Comme chaque matin, je pousse la porte de mon café préféré et, comme chaque matin, je commande un café au caramel puis un sandwich que je réserve pour le déjeuner. Je m'assois près de la fenêtre et sirote ma boisson en pianotant sur mon téléphone. La journée vient à peine de commencer et je suis déjà submergé de travail. Je lève le nez pour m'étirer la nuque et observer la foule se réveiller avec moi. Deux jeunes filles prennent des selfies en mettant en évidence le logo sur leur boisson. Une femme lit un livre et, à en juger la couverture et ses joues roses, il doit être très intéressant. Je souris. Un homme pianote sur son ordinateur un peu plus loin, trop concentré, il ne prend même pas la peine de lever la tête lorsqu'une serveuse lui apporte sa commande en lui souhaitant une bonne journée. Un autre homme en survêtement fait la queue. Il vient sûrement de faire du sport. Il ne sue même pas ! Quelle injustice. Je ne peux pas monter un escalier sans être en nage. Je ne suis pas gros, mais je ne suis pas athlétique pour autant et, malheureusement, je n'ai ni muscles ni endurance. Devrais-je me mettre au sport ? Je secoue la tête et hausse les épaules. J'ai bien assez à faire avec mon travail, je préfère me reposer dès que j'en ai l'occasion.
Je range mon téléphone et regagne ma voiture, une Série une bleue, mais c'est alors que je vois une horreur ! L'homme qui faisait la queue un peu plus tôt est garé à côté de moi. La porte de son SUV Mercedes est ouverte et il est en train de se changer entre nos deux voitures. Il a enfilé un bas de costume et troque son sweat-shirt pour une chemise. L'horreur ne réside pas dans la vue de ses abdos sculptés, mais plutôt sur sa portière qui touche la mienne et risque de la rayer ! Ma précieuse BMW ! Elle est peut-être vieille, mais j'en prends soin. Je m'approche de l'homme qui sirote maintenant une gorgée de son café. Je lui demande :
— Hé, vous pouvez fermer votre portière, je dois partir.
Je reste calme, s'il s'excuse, on pourra partir chacun de notre côté sans encombre, mais l'inconnu réplique :
— Oui, dès que j'ai fini.
Je dois dire que son accent américain le rend sexy malgré la condescendance avec laquelle il m'a répondu, mais sa voix séduisante n'excuse pas son attitude hautaine. Bon sang, il a une voiture aussi luxueuse et se permet de frotter ses portières partout ! Énervé, je réagis impulsivement et le pousse un peu brusquement, ce qui renverse son café sur sa chemise, puis je ferme sa portière pour entrer dans ma voiture. Je démarre et je sors rapidement du parking. Je l'observe s'énerver dans mon rétroviseur et me demande si je ne suis pas un connard d'avoir réagi comme cela. J'aurais sans doute laissé passer ses actions s'il s'était tout simplement excusé.
J'arrive au travail et je souffle, mécontent. Le directeur du département commercial dans lequel je travaille, Robert Guichard ainsi que le directeur du département financier, Jean-Marc Leblanc sont en train de fumer devant le bâtiment :
— Ils m'ont pris mon bureau, tu sais, pour installer le nouveau directeur général... se plaint M. Guichard.
— Ah ouais ?
— Ouais, je vais devoir aller en open space avec les autres.
— Pas de bol... J'ai entendu dire qu'il a que trente-quatre ans.
— C'est jeune....
— Comparé à tes cinquante-neuf ans, tu veux dire ? C'est sûr que ça remonte à loin, bientôt la retraite le vieux, plaisant M. Leblanc.
— Tu peux pas savoir comment j'ai hâte...
— Ta vieille mine aigrie va me manquer ! Hah !
Je passe devant les deux hommes et lâche un rapide "Bonjour", espérant ne pas me faire remarquer. Raté.
— C'est à cette heure-là que t'arrives, toi ? demande, rhétorique, M. Guichard.
Je regarde ma montre et réponds avec un peu trop d'insolence :
— Je suis pas en retard.
— Oui, mais tu dois être à ton poste à neuf heures, il est huit heures cinquante-huit, le temps de prendre l'ascenseur et tu seras en retard, me reproche-t-il.
Je fronce les sourcils, je suis arrivé dans l'équipe du département commercial il y a deux ans et mon directeur m'insupporte toujours autant. Il est constamment sur mon dos et me reproche le moindre pet dans l'open space. J'acquiesce et me tais avant d'entrer. Si j'ouvre la bouche, je sens que je vais l'insulter. Décidément, ma journée commence mal, si je n'avais pas croisé la route de l'autre gros con au café, je ne me serais pas pris les remarques de mon directeur. Je prends l'ascenseur et monte au quatrième étage. L'étage était déjà rempli de tous mes collègues que je salue avant de prendre mon poste.
Une femme aux cheveux roux s'approche de moi.
— T'as vu, dit-elle en pointant son menton en direction du bureau du directeur, ils ont viré le dirlo de son bureau. Elle ricane. Ils l'ont mis dans l'Open Space, là-bas. Elle pointe l'autre bout de la pièce.
— Ouais, j'ai cru comprendre, il est pas très heureux.
— Ça lui fera les jambes, tiens !
Margaux, charmante femme qui a toujours le sourire et qui aime raconter des blagues pour détendre l'atmosphère. Aujourd'hui, le nouveau président-directeur-général arrive. Un homme sortit tout droit des États-Unis. L'ancien directeur général a pris sa retraite anticipée. Les actionnaires ont spécialement sélectionné le nouveau PDG. Ils souhaitent sûrement être plus impliqués dans l'entreprise. Le nouveau directeur est donc directement implanté au plus près des employés. Ainsi, il aura une vue directe sur tout ce qu'il se passe et pourra faire son rapport aux actionnaires.
— Tout le monde ! Venez par ici, appelle M. Guichard.
Moi-même, mes onze collègues ainsi que la secrétaire de M. Guichard, nous mettons face à lui et l'écoutons parler.
— Comme vous le savez déjà, nous avons un nouveau PDG, et je lui ai chaleureusement laissé mon bureau.
Je cache mon ricanement. Chaleureusement, bien sûr. On sait tous à quel point ne plus avoir son propre bureau l'emmerde. Il ne va plus pouvoir se terrer et faire semblant de travailler à l'abri des regards.
— Il va travailler avec les différents départements et il est là pour améliorer l'entreprise donc n'hésitez pas à lui faire part de vos remarques, ajoute-t-il.
Sur ces mots, la porte du couloir s'ouvre subitement sur un homme que je reconnais instantanément. Je prend Margaux par les épaules et me cache derrière elle discrètement.
— Tu fais quoi ? chuchote-t-elle, surprise et amusée.
— Shhh, tais-toi... je réponds, paniqué.
En effet, j'ai de quoi m'affoler. L'homme qui vient d'entrer, accompagné d'une secrétaire au chignon serré, n'est autre que l'homme avec lequel j'ai eu un petit différend sur le parking un peu plus tôt. Sa chemise blanche porte encore les éclaboussures de café, témoin de notre rencontre. Cela se voit qu'il a essayé de frotter avec de l'eau, en vain. Je suis certain que tous mes collègues pensent que ce nouveau PDG manque de professionnalisme. Je me mord la lèvre nerveusement.
— Tout le monde, je vous présente Andrew Conner.
Et merde...
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Mister CEO [MxM]
Romansa[HISTOIRE TERMINÉE - En correction] Comme chaque matin, Arthur commande son café préféré et comme chaque matin, il arrive au travail de bonne humeur, mais que se passe-t-il lorsqu'un inconnu vient gâcher son petit rituel ? Voici une novella à la pre...