Chapitre 9 : Courage

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Un crayon tomba sur les planches en bois, recouvertes par un tapis aussi ancien que les murs de la pièce. La nuit était calme, comme si la tempête avait dévasté la moindre source de bruit alentour avant de disparaître, hors d'atteinte.

Et ce sang, qui l'avait hanté dans ses pires cauchemars, couvrait une fois de plus le papier à lettre, qu'il devait écrire sans ressentir la moindre honte. Mais il n'avait peut-être pas tout perdu, il n'avait beau avoir plus le sentiment d'être humain, il l'avait elle.

Dos à lui, la lune brillait de son plus bel éclat, baignant de lumière les toits et les sommets des murs d'une blancheur scintillante. D'un mouvement de main las, il releva les mèches de cheveux ébènes perturbant sa vue, avant de se laisser tomber sur le dossier de son siège, épuisé.

Ses paupières battaient lentement, laissant son esprit se relaxer quelques secondes avant de reprendre son écriture. Seulement, lorsqu'il tourna innocemment les yeux vers la vitre donnant sur la rue de l'auberge, il cru nager en plein rêve.

Dans la nuit noire, et depuis quelques minutes déjà, elle marchait sur les pavés de pierres du district de Trost, vers cette personne qui semblait appeler
son cœur sans arrêt. Un châle recouvrait ses épaules, la protégeant du courant d'air printanier tandis que son pas se ralentissait.

Petra arrivait devant le bâtiment où logeait son supérieur, se trouvant non loin de l'hôpital. Elle l'avait aperçu rentrer dans l'établissement chaque soir et avait compris qu'il n'avait pas voulu quitter la ville.

Seulement, elle ne savait pas qu'il l'avait fait pour rester auprès d'elle le plus longtemps possible. De fin claquements se firent entendre sur le sol. De fines gouttes rebondissaient au rythme de sa respiration, s'accélérant progressivement.

Et ce fut à son tour de courir dans les escaliers de l'auberge, passant pour un dégénéré pour les clients du bar et le patron, étonné de voir l'homme le plus mystérieux sous ce toit, se précipiter à l'extérieur.

Il était sorti aussitôt après l'avoir vu dehors, ne pouvant pas réaliser ce qui se dévoilait sous ses yeux. Arrivé dans la rue, il tourna impatiemment la tête, la cherchant du regard, et tomba finalement sur sa silhouette.

Livaï ne l'avait jamais trouvé aussi belle que sous cette fine pluie battante, et observa immobile son visage baigné au clair de la lune. Haletante, elle restait trempée couvée par les pupilles bleutées de son supérieur, incapable du moindre mouvement.

Le temps sembla s'arrêter à l'instant où il fit un pas vers elle, laissant ses doutes s'évanouir derrière lui. Sa chaussure éclaboussa la route déjà trempée, et il ne quitta pas une seule fois le regard ambré de la jeune femme se tenant devant lui.

Elle lui sourit, et dans le besoin de la sentir près de son cœur, il serra plus que jamais ses frêles épaules entre ses mains. Ses paumes glacées glissèrent le long des bras de la rousse, et elle finit par le laisser saisir les siennes.

Sans un mot, il approcha peu à peu son visage de celui de la rousse, tremblant à son contact.

-Tu ne devrais pas être là... Déclara-t-il dans un murmure discret, comme une confidence lui faisant remarquer sa folie.

-Vous voulez que je parte ? Demanda-t-elle, lui rappelant le soir où elle avait dévoilé tout ce qu'elle ressentait à son égard.

Un frisson traversa le long du dos svelte du brun, avant qu'il ne l'attire vers la porte sans un regard pour les consommateurs tardifs. Accourant presque jusqu'à la chambre de Livaï, elle faillit bien trébucher à cause des pas précipités de l'homme tenant fermement sa main.

Il ne détendit pas un seule fois son visage, conservant son regard sérieux et troublé par la spontanéité de la rousse. Mais en fermant la porte derrière eux, il bloqua la jeune femme contre celle-ci, appuyant son bras trempé au dessus de ses cheveux roux.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋 | Acte II : 𝓕𝓮𝓪𝓻𝓵𝓮𝓼𝓼Où les histoires vivent. Découvrez maintenant