Chapitre 6

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Le lendemain, Andrew a laissé un mot sur le tableau d'information et il est efficace. Mes collègues se mettent à utiliser Google Chat, mais maintenant, je reçois des gifs intempestifs d'Élise qui m'observe du coin de l'œil, attendant ma réaction. Heureusement qu'elle n'a pas TikTok autrement, je sais sur quoi elle passerait tout son temps...

Je ne croise pas Andrew de toute la journée, ni les jours suivants et, le week-end approchant, je me demande s'il aura bien le temps de venir avec moi à la foire. C'est dommage, j'aurais aimé voir son visage. J'aime la sensation que son regard provoque dans mon bas-ventre. J'aime la façon qu'il a de pincer ses lèvres lorsqu'il tire sur une clope. J'aime sa voix grave, son rire vibrant, son odeur. Je baisse la tête et regarde mon clavier sans cligner des yeux. Je passe mes mains dans mes cheveux. Bordel de merde ! Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Il y a à peine quatre jours, je l'insultais sur un parking et maintenant, je ne peux pas m'empêcher de penser à lui ? J'ai l'impression d'être totalement accro. C'est pas vrai... Il est trop séduisant, et maintenant que je sais qu'il est bi, j'ai l'impression qu'il a ouvert une possibilité à laquelle je n'avais pas réfléchi jusqu'à maintenant. Si je laisse mes pensées s'aventurer plus loin, je ne vais pas tarder à estimer la taille de sa queue et je n'ai pas envie de penser à ça alors que je suis au travail.

Je rentre chez moi, déprimé, et j'ouvre l'application en cherchant notre conversation parmi toutes les nouvelles qui se sont créées en une semaine. Je clique et relis nos derniers messages. J'hésite à annuler le rendez-vous, mais il va me demander autre chose en retour. Je décide de lui envoyer :

Bonjour, êtes-vous toujours dispo pour la foire demain ?

J'espère qu'il me dise qu'il a trop de travail, qu'il ne pourra pas venir. Je sens déjà mon cœur s'emballer en pensant à demain. Même si je sais qu'il ne répondra pas tout de suite, je ne peux pas m'empêcher d'attendre devant mon téléphone, terrifié, mais impatient. Mes yeux se posent sur la chemise Dior et je me lève. Je la sens et soupire, dépité. Elle sent la lessive. Je déballe le parfum et l'arrose avant de sentir de nouveau. Ça sent bon, mais il manque cette odeur de tabac. Je ne vais tout de même pas me mettre à fumer... J'ai déjà l'impression d'être fou à garder ce vêtement et à acheter ce parfum. Merde. Est-ce que je suis cinglé ? Pris d'un regain de conscience, je roule la chemise précipitamment et l'enfonce dans mon armoire avant de ranger le parfum dans le tiroir de ma commode pour oublier ces objets à jamais. Je m'assois sur mon lit et souffle. Deux pigeons se bécotent en roucoulant sous ma fenêtre. C'est ça, moquez vous de moi. Si seulement je pouvais être un pigeon moi aussi, je pourrais m'envoler loin...

Samedi matin, la première chose que je fais, avant même de sortir du lit, est de regarder si Andrew m'a répondu. Non. Je repose mon téléphone et ouvre mon ordinateur pour lancer Netflix. Je regarde une série sans être là et à force de rembobiner toutes les deux secondes, car je n'arrive pas à suivre, j'arrête et me lève pour aller déjeuner puis me doucher. Lorsque je reviens à ma chambre, je fonce sur mon téléphone et mon cœur fait un bond quand je vois la notification.

Bonjour, oui, je t'attends là-bas à dix-huit heures.

Alors ça, je ne m'y attendais pas. Je pensais qu'il avait trop de travail, mais il faut croire qu'il a réussi à trouver du temps pour s'amuser.

J'attends impatiemment M. Conner à l'entrée de la foire et je sens une légère appréhension monter en moi. Il faut que je me calme sinon il va remarquer mon hésitation et va penser que sa révélation me dérange.

Je sens un souffle sur mon oreille et quelqu'un me salue :

— Bonjour Arthur.

Je sursaute et me retourne. Ouah ! Moi qui espérais, un jour, voir M. Conner en habit décontracté, je suis servi. Un t-shirt noir qui épouse ses pectoraux, un jean qui moule ses cuisses et une paire de basket blanche, ça le change ! Même ses cheveux sont décontractés. Quelques mèches brunes lèchent ses sourcils droits. Je souris pour calmer les battements de mon cœur.

Mister CEO [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant