque taquine en cette matinée qu'il partageait avec elle.

Le regard de la rousse se tourna vers le ciel, et elle comprit qu'elle n'allait pas tarder à être en retard. Elle tendit le bras, et vint s'écarter du corps sculpté de Livaï à regret, ramassa ses vêtements ayant volé la veille et commença à se rhabiller.

Son supérieur assis sur le matelas observait la jeune femme, remettant délicatement sa chemise de nuit, mais avant que le tissus ne puisse couvrir sa taille, il vint déposer un baiser en bas du dos de Petra.

-Ah ! Arrête, je vais vraiment être en retard. Je vais devoir trouver une excuse pour prétexter que je n'étais pas dans mon lit ce matin.

-Tu n'as qu'à dire que le caporal-chef Livaï t'a convoqué très tard dans la soirée, pour affaire administrative. Déclara-t-il alors, comme si cela était la chose la plus naturelle du monde.

-Je ne sais pas ce qui te met de si bonne humeur, mais essaie de redevenir sérieux avant de parler avec les soldats. Ils vont trouver ça bizarre. Plaisanta-t-elle, en attachant le noeud au col de son vêtement.

Il souffla doucement, baissant la tête avant d'enfiler à son tour son uniforme. Seulement, avant qu'il n'ai le temps ne nouer son foulard blanc autour de sa chemise, il la sentit le saisir.

-Laisse, je vais le faire.

Elle s'appliqua à faire correctement son ouvrage, se remémorant cette matinée où elle l'avait fait pour la toute première fois. Après ce court instant, penchés vers ce fameux foulard, ils relevèrent la tête simultanément, et s'embrassèrent comme si cela était de coutume.

Elle s'approcha de la porte, ouvrit sans faire attention mais soudain, son expression niaisement souriante se changea aussitôt en choc. En effet, la porte à la droite de celle du caporal accueillait une autre membre bien connue du bataillon d'exploration.

-Petra ?! Dans la chambre de... Livaï ?! Mais non ! S'exclama aussitôt la brune à lunette.

Le caporal, dans l'entrebâillement de la porte, faillit s'évanouir à l'entente de ce ton bien trop familier.

-Hanji...

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋 | Acte II : 𝓕𝓮𝓪𝓻𝓵𝓮𝓼𝓼Où les histoires vivent. Découvrez maintenant