Chapitre 1

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Je ne peux pas esquiver la poignée de main et les présentations qui s'en suivent et, lorsque vient mon tour, un silence pesant s'installe durant lequel l'homme m'observe les yeux plissés avant de me sourire mesquinement puis de me tendre la main. Je la lui serre et me présente :

— Arthur Dupuis, enchanté monsieur Conner.

L'homme a une poigne ferme presque douloureuse, peut-être se venge-t-il ?

— Arthur, tu viendras dans mon bureau une fois que j'aurai fait le tour de l'entreprise.

Mon cœur s'emballe tout à coup. Il ne va tout de même pas me virer pour si peu, si ? J'ai peut-être réagi comme un connard, mais rien de tout cela ne se serait passé si M. Conner ne s'était pas comporté comme un trou de cul ! Et puis s'il me licencie, je ne me laisserai pas faire ! Cela ne doit pas être légal de virer un employé parce qu'il a renversé du café sur votre chemise.

Je passe le reste de la matinée à ruminer. Viré, pas viré ? Mon pied tape nerveusement contre le sol et j'ai les mains plongées dans mes cheveux châtains et me gratte le crâne nerveusement.

— Ben alors, ça va pas ? demande Margaux. Depuis que le nouveau directeur est arrivé, t'es tout tendu, ajoute-t-elle.

Je lui explique alors ce qu'il s'est passé le matin même et Margaux éclate de rire.

— Hahaha ! C'est bien ton genre ça ! T'as vraiment la poisse. Mais je pense pas qu'il va te virer pour si peu. Je pense que tu devrais t'excuser simplement.

— M'excuser ? je m'exclame. Alors que c'est lui qui a commencé !

— Vingt-cinq ans et tu sors toujours des phrases comme ça ? se moque-t-elle.

Je sais que je manque de maturité et que je suis têtu, mais, cette fois-ci, je suis persuadé que ce n'est pas entièrement de ma faute.

— Qu'est-ce que tu comptes lui dire ?

— Je sais pas...

Sur ces mots, je me mets à chercher le stylo de ma tablette graphique sur mon bureau désordonné. Je dessine des projets de marketing sans conviction, attendant le fameux moment où M. Conner poussera les portes battantes de l'open space. Le silence règne dans la pièce, sauf pour le cliquetis des aiguilles de l'horloge face à moi. Tic, tac. Des minutes interminables durant lesquelles je me demande ce que je vais bien pouvoir lui dire.

Soudain, les portes s'ouvrent sur M. Conner et la petite femme aux cheveux noirs. Je me redresse et me fige.

*I want him to give me a financial report of the last few months. And I want it now !

Le ton agressif du directeur me fait frissonner.

— Yes, sir* ! répond la femme qui trottine derrière lui.

M. Conner passe derrière moi, il a l'air très remonté. Sa secrétaire personnelle, Sao Ling, acquiesce avant de se mettre à son propre bureau près de la porte du bureau du PDG. Malheureusement pour moi, ce même bureau dispose d'une vitre sans tain qui donne directement vue sur les trois premiers bureaux de l'open space, c'est-à-dire le mien, celui de Margaux et celui d'Élise. Les architectes sont des vicieux. C'est pervers d'observer ses subordonnés sans que ceux-là ne le sachent. Margaux me lance un regard plein d'encouragement avant de me dire :

— Aller, plus t'attends et plus tu vas stresser.

— Mais il avait l'air énervé.

— Tu verras bien, aller !

Elle me fait un signe de main m'obligeant à me lever. Je pose mon stylo et je me dirige vers le bureau de M. Conner. Devant la porte, j'entends Sao, à ma droite, me demander sèchement :

Mister CEO [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant